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Questions-Réponses sur la crise de l’Euro

La crise de l’Euro vécue aujourd’hui au travers de la crise grecque suscite beaucoup d’interrogations. Touteleurope.fr vous propose un Questions-Réponses sur les thèmes de parité euro-dollar, exclusion de la Grèce, souveraineté nationale budgétaire…

L’Euro peut-il réellement disparaître ?

L’Euro est une création politique. Pour que ce soit la fin de la monnaie unique, il faudrait que les pays membres de la zone euro trouvent une solution de rechange. Même avec un retour à des monnaies “nationales” , les économies sont tellement liées aujourd’hui grâce au marché intérieur que les fluctuations des uns affectent les autres.

Comme Angela Merkel l’a résumé, “si l’Euro vient à échouer, l’Europe échouera” . Il s’agirait là encore d’une décision politique. Même si le Conseil européen a réagi avec retard, l’annonce des 750 milliards d’Euros alloués à la Grèce a été unanimement saluée tant à droite qu’à gauche. Cette décision montre, tout comme celle liée à la crise de 2008, que les Etats sont politiquement prêts à s’engager en faveur de la monnaie unique.

Un retour au Franc ne serait-il pas préférable ?

Quitter l’Euro pourrait être un moyen de retrouver une totale souveraineté économique puisque la France pourrait “jouer” de sa monnaie en fonction de ses besoins. Par exemple, elle pourrait dévaluer sa monnaie (à savoir réduire la valeur de la monnaie nationale par rapport aux autres monnaies). Jusqu’à la fin des années 70, notre pays a réalisé plusieurs “dévaluations compétitives” afin de restaurer sa compétitivité et de conduire une politique économique relativement autonome. Cette pratique a plutôt échoué, notamment en raison de l’interdépendance grandissante des économies européennes.

Avec un retour au franc, la France ne serait plus protégée par la puissance économique de la zone euro.
D’une part, elle aurait bien plus de mal à assurer une certaine stabilité face à l’inflation (l’augmentation du niveau général des prix) : la lutte contre l’inflation était un sujet permanent d’inquiétudes avant l’arrivée de l’euro.
D’autre part, les décisions politiques pourraient avoir un impact sur le cours de la monnaie. Par exemple en 2003, lorsque la France disait “non” aux Etats-Unis pour les suivre sans mandat de l’ONU dans une guerre contre l’Irak, le franc aurait subi de fortes attaques sur les marchés de la part de spéculateurs.

Enfin, la taille de la zone économique de l’euro a permis jusqu’à présent à la France d’être protégée des grandes variations économiques sur le marché mondial. Que cela soient les crises asiatiques ou la crise financière, la stabilité de la zone euro a permis d’atténuer fortement les soubresauts de l’économie mondiale pour les citoyens européens.

Est-ce que l’Euro peut descendre en dessous du Dollar ?

Le niveau de l’Euro par rapport au Dollar a déjà été en dessous de la parité, à savoir 1 euro pour 1 dollar. Le 26 octobre 2000, la monnaie unique a atteint son niveau le plus bas à 0,82 $ alors qu’elle n’était pas encore en circulation. Lors de ses premières années dans les porte-monnaies européens, l’euro a déjà évolué sous la parité. Mais aujourd’hui, les économistes s’accordent pour définir l’euro comme une monnaie “forte” .

Pourquoi l’euro baisse-t-il face au dollar ?

La monnaie unique a perdu 19% de sa valeur depuis décembre 2009. Cela a commencé au moment où est apparu le risque que la Grèce soit dans l’incapacité d’honorer ses dettes. Les tergiversations entre pays de la zone Euro ont augmenté les inquiétudes des marchés, d’autant plus qu’un risque de contamination à d’autres pays était présent (Portugal, Espagne, Irlande et Italie).

Malgré l’annonce de 750 milliards d’euros d’aide alloués à la Grèce, les marchés attendent de nouveaux signes de la part de l’Union européenne pour avoir des garanties pour le futur pour qu’un tel cataclysme ne survienne plus.

Un autre phénomène est à prendre en compte : actuellement, il vaut mieux miser sur le Dollar, qui est la monnaie qui monte, de la même manière qu’il était avantageux pour un touriste européen d’acheter certains produits aux Etats-Unis quand l’Euro était à plus de 1,60 $ l’année dernière.

