Vous avez été nommé le 22 novembre dernier Ambassadeur français pour le numérique. Quel est votre rôle ?
Ancien porte-parole de la présidence de la République française au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et ancien Consul général de la France à Los Angeles, David Martinon a été nommé en 2017 au poste d’Ambassadeur de la cybersécurité et de l’économie numérique.
Ma nomination correspond à la volonté des autorités françaises de confier à une personne l’ensemble des sujets numériques sous un angle diplomatique et international. J’ai débuté ma mission il y a 4 ans et demi en tant que représentant spécial de la France pour les négociations internationales concernant la société de l’information et l’économie numérique. J’ai ainsi travaillé sur les sujets de gouvernance internationale et de liberté d’expression sur internet. Il y a deux ans m’ont également été confiés tous les sujets de cybersécurité et de cyberdéfense. Cette nouvelle nomination correspond à la volonté du président de la République et du Premier ministre de conduire le dialogue avec un certain nombre de grandes entreprises du numérique américaines sur la lutte contre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes.
La Commission Juncker a fait du numérique l’une de ses priorités stratégiques. A ce titre, l’Europe peut-elle espérer voir la création de Google, Apple ou de Yahoo européens dans un futur proche ?
L’expérience du numérique montre qu’il est absolument impossible de faire la moindre prévision dans ce domaine d’autant que ces entreprises sont extrêmement jeunes. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut surtout pas renoncer. Il faut bien voir que le marché européen est l’un des premiers marchés au monde et que l’Europe renferme de nombreux talents, notamment en mathématiques ou encore en programmation. On peut ainsi noter qu’un certain nombre d’éléments sont réunis pour voir un jour émerger une plateforme de taille mondiale.
L’Europe a été la cible de nombreuses attaques cyber au cours de l’année et notamment à l’approche de grandes échéances électorales. A cet égard, quelles sont les grandes étapes à venir pour assurer le développement de la cybersécurité au sein du marché unique numérique ?
La France a fait un certain nombre de propositions lors des discussions sur la refonte de la stratégie européenne de cybersécurité. Nous avons vu émerger une véritable autonomie stratégique en la matière, qui passe, de mon point de vue, par un système de certification robuste et intelligent en matière de produits informatiques. Il y a encore du travail à mener là-dessus, mais nous pensons que l’on ne pourra pas créer de véritable marché numérique sans assurer la sécurité des produits et cela passe par un système de certification européen.
Devons-nous mener un travail particulier auprès des entreprises ? Comment celui-ci peut-il être mis en œuvre ?
Les entreprises ont conscience qu’elles doivent absolument augmenter leur niveau de sécurité et de préparation. Mais il y a également un travail à mener au niveau des prestataires, du point de vue des éditeurs de logiciel. Il est absolument crucial de faire en sorte que les produits informatiques présentent un niveau minimum de sécurité et de sûreté, capable d’empêcher les attaques informatiques. Si ces attaques se produisent, c’est parce qu’il y a un champ de bataille numérique. Ce dernier se constitue de produits logiciels mis en circulation sur le mass market et comportant des vulnérabilités et des failles.
Quelles sont vos grandes priorités pour l’année à venir ?
Mes priorités portent tout d’abord sur la lutte contre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes. A cet égard, Il faut que les grandes entreprises du numérique travaillent plus efficacement encore sur la lutte contre les contenus illégaux faisant l’apologie du terrorisme. Nous souhaitons également mieux travailler avec nos partenaires sur les sujets de cybersécurité. Sur ces derniers, précisément, nous identifions un enjeu primordial, celui de mieux travailler avec un certain nombre d’acteurs privés systémiques.