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Histoire de l’Union européenne : les idées d’unité européenne à travers les siècles

Avant que les Européens ne réalisent l’unification du continent, de nombreux empereurs, princes et conquérants ont caressé le rêve d’un espace soumis à une seule couronne. Tandis que des philosophes, écrivains et juristes ont théorisé le rapprochement des peuples d’Europe.

Charlemagne
Un vitrail de l’Empereur Charlemagne dans l’église de Cologne en Allemagne - Crédits : Jorisvo / iStock

VIIIe siècle avant notre ère : le poète Hésiode évoque pour la première fois le mythe d’Europe

Selon la mythologie grecque, Europe était une princesse phénicienne qui aurait séduit Zeus, roi de l’Olympe. Le dieu, métamorphosé en taureau, l’aurait enlevée pour la conduire en Crète où elle aurait donné naissance au légendaire roi Minos.

On s’interroge encore sur l’origine du nom Europe. Peut-être s’agit-il d’une contraction des mots grecs Eurus (large, ample) et Ops (regard, visage). A moins qu’il ne vienne du phénicien Ereb (sombre), terme employé pour désigner les pays du couchant. Ce terme s’imposera peu à peu aux Grecs pour désigner l’ensemble des terres au nord du bassin méditerranéen.

IIe siècle de notre ère : apogée de l’Empire romain

Au sommet de sa puissance, l’Empire romain (qui a existé de 27 avant J.-C. à 476 après J.-C.) couvre l’ensemble du bassin méditerranéen. Il s’étend de l’Europe jusqu’en Asie Mineure. Sous la période de la Pax Romana (“Paix romaine”, du Ier au IIe siècle après J.-C.) se développe en particulier, sur le territoire de l’Empire, une culture inspirée par l’humanisme grec et la religion chrétienne, socles de la “civilisation européenne”.

800 : Charlemagne est sacré Empereur d’Occident

Le jour de Noël de l’an 800, Charles, roi des Francs, est sacré Empereur par le pape à Rome. Trois siècles après la chute de l’Empire romain d’Occident, cet événement marque la réunification de l’Europe occidentale sous une seule couronne. De son vivant, Charlemagne se fait même appeler Pater Europae (Père de l’Europe). 

Mais cette période d’unité européenne est de courte durée. Quelques années après la mort de Charlemagne, l’espace carolingien est divisé en trois royaumes rivaux dirigés par ses petits-fils : celui de Charles le Chauve (la Francie occidentale), celui de Lothaire (Francie médiane) et celui de Louis le Germanique (Francie orientale).

1556 : l’abdication de Charles Quint met fin à son rêve d’unification de la Chrétienté

Tout au long du Moyen Âge, le Saint-Empire romain germanique, héritier de la couronne impériale de Charlemagne, cherche en vain à restaurer son autorité perdue. L’Empire s’épuise dans une longue querelle avec la papauté, qui vise à l’unification de la chrétienté sous l’autorité spirituelle de Rome.

Pendant ce temps, les grands royaumes européens, notamment la France, consolident leur pouvoir. Malgré cet éclatement politique, l’Europe connaît une certaine unité économique, culturelle et surtout religieuse.

En 1519, Charles de Habsbourg est élu empereur germanique sous le nom de Charles Quint. Persuadé qu’il a reçu la mission divine de réunir la chrétienté sous l’autorité impériale, il s’attache à étendre ses possessions par une politique d’alliances et de guerres. Mais son rêve d’un empire universel se heurte aux ambitions rivales du royaume de France, à l’essor des Ottomans et surtout à la Réforme protestante initiée par Luther, qui ébranle la chrétienté. Constatant l’échec de son projet, Charles Quint finit par renoncer à la couronne impériale.

1603 : Johannes Althusius, premier penseur du fédéralisme

Les théoriciens de l’unification européenne ont souvent recherché le juste équilibre entre l’unité de l’Europe et la diversité de ses composantes.

Parmi ces penseurs, le juriste allemand Johannes Althusius (1557-1638) est le théoricien de la “subsidiarité”, un principe fondamental du fonctionnement actuel de l’Union européenne.

Selon ce principe, chaque problème politique doit être réglé à l’échelon pertinent, l’autorité supérieure n’intervenant que si elle se révèle plus efficace. La subsidiarité est à la base du lien fédéral.

Les réflexions d’Althusius sur l’articulation des échelles de pouvoirs seront poursuivies par Montesquieu et Proudhon.

1807 : apogée de l’Empire napoléonien

Pour les uns, Napoléon Bonaparte a répandu en Europe les idées nouvelles introduites par la Révolution française : l’abolition des privilèges, le Code civil, les libertés individuelles… Pour les autres, il n’a fait qu’asseoir la domination de la France sur les autres nations.

Dans tous les cas, la volonté d’unifier l’Europe n’est pas étrangère au dessein de Napoléon. Au moment de son sacre par le Pape en 1804, le nouvel Empereur déclare : “Je n’ai pas succédé à Louis XVI mais à Charlemagne”. Son règne durera dix ans.

Dès 1815, le Congrès de Vienne annonce la forme de coopération qui régira le continent jusqu’en 1914 : le “concert des Nations” voit les Etats européens se réunir régulièrement pour traiter notamment de la guerre et du commerce.

1814 : Saint-Simon propose la création d’un parlement européen

Lors de la Révolution industrielle, le philosophe français Henri de Saint-Simon a l’intuition que les techniques nouvelles vont bouleverser les rapports entre les nations.

A la veille du Congrès de Vienne de 1815, il publie un texte intitulé De la réorganisation de la société européenne ou de la nécessité et des moyens de rassembler les peuples de l’Europe en un seul corps politique en conservant à chacun son indépendance nationale.

Au sommet de son édifice, il place un parlement de 240 membres : “L’Europe aurait la meilleure organisation possible si toutes les nations qu’elle renferme, étant gouvernées chacune par un parlement, reconnaissaient la suprématie d’un parlement général placé au-dessus de tous les gouvernements nationaux et investi du pouvoir de juger leurs différends”, explique-t-il.

21 août 1849 : le réveil des nations inspire à Victor Hugo son discours sur les Etats-Unis d’Europe

En 1848, une vague de révolutions se diffuse dans toute l’Europe : en Italie, en Autriche, en Allemagne, en France, en Hongrie… les peuples se soulèvent pour réclamer davantage de liberté. Au sein de l’Empire autrichien, ces soulèvements s’accompagnent de revendications nationalistes.

L’écrivain et député français Victor Hugo voit dans le réveil des nations la promesse d’une unification européenne. Lors du Congrès de la Paix qui se tient à Paris en 1849, il déclare : “Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne”.

Le souvenir de Napoléon et le “Printemps des peuples” ont mis à mal le mythe d’un “Empire européen”, laissant la place aux projets d’organisation de type fédéral. Mais les rêves de paix entre les nations européennes vont être supplantées par les nationalismes belliqueux, qui conduiront aux deux grands conflits mondiaux du XXème siècle.

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