Enfin, les perspectives de croissance ne sont pas bonnes en Europe. L’annonce de plans de rigueur n’encourage pas les investisseurs à penser que la croissance sera importante.


La France va-t-elle perdre totalement le contrôle sur son budget ?

Tout d’abord, la décision de contrôler les budgets sera discutée prochainement avec l’aval du Conseil des ministres des Finances… et donc par la France. C’est donc la France qui pourrait décider souverainement de ce contrôle à un niveau européen.

Si l’Union européenne contrôle les budgets, cela ne sera pas pour dire à la France de réduire son budget à un endroit et de l’augmenter à un autre. Le but affiché par la Commission européenne est d’éviter qu’un cas comme la Grèce ne puisse recommencer.

La proposition est de soumettre à partir de 2011 les projets de budget des Etats à un examen européen, avant même qu’ils ne passent devant les Parlements nationaux. Ce n’est pas la répartition des dépenses et des recettes qui est visée, mais le niveau de déficit d’un pays.


Pourquoi la Commission européenne propose-t-elle de contrôler les budgets des pays de l’Union européenne ?

La crise grecque a été un révélateur. Au-delà de la diversité des situations fiscales en Europe, les contrôles sur les budgets nationaux présentés étaient limités. La Grèce a pu vivre longtemps au-dessus de ses moyens sur des chiffres qui étaient faux.

Lorsque le nouveau Premier Ministre grec, Georges Papandréou, a pris en main les comptes, il a été obligé d’annoncer que le déficit public n’était pas de 6% du PIB, mais de 12,9% avec une dette publique à 115% du PIB, alors que la limite fixée par Bruxelles est de 60%.

Cette nouvelle a déstabilisé les marchés qui risquent de ne plus avoir confiance dans l’Euro. En plus des moyens financiers à trouver pour renflouer la Grèce, il faut donner des garanties aux investisseurs que cette situation ne se reproduira plus.

Le but de cette proposition est donc de rassurer les marchés dans le futur sur la solidité de la zone Euro.


Pourquoi faire payer la Grèce et pas les banques ?

Comme le souligne l’eurodéputée Pervenche Berès (S&D), les contre-parties demandées à la Grèce dans l’aide qui lui est accordée sont beaucoup plus contrôlées que ce qui avait été proposé aux banques lors de la crise de 2008.

Les contrôles sont accrus car la situation réelle de la Grèce vient juste d’être découverte et elle est catastrophique. Pour les banques, seules certaines parties de leurs activités posaient problème. Leur activité de base semblait saine avec des capacités financières importantes. Elles ont d’ailleurs remboursé très rapidement l’argent qui leur avait été prêté. La capacité de remboursement pour la Grèce n’est quant à elle pas assurée.

Par ailleurs, la découverte de la situation grecque a provoqué un problème politique. Certains pays, l’Allemagne en tête, ne veulent pas payer pour un Etat qui n’aura pas été aussi vertueux qu’eux. Ces pays sanctionnent ainsi la Grèce pour son comportement de cigale, afin d’éviter qu’un autre Etat ne soit tenté de se dire que les fourmis finiront de toutes façons par payer.


Pourquoi l’Allemagne ne veut-elle pas aider la Grèce ?

Lorsque la monnaie unique a été mise en place, les Allemands ont accepté d’abandonner leur monnaie de l’époque, le Mark. Leur monnaie était forte et stable car les différents gouvernements allemands faisaient attention à ne pas créer de déficits. Ce fut un geste fort qui a permis la mise en place de la monnaie unique.

Avec l’arrivée de l’Euro, l’Allemagne a continué à faire des efforts, notamment pour respecter le pacte de stabilité avec un déficit du budget national inférieur à 3%. Même si elle ne l’a pas forcément respecté ces dernières années, l’opinion publique allemande a l’impression d’être vertueuse. Elle ne veut donc pas payer pour les mauvais élèves.

Il y a également une peur sous-jacente que ce type de déséquilibre entre pays vertueux et pays mal gérés perdure. L’Allemagne ne veut pas pâtir économiquement de la gestion déficitaire des autres pays.

