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Les hommes politiques est-allemands au moment de la réunification de l’Allemagne

Si les protagonistes de l’Ouest tels que Helmut Kohl, Thatcher, et Mitterrand pesèrent sur le processus de réunification allemand, les dirigeants successifs d’Allemagne de l’Est eurent aussi leur rôle à jouer dans le dénouement incroyable marquant la fin d’une époque. Touteleurope dresse les portraits de ces hommes politiques est-allemands.

Erich Honecker

Il est connu pour sa longévité à la tête du Secrétaire général du comité central du Parti socialiste unifié d’Allemagne (SDE), qu’il présida de 1971 à 1989. Rappelons que le Conseil d’Etat, dont il faisait également parti était ultimement responsable devant le Secrétaire général du Parti socialiste unifié (ou SED, parti dirigeant de la RDA), ce qui faisait de ce dernier l’organe suprême de l’Etat est-allemand.

Largement persécuté par le régime hitlérien du fait de ses activités militantes, et après une trajectoire rocambolesque lors de la fin du régime totalitaire, il se relance en politique dès 1946 en cofondant l’organisation de la jeunesse libre allemande. N’ayant pas noté les conséquences du processus de déstalinisation (initié par Kroutchev en 1956), c’est avec une ligne politique correspondant aux canons du stalinisme qu’il intègre progressivement leSED.

D’abord sous la protection de Walter Ubricht, Erick Honeker, s’assurant du soutien de Leonid Brejnev, prend sa place en tant que secrétaire général du comité central SED : pour rappel c’est ce poste qui concentre de facto tous les pouvoirs en RDA. Il investit par la suite de nombreux organes de pouvoir comme le comité central de défense et la chambre du peuple. Figure de l’autoritarisme en RDA, il s’appuya largement sur la Stasi (police politique), pour réprimer toute tentative d’opposition.

Arborant une politique extérieure relativement innovante, en acceptant des entrevues avec Helmut Kohl, François Mitterrand, et à différents congrès internationaux, il mena une politique intérieure très “classique” , mêlant économie planifiée à travers le prisme de l’étatisation et de la centralisation, conjuguée avec la dictature du parti unique.

Il fut poussé vers la sortie peu de temps après la chute du mur de Berlin, remplacé par Ergon Krenz. Il connut une fin de vie particulièrement difficile, il fut arrêté à l’ambassade chilienne où il avait trouvé refuge par des soldats soviétiques. Jugé en novembre et décembre 1992, il fut cependant acquitté et mourut en exil à Santiago du chili.

Ergon Krenz

Diplômé de l’école du parti communiste allemand à Moscou, Ergon krenz, il entame rapidement une carrière d’apparatchik au sein du SED jusqu’à devenir numéro deux du régime est-allemand. Il figure comme un partisan de la ligne orthodoxe du parti, dans la continuité d’Erick Honecker. Inquiet des évènements de la Pologne, il ne partage pas néanmoins l’aspect réactionnaire d’Erick Honecker. Il s’occupait précédemment des questions liées à la sécurité intérieure et celles relatives au cadre du parti.

Son arrivée au poste de président du conseil d’État de la République démocratique allemande du 18 octobre 1989 au 3 décembre 1989 révèle sa proximité avec le leader soviétique Gorbatchev puisqu’il proclame “une offensive politique et diplomatique” afin de faciliter la mobilité des citoyens est-allemands et permettre l’émergence d’un espace public des idées pour le peuple.

Cependant, il est vite dépassé par la désagrégation soudaine de l’économie de la RDA, et par l’abandon des autorités soviétiques. Confronté aux mouvements populaires qui éclatent notamment à Leipzig, le 30 octobre 1989, plus de 500 000 personnes réclament à Berlin-Est sa démission aux cris de « Gorby, Gorby, soutiens-nous » et demandent la création d’un mouvement indépendant sur le modèle du syndicat Solidarność. Il se fait “démissionner” du poste de secrétaire général du comité central du parti le 3 décembre 1989 alors qu’il l’avait intégré le 18 octobre précédent.

Condamné à six ans de prison en 1997, pour avoir laissé tuer des citoyens tentant de franchir le mur, il revient sur la scène nationale allemande surfant sur la vague de l’Östalgie, malgré le refus de Die Linke de le réintégrer.

