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Maximilien Rouer : “Aujourd’hui, il n’y a pas d’incitation forte au renouvelable”

Maximilien Rouer - DR

Maximilien Rouer est co-Président de BeCitizen, une agence de conseil stratégique en développement durable, membre du Conseil National du Développement Durable et enseignant de stratégie à HEC et à l’Ina-PG.

La Commission européenne propose aux Etats membres de se fixer pour objectif global de produire 20 % de l’énergie qu’ils consomment à partir de sources d’énergie renouvelables. Cette ambition vous paraît-elle réalisable ?

Nécessité fait loi. Si l’on prend au sérieux la menace de réchauffement climatique, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui, alors tout sera possible. Le problème c’est qu’on a toujours un cerveau de chasseur-cueilleur, qui n’arrive pas à se projeter dans l’avenir. Nos décideurs, qui sont loin d’être des trentenaires, s’inquiètent relativement peu du futur et ont une énorme difficulté à prendre le moyen terme en considération. Il nous manque aujourd’hui un nouveau Schuman ou un nouvel Adenauer.

Quel vous paraît être le meilleur moyen d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le “bouquet énergétique” européen ?

Il faut que les énergies renouvelables soient rentables pour les investisseurs. Pour cela, deux approches sont possibles, et même complémentaires : soit on crée les conditions d’une augmentation progressive des prix de l’énergie fossile en Europe, par exemple au moyen de taxes ; soit on crée les conditions du développement de filières intégrées européennes de production d’énergies renouvelables. Il faut poursuivre sur la ligne qui a été mise en place en Allemagne, en Autriche, puis en France avec une fiscalité attractive et une hausse des prix de rachat des kilowatts/heure d’énergies renouvelables.

Une partie de mon métier concerne le financement de projets dans les énergies renouvelables. Le problème sur lequel nous butons de façon structurelle, c’est le temps de retour sur investissement, qui est directement conditionné par le prix de rachat du kilowatt/heure du renouvelable. Nous sommes confrontés soit à des législations floues, soit à des conditions de rachat peu intéressantes. Il n’y a donc pas d’incitation forte au renouvelable.

Cela pourrait être le rôle de l’Union européenne que d’édicter une législation qui inciterait à utiliser le renouvelable ?

Exactement.

Quels sont les pays d’Europe les plus avancés en matière de nouvelles technologies énergétiques ? Comment les industriels français sont-ils positionnés ?

Je me suis rendu récemment au Cleantech Venture Network de San Francisco, un des plus grands salons internationaux concernant l’investissement dans les technologies propres. Il y avait beaucoup d’entreprises américaines, des compagnies asiatiques et quelques entreprises allemandes, espagnoles, britanniques ou danoises. Il n’y avait tout simplement aucune entreprise française. C’est assez symbolique…

Vous faites partie de ceux qui pensent que l’on peut lier le marché et l’environnement ?

Bien évidemment. S’il y a un levier de croissance aujourd’hui, c’est bien tout ce qui concerne l’environnement et le climat. C’est là où nous sommes contraints de trouver des poches de réduction de coûts et de nouveaux marchés. Aujourd’hui, à San Francisco et dans la Silicon Valley, on parle d’éolien, de solaire, de biocarburants de la même manière qu’on parlait d’informatique pendant la “folie Internet” de 1998.


Propos recueillis le 02/03/2007

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