L’Allemagne a fini par aider la Grèce aujourd’hui après avoir reçu des garanties de la part de ses partenaires européens.


Faut-il exclure la Grèce de l’Euro ?

Exclure un pays de l’Euro voudrait dire qu’il revienne à sa monnaie nationale (pour la Grèce, il s’agissait du drachme). Si l’idée peut sembler bonne pour stopper radicalement la crise monétaire que vit la zone euro, elle entrainerait des conséquences qui seraient être très négatives.

D’abord, vis-à-vis des marchés, cela crérait une certaine instabilité puisqu’aucun pays ne serait à l’abri dans le futur d’une exclusion de la zone euro. Ensuite, le coût du retrait des euros grecs et de la ré-introduction du drachme serait très important. Enfin, l’image de l’Union européenne en serait fortement dégradée.

Autre moyen proposé par l’eurodéputé Alain Lamassoure (PPE) : “on peut prévoir un statut de l’Etat “en situation de défaut” , à savoir de faillite. Si on avait eu une disposition de ce genre dans le traité, après tout, on aurait pu laisser la Grèce faire faillite sans que cela menace d’autres Etats membres ou à plus forte raison la zone euro toute entière.”


Comment marche le plan d’aide européen à la Grèce ?

Dans la nuit du 9 au 10 mai 2010, les dirigeants européens ont arrêté un plan de grande ampleur, d’un montant de 750 milliards d’euros. Ce dispositif hybride, à la fois communautaire et intergouvernemental, comporte deux volets :

D’une part, la création d’un fonds communautaire de soutien pour la zone euro (60 milliards d’euros). Sorte de FMI européen à taille réduite, ce fonds autorise la Commission européenne à prêter en son nom de l’argent aux pays en difficulté. Alimenté par des emprunts au nom de la Commission et garantis par les Etats membres ainsi que par des marges dans le budget communautaire, il complète un fonds déjà existant de 50 milliards d’euros mais destiné aux seuls pays européens hors zone euro (6,5 milliards d’euros avaient été utilisés en 2008 pour aider la Hongrie).

D’autre part, l’octroi de prêts de la part des Etats membres les plus solides financièrement (440 milliards d’euros maximum). La contribution totale de la France au fonds d’urgence devrait avoisiner les 85 milliards d’euros. Ceux-ci pourront garantir les emprunts des États les plus fragiles ou leur accorder des prêts bilatéraux.

A cette enveloppe européenne de 500 milliards d’euros pourront s’ajouter 250 milliards d’euros du FMI, afin d’atteindre une somme globale de 750 milliards d’euros.


Qu’est-ce qui changera à l’avenir pour prévenir d’autres crises ?

La crise grecque aura mis en lumière certains dysfonctionnements de l’Union européenne par rapport à sa gestion de l’Euro. Les mécanismes désormais en place empêcheront d’attendre trop longtemps pour aider un Etat en difficulté. Les Etats ont aussi l’expérience d’avoir un des membres de la zone euro qui aura été chahuté et sauront dorénavant percevoir immédiatement les signes de faiblesse d’un des membres de la zone euro.

Cette crise a donc permis aux partenaires européens de lever certains tabous comme le démontre l’eurodéputé Alain Lamassoure (PPE) : “jusqu’à présent il y avait une sorte de tabou qui empêchait l’Union européenne d’emprunter. Elle avait son budget avec des dépenses qui devaient obligatoirement être équilibrées par des recettes. L’Union n’avait pas le droit d’emprunter un seul euro. Désormais, elle pourra constituer un fonds financé par des emprunts contractés par la Commission européenne au nom de l’Union sur les marchés financiers en vue de re-prêter à des Etats membres si ceux si rencontrent des problèmes du même type que ceux qu’a rencontrés la Grèce. Si l’Union peut emprunter pour aider certains de ses membres mal gérés, elle est capable d’emprunter pour financer des investissements porteurs d’avenir dans des Etats membres bien gérés aussi. Donc ce sont des innovations qui peuvent être riches de développements futurs.”

Enfin, la zone euro a prouvé sa stabilité malgré la forte tempête interne. La solidarité entre pays est maintenue. Les spéculateurs savent que la zone euro n’est pas un colosse aux pieds d’argiles.

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