Pas moins de 17 pays européens et de 32 partenaires dans l’Union (Instituts de recherche, conseillers, ONG…) sont engagés dans le projet Nefertiti, dont l’ambition rivalise avec les chantiers de l’antique reine d’Egypte ! Une centaine de personnes travaillent en effet pour mettre en œuvre un réseau de fermes de démonstration unique en son genre.
De la qualité des sols à la gestion des pâturages et la séquestration du carbone, de l’accroissement de la productivité à la réduction de l’usage des pesticides, 10 thèmes suffisamment larges ont été sélectionnés pour diffuser savoir-faire et connaissances d’un bout à l’autre du continent. L’attractivité du métier d’agriculteur n’a pas été laissée de côté. Mais comme le précise le coordinateur du projet Adrien Guichaoua, “il est d’abord nécessaire de structurer la démarche et les pratiques avant de pouvoir les diffuser. C’est pourquoi la démonstration est une discipline à part entière, comme l’est aussi l’expérimentation” .
Le projet s’adresse d’abord aux services de conseil, de recherche appliquée ou aux instituts techniques dont la vocation est d’encadrer et de former les agriculteurs qui font de la démonstration. Car c’est en effet par les bonnes pratiques que l’on peut faire évoluer les comportements de chacun. “On a tendance à dire ‘on sait faire’ mais chacun a une histoire et des traditions différentes, donc on apprend de ce que font les autres et on sort de ses certitudes. On se projette sur l’apprentissage collectif de techniques” , souligne M. Guichaoua.
Démonstration dans une exploitation agricole - Crédits : @tombas60 / page Facebook NEFERTITI.EU
Suis-je prêt à appliquer chez moi ce que j’ai vu ailleurs ? Tel est l’enjeu et l’intérêt du projet dont la portée européenne indique aussi la nécessité de travailler de manière transversale et main dans la main avec les autres. Il y avait auparavant une certaine étanchéité entre la recherche appliquée et le conseil. Mais aujourd’hui avec l’urgence écologique, ces schémas anciens explosent. “On arrive à des modèles où on met la recherche fondamentale, la recherche appliquée, les agriculteurs, les ONG, les entreprises, les accélérateurs de start ups tous ensemble” , explique M. Guichaoua.
Le besoin d’échanger, de décloisonner, est vital pour faire évoluer les mentalités. Avec plus de 250 événements de démonstration par an à travers toute l’Europe et 45 hubs de démonstration thématiques, l’appui du réseau rural, des instituts techniques et des chambres d’agriculture est indispensable à la réussite du projet. Celui-ci prévoit aussi l’établissement d’une plateforme web avec des documents traduits en langue locale pour la diffusion d’expériences, seule condition pour que chacun s’approprie les pratiques des autres. Le défi est désormais lancé : rendez-vous dans 4 ans pour faire le bilan de ce qui aura changé sur le terrain et dans les pratiques.