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Regain de l’euroscepticisme en Grande-Bretagne

Le parlement britannique a rejeté hier par une majorité écrasante (483 sur 650) la tenue d’un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne.Bien que ce vote soit purement consultatif et que la motion ait été refusée, cela reflète le mal être d’une grande partie des britanniques au sein de l’UE.

Un référendum sur la sortie de l’Union européenne

Si la motion avait été retenue par le parlement britannique, le référendum quant au maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE aurait eu lieu en mai 2013. Trois possibilités se seraient offertes aux citoyens : le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’UE dans la configuration actuelle, la sortie ou la renégociation des relations débouchant sur des liens plus distendus, axés sur le “commerce et la coopération” .

En cas de la tenue d’un tel référendum (souhaitée par 70 % des électeurs britanniques selon certains sondages), 49 % d’entre-eux se seraient prononcés pour la sortie de la Grande-Bretagne, contre 40 % qui souhaiteraient rester membres de l’Union, selon un sondage publié par le Guardian.

Une rébellion massive des députés conservateurs

David Cameron fait face à des critiques acerbes dans les rangs des députés conservateurs.
Parmi les 111 membres du parlement britannique favorables à la tenue d’un référendum, figurent 82 députés conservateurs (soit un sur quatre). Ces derniers avaient annoncés leur détermination à ignorer les consignes de vote du chef du gouvernement, qui menaçait de prendre des sanctions en cas de résultat favorable à la motion. L’opposition travailliste était hostile à la tenue d’un tel référendum, tout comme les libéraux-démocrates, parti europhile allié des conservateurs au sein de la coalition au pouvoir.

La colère monte au sein des députés conservateurs, comme en témoigne la déclaration du député Philip Davies, pour qui “l’avenir de la Grande-Bretagne réside dans les pays émergents tels la Chine, l’Inde et les nations d’Amérique latine” , pas dans “l’UE rétrograde” qui promeut “le business inefficace et les fermiers français” .

Ce à quoi David Cameron a rétorqué que “[Notre] intérêt national est d’être dans l’UE, d’aider à déterminer les règles qui régissent le marché unique, notre plus gros marché pour les exportations puisqu’il absorbe 50% de nos exportations” , avant d’ajouter “Quand la maison de votre voisin est en feu, votre premier réflexe est d’aider à éteindre l’incendie, au moins pour éviter que les flammes n’atteignent votre propre maison.”

David Cameron mis à mal

Le Premier ministre, au pouvoir depuis 17 mois, ressort donc affaibli du vote qui s’est tenu hier. C’est pourquoi il a rappelé avoir mis en place “un verrou législatif” rendant obligatoire le recours à un référendum à chaque future possibilité d’abandon de prérogatives au profit de Bruxelles. Il a enfin réitéré sa promesse de “rapatrier des pouvoirs” , en matière de législation sociale et sur l’emploi notamment.

Des tensions franco-britanniques

Le Premier ministre rencontre également des difficultés dans ses relations avec certains dirigeants des pays de la zone euro.
La couverture de laine rose tissée dans sa circonscription qu’il a offerte pour la naissance de la fille du président français lors du sommet de dimanche, n’a pas empêché l’échange de propos virulents entre les deux hommes.

Selon la presse Britannique, Nicolas Sarkozy aurait déclaré à David Cameron qu’il “en avait assez de l’entendre dire ce que nous avons à faire” .
Mais c’est surtout le “shut up” du Président français (“You have lost a good opportunity to shut up” - “Vous avez perdu une bonne occasion de vous taire”) prononcé en réponse aux critiques de M. Cameron, qui a marqué les esprits.
La divergence d’intérêts entre la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France laisse donc présager des difficultés pour résoudre la crise de la zone euro.

Une Europe à deux vitesses ?

Les Britanniques ne sont toutefois pas isolés dans leur mécontentement face à la situation actuelle. La Pologne et la Suède supportent aussi de moins en moins ces réunions des pays de la zone euro, et protestent contre la volonté des États utilisant la monnaie commune de prendre des décisions sans les consulter.

Les dix Etats ayant conservés leur monnaie nationale s’estiment lésés par ces prises de “décisions sans consulter les autres” pour faire face à la “crise de la zone euro [qui] affecte toutes nos économies, y compris celle du Royaume-Uni, comme l’a déclaré le Premier ministre britannique.

David Cameron a ainsi exigé et obtenu que la réunion qui se tiendra mercredi à Bruxelles, décisive pour la zone euro et l’Union européenne en générale, se déroule aussi en présence des 10 pays qui ont conservé leur monnaie nationale.

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