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OTAN : tensions autour des budgets de défense des Européens

Les dépenses de défense des pays de l’OTAN sont en discussion au sommet annuel de l’Alliance des 11 et 12 juillet 2018 à Bruxelles. Sur place, les échanges sont tendus entre le président américain Donald Trump et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, le 11 juillet 2018
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, le 11 juillet 2018 - Crédits : Morteza Behboudi

A son arrivée à Bruxelles, mercredi 11 juillet 2018, le président américain Donald Trump a donné le ton. Dès sa première déclaration publique, le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité, pour tous les Etats membres de l’Alliance, d’atteindre les 2% du PIB pour les dépenses publiques dédiées à la sécurité et à la défense.

En amont du sommet, Donald Trump avait envoyé une lettre comminatoire à sept “mauvais élèves” de l’UE membres de l’OTAN. Parmi eux, entre autres : la Belgique, l’Espagne et l’Italie. Objectif : accroître la pression sur ces nations pour qu’elles tiennent cet engagement pris en 2006.

L’Allemagne pointée du doigt

L’Allemagne en particulier est la cible de la vindicte du chef d’Etat américain. De fait, le pays reste loin du compte et s’il prévoit d’accroître ses efforts, le seuil des 2% paraît pour l’heure hors de portée.

Longtemps critiquée pour son manque d’ambition militaire, l’Allemagne a réagi depuis 2014 en augmentant chaque année davantage le budget de son armée. Néanmoins, il est estimé à 1,24% du PIB en 2018. “Par rapport à ce que d’autres font (…) c’est loin d’être suffisant” , a reconnu la chancelière allemande Angela Merkel lors d’une conférence de presse le 12 juin dernier. Elle en a par ailleurs profité pour annoncer que son pays portera ses dépenses militaires à 1,5% de son PIB d’ici à 2024, ce qui représente tout de même une augmentation de 80% en anticipant une croissance linéaire du PIB allemand. Mais en termes d’investissement dans le cadre de la défense commune, l’Allemagne reste loin de l’objectif initialement fixé.

Une situation qui exaspère l’administration américaine. C’est précisément ce qu’a extériorisé le président américain dans sa lettre à l’Allemagne : “Les États-Unis continuent de financer la défense de l’Europe alors que les résultats économiques du continent, et en particulier ceux de l’Allemagne, sont positifs. Cela n’est plus tenable pour nous” , a-t-il écrit à la chancelière. Et M. Trump d’ajouter : “Cette frustration n’est pas seulement celle de l’exécutif. Le Congrès américain partage cette préoccupation. Cela va devenir de plus en plus difficile d’expliquer aux citoyens américains que certains pays ne partagent pas le fardeau des dépenses quand nos soldats continuent de risquer leurs vies à l’étranger” . Donald Trump a également récemment évoqué la possibilité d’augmenter le seuil à 4%, proposition qui n’a à ce stade pas été suivie par les Alliés.

Plus généralement, lors d’une déclaration conjointe OTAN-EU, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sans ambages mis en garde le président américain : “appréciez vos alliés, après tout ils ne sont pas si nombreux” , a-t-il tonné. Avant de préciser son propos : “Les Etats-Unis n’ont et n’auront pas de meilleur allié que l’Europe. A ce jour, les Européens dépensent collectivement davantage que la Russie, et autant que la Chine” . Plus tempéré, Jens Stoltenberg a reconnu que “les dépenses des Alliés ne sont pas homogènes. Toutefois, les Européens ont drastiquement augmenté ces dernières en vue de la réalisation des plans d’actions 2024 exigés. La tendance baissière s’est inversée” .

Un objectif entériné en 2014

En septembre 2014, lors du sommet du pays de Galles, les pays membres de l’OTAN s’étaient accordés sur la nécessité d’optimiser l’action de l’Alliance à la suite d’évènements majeurs tels que l’invasion russe en Crimée, l’émergence notable d’organisations terroristes ou encore la dégradation de la situation au Moyen-Orient. Ceci passe par les “3C” : “cash, capacités, contributions” . Si les aspects “capacités et contributions” , consistant respectivement en la mise en œuvre et l’utilisation de nouveaux moyens de défense, ne posent pas de débat, la question de la contribution financière (le “cash”) anime fortement les chefs d’Etat. En particulier, la règle dite des 2%, qui correspond au pourcentage du PIB devant être consacré à la défense nationale. En effet, en 2014, les membres de l’Alliance ont pris l’engagement que les pays ne respectant pas encore l’objectif augmenteront leurs dépenses d’ici 2024.

Ce mode de financement au prorata du PIB, le plus fréquemment utilisé dans le cadre des instances internationales, permet de financer les budgets civils (frais de fonctionnement de l’organisation), militaires, ainsi que sécuritaires.

Lors de son premier sommet de l’OTAN en tant que président des Etats-Unis, en mai 2017, Donald Trump avait déjà rappelé à l’ordre ses alliés européens récalcitrants. Encore aujourd’hui, seuls 8 des 29 membres de l’OTAN respectent cet engagement : États-Unis, Royaume-Uni, Grèce, Pologne, Estonie, Lituanie, Lettonie et Roumanie. Les autres sont tenus de soumettre à l’Alliance des plans d’action pour parvenir à cet objectif d’ici 2024.

Dans son entretien pré-sommet avec Donald Trump, Jens Stoltenberg a annoncé que “les alliés canadiens et européens ajouterons 266 milliards de dollars pour la défense d’ici 2024″ . La division stratégique de l’OTAN estime que 17 pays seront en règle d’ici là. De son côté, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la France sera en règle en 2025. Comme évoqué par la division stratégique de l’OTAN, “le verre est à moitié plein, mais pas encore plein” (“the glass is half full but it is not full yet”).

Dépenses des pays membres de l’OTAN pour la défense et les équipements de défense :

Source : OTAN

Article dirigé par Toute l’Europe et réalisé avec Open Diplomacy

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