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Renaud Dehousse s’interroge sur l’avenir de l’Europe

La fin de l'Europe - © Flammarion, 2006L’Europe est-elle morte le 29 mai 2005, avec le “non” français au référendum sur la Constitution ? C’est ce que pourrait laisser croire le titre volontiers provocateur du dernier ouvrage de Renaud Dehousse, directeur du Centre d’études européennes de Sciences-Po. La lecture de cet essai vivifiant invite pourtant à penser le contraire.

L’auteur s’attache à démontrer que le projet de Constitution, qui a suscité tant de débats, était en réalité une fausse bonne idée pour sortir l’Europe d’une “crise” bien plus ancienne. Pour lui, le texte présenté aux Français n’avait en soi rien de révolutionnaire. Il était surtout symptomatique d’une orientation de la construction européenne depuis une dizaine d’années : l’importance prise par la réflexion sur la meilleure forme d’organisation politique possible, au détriment des projets communs.

Or, selon Renaud Dehousse, cette question est secondaire. Par sa nature et son histoire, l’Union européenne a pour principal objectif de fabriquer des politiques communes, en favorisant le consensus entre ses Etats membres. Il est pour le moment illusoire de vouloir la transformer en une sorte de grand Etat marqué par des clivages politiques traditionnels de type droite/gauche ; les intérêts de ses composantes sont bien trop divers pour cela.

Pour autant, la place des citoyens dans ce dispositif politique singulier ne saurait être négligée. Ceux-ci ont manifesté à l’occasion du référendum une “réelle volonté d’appropriation des enjeux européens” . L’auteur s’en réjouit et invite les dirigeants de l’Union à répondre à ces attentes, au risque d’aggraver la “crise de légitimité sociale” dont souffre aujourd’hui l’Europe.

Pour un retour à des projets concrets

Le référendum sur la Constitution l’a montré : la plupart des citoyens n’ont que faire des réformes institutionnelles et attendent de l’Union européenne des réponses à des préoccupations concrètes. En Europe, “le vouloir vivre ensemble est une affaire de projets plus que d’institutions” . Renaud Dehousse plaide pour un retour à la méthode fonctionnaliste chère aux Monnet et Delors, selon laquelle les projets comptent davantage que les institutions qui les portent.

Par la force des choses, cette méthode pourrait être réhabilitée dans les années à venir. L’auteur estime en effet que nous sommes entrés dans une période similaire à celle qu’a connue la construction européenne entre 1973 et 1985, faute de grand projet mobilisateur. Contrairement aux idées reçues, ces années d’ “eurosclérose” n’ont pas constitué pour la Communauté une période d’inactivité totale ; elle en a profité pour poser les bases du système monétaire européen, mettre en œuvre les premiers programmes d’action en matière d’environnement, définir une politique régionale, etc.

L’Union européenne doit aujourd’hui développer des politiques qui tiennent compte des attentes des citoyens, notamment en termes de sécurité. Elle “doit afficher clairement son intention d’offrir un niveau de protection élevé dans des domaines aussi divers que la lutte contre l’exclusion sociale, la politique de l’immigration ou la santé publique” . Une tâche certes ambitieuse, mais dont dépend en grande partie l’avenir d’une Europe toujours en mouvement.

Renaud Dehousse, La Fin de l’Europe, Flammarion, 2005

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