Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Actualité

Nicolas Véron : “le risque de contagion n’est pas fini”

Comment décrypter la crise économique actuelle ? Economiste chercheur au centre de recherche économique européen Bruegel, Nicolas Veron nous aide à y voir plus clair alors que la Commission européenne vient d’annoncer des mesures pour contrôler plus sévèrement les agences de notations.

Touteleurope : Où en est la crise économique aujourd’hui ? Le pire est-il derrière nous ?

Nicolas Véron : Clairement le risque de contagion n’est pas fini, on le voit tous les jours. Est-ce que le pire est derrière nous ? C’est impossible à dire parce que nous sommes passés par une phase très difficile au moment de la faillite de Lehmann Brothers. Pour l’instant, on n’en est pas encore sortie de la crise.

Il n’est pas sûr qu’il y ait de nouveau une récession en raison des turbulences que nous voyons dans le monde financier et dans le monde des marchés de la dette souveraine. Cela étant dit, il n’est pas possible de l’exclure non plus. On est très loin d’être revenu à une situation normale.

TLE : A votre avis, le plan d’aide européen serait-il efficace ?

N.V. : Le plan d’aide était nécessaire mais il n’est pas suffisant. Il faut des mesures d’ajustement budgétaire dans un nombre important d’Etats membres. Ce n’est pas suffisamment débattu, mais il faut des mesures de restructurations des systèmes bancaires pour réduire la fragilité extrême du système. C’était d’ailleurs une motivation forte dans la décision de créer un plan de stabilisation de la zone euro.

Il faut à moyen et à long terme des réponses institutionnelles aux failles identifiées par le marché pour l’Union européenne à la fois sur le plan budgétaire et sur le plan bancaire.

Sur le plan budgétaire, nous devrions remplacer le pacte de stabilité par un mécanisme qui serait plus crédible, quelque soit sa nature. Nous aurons besoin de temps pour trouver la bonne solution. Sur le plan bancaire, nous devrions mettre en place un cadre de surveillance du système bancaire qui soit cohérent avec un marché unique des services financiers.

TLE : La task force mise en place par le président du Conseil européen, M. Van Rompuy, réussira-t-elle à trouver des solutions pour améliorer la gouvernance économique européenne ?

N.V.: Cette task force est extrêmement importante. Personnellement, j’ai tendance à penser qu’elle aura des résultats. Mais compte-tenu de l’ampleur des difficultés, il ne faut pas se faire d’illusion. Elle ne va pas trouver la situation miracle la semaine prochaine. Il faut lui donner le temps du débat, de la discussion et qu’elle identifie le moins mauvais des compromis politiques.

Ses objectifs politiques sont très difficiles et très délicats à atteindre. Ils sont en contradiction avec la souveraineté des Etats membres sur des éléments essentiels de leur politique économique. Je crois qu’Herman Van Rompuy est probablement le mieux placé pour maximiser les chances de succès de ce groupe mais il ne faut pas sous-estimer la difficulté de sa tâche.

TLE : Que pensez-vous des propositions de sanctions pour les Etats qui ne respecteraient pas le pacte de stabilité ?

N.V.: C’est un des éléments de la discussion. Je ne pense pas que des sanctions soient la seule solution. Il faut voir comment on peut concilier les contraintes politiques avec les objectifs économiques dans ce domaine. En tout cas, elles font partie de la discussion.

TLE : Pourquoi les agences de notation sont-elles si influentes ?

N.V. : Parce que nous n’avons pas trouvé de meilleur mécanisme. Il faut des références pour les marchés en matière de risque de crédit. Aujourd’hui, ce sont les agences de notation qui jouent ce rôle. En 2008, elles ont failli en terme de réputation. Notamment sur les marchés des produits structurés où, clairement, elles n’ont pas su gérer leurs conflits d’intérêt de manière acceptable.

Cependant, on ne sait pas comment les remplacer. C’est un débat qui va prendre du temps car il n’y a pas de solution évidente au problème posé aujourd’hui par les agences de notations.

En savoir plus

la crise dans la zone euro - Touteleurope.fr

Agences de notation de crédit : vers une surveillance européenne ? - Touteleurope.fr

Bruegel - Centre de recherche économique européen

Le blog de Nicolas Véron

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Nicolas Véron : "le risque de contagion n'est pas fini"

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide