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Philippe Perchoc : “Rappeler que ‘l’Europe, c’est la paix’ ne suffit plus !”

A l’approche des élections européennes, de nombreux citoyens s’interrogent sur l’utilité d’aller voter. Afin de sensibiliser l’opinion publique à cet événement, Touteleurope interroge des personnalités sur leur rapport aux prochaines élections européennes : iront-elles ou non voter le 7 juin ? Dans ce cadre, nous avons rencontré le président de Nouvelle Europe, Philippe Perchoc, qui rappelle la nécessité pour l’Europe de définir un grand projet qui mobilise ses citoyens et insite sur le rôle des eurodéputés dans les législations nationales.

Pourquoi irez-vous/n’irez-vous pas voter aux élections européennes en juin prochain ?

Je fais partie de la génération de ceux qui n’ont jamais connu les frontières, de ceux pour qui la paix semble naturelle et qui n’ont même pas fait leur service militaire. On parle parfois de “génération Erasmus” , qui comme lui vit et étudie dans plusieurs pays. C’est la preuve que cette période de paix et de mobilité n’est pas unique dans l’histoire du continent ; ce qui est unique, c’est qu’elle dure. Au final, l’Europe est peut-être victime de son succès, et ce qui nous semble naturel ne l’est pas, si bien que les Européens s’en désintéressent et votent de moins en moins.

L’Europe a accompli son grand projet et elle doit maintenant s’en trouver un autre, pour mobiliser ses citoyens. Rappeler que “l’Europe, c’est la paix” ne suffit plus ! Les défis ne manquent pas : justice sociale sur le continent et entre les continents, urgence écologique, transition énergétique… c’est-à-dire “quelle solidarité pour quelle planète demain ?” Qui n’a pas envie de donner son avis ? Nous sommes plus nombreux que les Américains, nous avons l’économie la plus prospère, nous sommes les plus sensibles au réchauffement de la planète, notre responsabilité est immense ! Si nous ne faisons rien, je ne pourrai pas dire à mes enfants que “l’Europe, c’est la paix” . Celle-ci ne sera plus possible.

L’Europe peut paraître compliquée, mais elle s’occupe de ce qui est essentiel. Sans maîtriser toutes les subtilités du règlement parlementaire en France, je vote pour des hommes et des femmes qui opèrent en mon nom des choix de société. Pour l’Europe, c’est la même chose. Et quand presque 80% des règles de la vie en commun dans mon pays se décident au niveau européen, j’entends bien savoir qui va m’y représenter.

Les entreprises qui envoient des collaborateurs à Bruxelles pour convaincre les institutions européennes d’écouter leurs demandes ont bien compris où se prenaient les décisions. Les citoyens n’en ont pas encore tout à fait conscience, notamment parce que nos politiques nationaux continuent d’utiliser l’Europe comme un parapluie : ce qui marche vient de Berlin, de Paris, de Londres, ce qui ne marche pas vient de Bruxelles. C’est un mensonge. Et c’est bien là une raison pour voter : je veux que le Parlement soit encore plus actif pour mettre les gouvernements et la Commission européenne devant leurs responsabilités et m’assurer que l’Europe est plus démocratique !

D’autant que mes eurodéputés ne vont pas seulement décider des lois de demain, de la régulation financière, de la solidarité entre les Régions ou des règles relatives aux migrations. Ils vont aussi décider de l’homme ou de la femme qui sera le prochain président de la Commission européenne, l’institution qui lance les idées… Et je voudrais bien qu’il ou qu’elle soit de ma couleur politique ! L’année 2008 a montré que l’échelon européen était le plus pertinent pour régler la crise que nous connaissons, et je tiens à ce que ma voix soit entendue.

Philippe Perchoc est Doctorant au Centre d’études européennes de Sciences-Po et président de Nouvelle Europe (www.nouvelle-europe.eu), un groupe de réflexion sur l’Europe. Le projet, né en 2004, est porté par 25 jeu­nes Européens de 10 nationalités. Ils se sont réunis autour de l’idée que la réunification européenne est encore devant nous.

Retrouvez la tribune de Philippe Perchoc sur Metro.fr

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