Résumant le débat sur la politique monétaire européenne initié cet hiver par plusieurs responsables politiques français, Laurence Boone, chef économiste France chez Barclays Capital, dénombre trois propositions distinctes : “changer les statuts de la BCE, dans le but avoué de réduire son indépendance, donner moins de poids à l’objectif de stabilité des prix pour en accorder plus à l’emploi et à la croissance, et enfin améliorer le dialogue entre l’Eurogroupe (…) et la BCE” .
Si la première de ces propositions paraît “irréaliste” car “l’indépendance de la BCE est gravée dans le marbre du Traité” , rien n’empêcherait les gouvernements d’influencer la politique monétaire “au travers de la définition de la stabilité des prix” , une notion qui n’est précisée nulle part dans les textes. Pour l’auteur, la politique monétaire pourrait y gagner “une plus grande légitimité démocratique” . Par ailleurs, “si la BCE est responsable de la conduite des opérations de change, le Traité permet aux ministres des finances de fixer les orientations de cette politique” . L’auteur est plus sceptique quant aux effets d’un renforcement du dialogue entre la BCE et l’Eurogroupe, “qui est loin d’avoir fait ses preuves dans son objectif de prédilection, la discipline budgétaire” .
Pour Laurence Boone, s’il paraît déraisonnable d’affirmer que les gouvernements peuvent donner des “inflexions significatives” à la politique monétaire, ceux-ci pourraient au moins, s’ils en exprimaient la volonté commune, “fournir des lignes directrices” sur le taux de change et redéfinir l’objectif de stabilité des prix.
Laurence Boone, “Comment changer quelque chose à la politique monétaire ?” , Telos, janvier 2007