Hans Modrow

C’est ses fonctions de ministre président lors de l’avant dernier cabinet de la RDA qui l’a fait connaître dans le monde de la politique de novembre 1989 à Mars 1990.

Faisant ces études en URSS et Allemagne de l’Est, il se caractérise par sa formation d’économie socialiste. Sa carrière progresse rapidement au sein du parti socialiste unifié, le parti unique est-allemand, dont la structure était calquée sur celle de son alter-ego soviétique.

En 1975, il reçoit l’ordre du mérite Karl-Marx, qui le place idéalement pour de plus grandes responsabilités au sein du parti. Lors des années 80, il ne cache ses sympathies à l’égard de Gorbatchev et Yakolev, tous deux initiateurs de la Perestroïka et de la Glasnost. Contrairement à la politique de résistance aux changements d’Honecker, Hans Modrow apparaît comme un homme politique qui accepte le socialisme à visage humain. Il s’oppose relativement à Erick Honecker, symbole de la résistance aux évolutions que les réformateurs soviétiques tentèrent d’imposer dans le bloc de l’Est.

À partir du 8 octobre 1989, il essaye, de concert avec le maire de Dresde Wolfgang Berghofer, de dialoguer avec le groupe des 20 qui représentait l’opposition, celle-là même qui sera consulté lors des tables rondes organisées par Lothar de Maizière.

Le 13 novembre, il est élu successeur de Willi Stoph au poste de Ministre-président de RDA où il forme le célèbre cabinet Modrow. En novembre 1989, il devint membre du Bureau politique de la SED et, en décembre, vice-président de la SED, rebaptisée PDS.

Pressentant la désagrégation prochaine de la RDA, il tente à la manière de Gorbatchev en URSS de sauver le régime en accordant l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition et en faisant entrer certains de ses membres dans son cabinet en tant que ministres sans portefeuille. C’est ce qu’on appelle le ministère de la responsabilité nationale. Célèbre pour sa “loi Modrow ” qui donne aux citoyens de RDA la possibilité d’acquérir à bon marché les terrains sur lesquels se trouvent leurs maisons, il cède sa place à Lothar de Maizière lors des premières et dernières élections démocratiques de la RDA le 18 mars 1990.

Il continuera la politique au sein du PDS (parti démocratique socialiste) héritier du parti socialiste unifié (aujourd’hui représenté par Die linke, la gauche) puis en tant que député au Bundestag.

Lothar de Maizière

Descendant d’une famille huguenote, exilée de France après la révocation de l’Edit de Nantes, il appartient à une famille de juriste et de militaire, mais aussi d’homme politique, puisque son cousin Thomas de Maizière fut ministre de la CDU en saxe, et demeure le ministre fédéral dans le gouvernement d’Angela Merkel.

Il reste une personnalité incontournable du processus d’unification des deux Allemagnes grâce à son élection à la Wolskammer le 18 Mars 1990. Il fut le premier et dernier premier ministre de la RDA à être élu démocratiquement jusqu’au 2 Octobre 1990, la veille de la réunification. Responsable des affaires religieuse sous le cabinet Modrow, il possédait aussi le tirte d’adjoint du ministre président, confirmant sa montée en puissance au sein de la classe dirigeante de la RDA. A la chute du cabinet Modrow, c’est naturellement qu’il devient ministre président de la RDA et conserva ce poste jusqu’à la réunification allemande.

Affichant ouvertement ses convictions religieuses, il est souvent présenté comme le relai de la politique anticommuniste menée par Jean-Paul II. Animateur des tables rondes sous le cabinet Modrow pour réfléchir au futur de la RDA, il annonce peu après son élection à la chambre du peuple le 19 avril 1990 son désir de voir les deux Allemagnes réunifiées.

De sa relation avec la RFA, Lothar de Maizière a toujours été présenté comme l’alter ego d’Helmut Kohl, partageant les mêmes valeurs de la démocratie-chrétienne, située à droite dans l’échiquier politique allemand. Leur entente a été déterminante dans le processus de réunification allemande.

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L’Allemagne fête ses vingt ans - Touteleurope.eu

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