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République tchèque : la chute de Topolanek inquiète les Européens

Coup dur pour la présidence du Conseil de l’Union européenne. Mardi 24 mars, une majorité des députés tchèques a approuvé à Prague une motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre libéral Mirek Topolanek. Si cette décision implique avant tout des conséquences internes, elle laisse également planer le doute sur la poursuite de la présidence tchèque et la ratification du traité de Lisbonne.

Mirek Topolanek quitte le gouvernement tchèque …

Mirek Topolanek

Ingénieur et homme d’affaire, il a été secrétaire général du Parti démocrate ODS, le principal parti de la droite tchèque. Il a été nommé président du gouvernement le 16 août 2006, par le président Václav Klaus, qui l’a précédé à la tête d’ODS.
Mardi 24 mars, les députés tchèques ont été appelés à se prononcer sur une motion de censure contre le gouvernement en place en République tchèque, mené par le Premier ministre Mirek Topolanek.

Et le résultat du vote fut sans appel : la motion de censure a recueilli les 101 voix nécessaires au sein d’une chambre basse de 200 sièges, quatre députés dissidents issus de la coalition ayant voté pour la chute du cabinet ébranlé par plusieurs scandales.

La conséquence de ce vote est la chute du gouvernement. Comme l’a expliqué Mirek Topolanek, il devra agir “conformément à la Constitution” tchèque, et donc présenter sa démission, même si aucun délai n’est fixé par les textes.

Le gouvernement en place a déjà survécu par le passé à quatre votes de défiance depuis sa formation en janvier 2007. Mais dernièrement, il ne reposait plus que sur 96 des 200 députés de la chambre basse et dépendait du bon vouloir des députés indépendants à chaque vote.

Mardi, deux ex-députés du parti ODS de Mirek Topolanek, Vlastimil Tlusty et Jan Schwippel et deux députées récemment exclues du parti des Verts, Vera Jakubkova et Olga Zubova, ont finalement voté avec l’opposition.

Désormais, deux options s’ouvrent à la République tchèque : soit le chef de l’Etat nomme un Premier ministre pour former un nouveau gouvernement, soit les principaux partis du pays s’entendent sur l’organisation de législatives anticipées.

… mais pas la présidence du Conseil de l’Union européenne

Le coup de théâtre tchèque ne laisse pas indifférent les Européens. On peut même dire qu’il embarrasse fortement l’Union européenne.

En effet, la République tchèque assure actuellement, depuis le 1er janvier dernier, la présidence du Conseil de l’UE. Or, c’est Mirek Topolanek lui-même qui représente l’Etat membre au sein des instances européennes.

Dès lors, quelles conséquences va avoir sa démission sur la poursuite du mandat tchèque ? La présidence tchèque de l’UE a été critiquée à plusieurs reprises pour son manque d’ambition, alors que l’Europe doit faire face à la crise financière et tente de s’affirmer sur la scène internationale, notamment face aux Etats Unis.

De plus, le très eurosceptique Vaclav Klaus est depuis longtemps dans la ligne de mire de ses partenaires européens.

Pourtant, la République tchèque s’est voulue, au lendemain du vote de la motion de censure, rassurante. Elle a certifié aux autres Etats membres que cet événement ne viendrait en rien perturber la présidence de l’UE.

En effet, si la démission de M. Topolanek est inévitable, aucune date ne lui est imposée. Ainsi, il a été convenu que le Premier ministre tchèque resterait en poste jusqu’au 30 juin prochain afin de mener à bien les six mois de présidence du Conseil de l’UE.


Ratification du traité de Lisbonne : un pas en avant, deux pas en arrière

Ratifications du traité de Lisbonne

A l’heure actuelle, 25 Etats membres de l’UE ont ratifié le traité de Lisbonne.

Voir la carte des ratifications
L’inquiétude des 26 partenaires européens de la République tchèque porte également sur la ratification du traité de Lisbonne. Et elle est, pour le coup, plus que justifiée.

En effet, bien que le traité ait été validé par le Parlement tchèque, il doit encore être examiné par le Sénat.

La République tchèque est donc le seul Etat membre a ne pas avoir achevé le processus de ratification parlementaire, l’Irlande ayant opté pour le recours au référendum.

Le vote du Sénat est prévu en avril, mais le vice-premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Alexandr Vondra, s’est montré pessimiste lors d’une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg. “Cela ne va pas être facile” , a-t-il déclaré.

L’Union européenne craint notamment des élections anticipées qui repousseraient ce vote. Alexandr Vondra a assuré que “la République tchèque se comportera de manière responsable, le gouvernement a signé le traité et il est dans son intérêt d’achever le processus de ratification” . Il a cependant ajouté qu’ “il va être beaucoup plus difficile de convaincre les gens” au Sénat.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a exhorté les responsables politiques tchèques à ne pas torpiller les efforts réalisés ces dernières années par les autres Etats membres.

Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen, a quant à lui évoqué la “tragédie” que constituerait un refus tchèque du traité de Lisbonne .

Sources

Réaction de Mirek Topolánek à la motion de censure votée contre son gouvernement - Présidence tchèque de l’Union européenne

En savoir plus

La présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne
Carte : état des ratifications du traité de Lisbonne

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