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Présidence polonaise du Conseil : un bilan respectable

Alors que la Pologne achève dans quelques jours sa présidence du Conseil de l’Union européenne, le Parlement européen tentera mercredi 14 décembre de dresser un bilan de son action. Sans préjuger des débats au sein de l’hémicycle, Toute l’Europe revient sur six mois de gestion des dossiers européens.

Une fonction en retrait

Mercredi 14 décembre, le chef du gouvernement polonais Donald Tusk présentera aux députés européens réunis en plénière le bilan de la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne.

Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne fin 2009, dresser un bilan de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne n’est pas chose aisée. Outre le tapage ayant accompagné les débuts de la présidence hongroise pour cause de loi liberticide sur les médias, la fonction se veut désormais relativement discrète, voire cantonnée à une dimension de coordination.

Comme en témoigne la création d’un poste de président stable du Conseil européen, actuellement occupé par Herman Van Rompuy, ainsi que la profusion des Conseils européens ce derniers mois, de plus en plus de décisions importantes relevant de l’intergouvernemental sont négociées en coulisses et non dans le cadre institutionnel du Conseil des ministres.

Un agenda partiellement assumé

Néanmoins, la présidence polonaise qui a débuté le 1er juillet 2011 a été marquée par plusieurs événements : certains conformes à ses priorités et ses intérêts, d’autres moins. Il en est ainsi de la coordination économique et des mesures contre la crise : la Pologne n’étant pas membre de la zone euro, elle s’est trouvée plus ou moins mise à l’écart des négociations menées par le couple franco-allemand. Le pays a tout de même permis l’adoption du “six-pack” sur la gouvernance économique, en parvenant à établir un compromis avec le Parlement européen, qui en avait refusé sa première version.

Le rôle de la présidence dans la gestion des conséquences du printemps arabe semble avoir été également limité. Peu orientée vers la Méditerranée pour des raisons géographiques évidentes, Varsovie n’a pu que subir la désunion des Européens à propos de l’intervention en Libye, même si des sanctions contre le régime syrien ainsi qu’un soutien à la transition démocratique en Afrique du Nord ont été décidés dans le cadre du Conseil. Quant aux conséquences des révolutions sur la gestion des migrations, elle s’est attelée, non sans succès toutefois, à l’agenda imposé par la France et l’Italie visant à réformer l’espace Schengen, tout en avançant sur le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Union (via Frontex notamment).

Difficile conquête de l’Est

Plus tournée vers l’Est, l’une des grandes priorités polonaises était l’approfondissement du partenariat oriental, avec pour objectif de long terme la création d’un espace de libre-échange avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et la Biélorussie. Le sommet de Varsovie des 29 et 30 septembre, qui devait être le point d’orgue de ce processus, s’est révélé un échec : les partenaires ont refusé de signer une déclaration condamnant la dégradation des droits de l’Homme en Ukraine et en Biélorussie, cette dernière ayant d’ailleurs décidé de ne pas assister au sommet. La Pologne a par ailleurs fait pression pour poursuivre, malgré la condamnation de l’ex Premier ministre Ioulia Timochenko qualifiée de “politique” par l’UE, le rapprochement avec l’Ukraine.

Le pays peut cependant se féliciter d’avoir recueilli la signature d’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, l’entrée effective de ce 28e membre étant prévue pour 2013. Du côté turc, ses espoirs ont à l’inverse été douchés, aucun nouveau chapitre de négociations n’ayant été ouvert. Le processus d’élargissement est également en veille en ce qui concerne la Serbie.

Avancées sur le budget, blocages sur l’environnement

Les discussions sur le Budget 2014-2020 et l’avenir des grandes politiques européennes telles la PAC, ont été bien entamées, mais un compromis entre Etats membres sur ces sujets semble encore lointain : la tâche sera réservée à la future présidence danoise.

Sur les questions environnementales et de changement climatique enfin, on peut attendre de cette dernière qu’elle adopte une toute autre ligne de conduite : la Pologne, qui dépend énormément des énergies fossiles, bloque régulièrement les négociations en faveur des réductions d’émissions de CO2. Autant dire que l’Europe a préféré se passer de ses services lors du Sommet de Durban qui vient de s’achever…

Si la Pologne n’a pas nécessairement été au centre de la scène ces derniers mois, elle a semble-t-il gagné en respectabilité au sein de l’Union. Ayant su conduire sans fracas la plupart des dossiers dont elle s’est vu confier la charge, tout en montrant à ses partenaires qu’elle savait gérer les affaires nationales et maintenir la croissance (4% en 2011), l’équipe gouvernementale arrivée en 2007 et reconduite en octobre dernier a engagé le pays dans une voie véritablement pro-européenne, par ailleurs moins tournée vers les Etats-Unis (et plus vers la Russie) que par le passé. L’influence polonaise au sein de l’UE ne peut qu’en être accrue à l’avenir.

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