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Le soutien de la production cinématographique en Europe

Bien qu’il soit difficile de parler d’ ”un cinéma européen” en raison de la diversité culturelle et de production qui existe entre les pays européens, l’Union européenne, par l’intermédiaire de son programme MEDIA, encourage la production et la diffusion de films européens, en Europe et dans le reste du monde. Franck Chorot et Serge Lalou qui ont respectivement produit “Le Cochon de Gaza” et “Michel Petrucciani”, expliquent comment ils ont perçu des aides par l’intermédiaire du programme MEDIA, et pourquoi il est nécessaire de préserver le cinéma en Europe.

Le soutien du cinéma européen par l’intermédiaire du programme MEDIA

Alors que les recettes des salles de cinéma ont atteint un niveau record de 6,45 milliards d’euros en 2010, le cinéma européen peine à s’imposer face à la concurrence, notamment des Etats-Unis. Après une croissance régulière (jusqu’à 28,3 % en 2008), la part de marché des films européens dans l’Union européenne a diminué (26,8 % en 2009 puis 25,3 % en 2010, selon les estimations de l’Observatoire européen de l’audiovisuel (OEA)). En Europe, ce sont les films français qui attirent le plus grand nombre de spectateurs en salle, suivis des films italiens. L’OEA, qui a noté une progression de 5 % des recettes brutes des salles de l’Union européenne en 2010, tempère ce résultat, qui provient de l’augmentation du prix moyen du billet, et non de la hausse de fréquentation des salles, qui a diminué de 1,6 % avec 966 millions de tickets vendus.

Les pays d’Europe de l’Est, qui pour certains connaissent un cinéma d’art et d’essai important, peinent à faire face à l’invasion sur leurs écrans de cinéma des films américains. La Roumanie, par exemple n’a réalisé que 2,5 % de part de marché pour son cinéma national en salle en 2010, la Slovaquie 2,2 %, le Portugal 1,9 %, et l’Estonie 2 %.

En savoir plus : Chaque année, ce sont 300 nouveaux projets de films qui bénéficient du programme MEDIA, dont les deux-tiers viennent de pays dotés de faibles capacités de production audiovisuelle. MEDIA soutient la moitié des films européens diffusés en salle. Près de 755 millions d’euros sont ainsi investis pour soutenir l’industrie européenne du film de 2007 à 2013.


C’est pourquoi depuis une vingtaine d’années, le programme des “Mesures pour encourager le développement de l’industrie audiovisuelle” (MEDIA) finance le développement et la distribution de milliers de films en Europe, à travers cinq priorités, que sont :

La formation professionnelle ;
Le développement des projets de production et des compagnies ;
La distribution des œuvres cinématographiques et des programmes audiovisuels ;
La promotion du travail cinématographique et des programmes audiovisuels, incluant le support aux festivals cinématographiques ;
des Actions horizontales et des projets pilotes.

Le programme MEDIA apporte son soutien à de nombreux projets, que ce soit par l’intermédiaire de CinemaNet Europe, qui diffuse des documentaires sur grand écran en transformant des salles indépendantes en cinémas, Cartoon, l’association européenne du film d’animation, ou encore EuropaCinemas, réseau européen de 670 cinémas indépendants soutenus par l’Union européenne, soit plus de 1 500 écrans répartis dans 340 villes et 50 pays.

Les exemples du “Cochon de Gaza” et de “Michel Petrucciani”

Le film “Le cochon de Gaza” de Sylvain Estibal, qui a été récompensé du trophée du meilleur premier film au cours de la cérémonie des Césars 2012, a notamment bénéficié d’une assistance financière, l’i2i Audiovisuel, au titre du programme MEDIA.

Pour Franck Chorot, de la société Marylin Production et producteur de ce film, cette aide financière “constitue un soulagement pour les producteurs” . Pour Le cochon de Gaza il explique que“le film a été tourné intégralement en participation, l’i2i a ainsi constitué un apport non négligeable mais le financement ne reposait pas uniquement sur cette aide.” Cette aide est plafonnée à 50 000 euros, et intervient une fois que le film est déjà tourné.

L’i2i est une assise destinée à aider les sociétés de production cinématographique et audiovisuelle à accéder aux financements offerts par les établissements bancaires et financiers, en subventionnant une partie des coûts de garanties exigées par ces établissements ou des coûts d’un crédit de financement.


Selon Franck Chorot, “Le cochon de Gaza” a été sélectionné car “le film aborde de façon humoristique et burlesque le conflit israélo-palestinien à travers l’histoire improbable d’un pêcheur qui remonte dans ses filets un cochon tombé d’un cargo.” Pour le producteur, “c’est l’originalité du sujet, son universalité, puisque c’est un conflit qui concerne, au-delà de l’Europe, la planète entière. Toutes ces conditions réunies ont contribué à l’intérêt autour du projet. L’un des critères est qu’il devait également s’agir d’un premier film.”

Concernant la production cinématographique européenne, Franck Chorot considère qu’ “il n’y a pas une, mais des productions cinématographiques européennes, car il n’y a pas beaucoup de points communs entre un film anglais et un film italien.”

Mais si on parle de cinématographie européenne, il y a là aussi deux types de coproductions qu’il faut distinguer :
les coproductions qui pourraient être qualifiées de “financières” , guidées par des incitations fiscales et qui entrainent des délocalisations. Ce type de coproduction intervient généralement lorsqu’un producteur ne parvient pas à monter son film dans son territoire d’origine.
des projets qui ont véritablement une vocation européenne, qui peuvent toucher le public européen. Il y a là une démarche artistique qui justifie plus facilement le montage et l’obtention des aides européennes.

Quelques films soutenus par MEDIA :
L’Auberge Espagnole de Cédric Klapisch ;
Goodbye Lenin de Wolfgang Becker ;
La vie est belle de Roberto Benigni ;
Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet ;
L’Enfant de Jean-Pierre et Luc Dardenne ;
Les Choristes de Christophe Barratier ;
Le Pianiste de Michael Haneke ;
Le Vent se lève de Ken Loach ;
Tout sur ma mère et Volver de Pedro Almodóvar


Pour Franck Chorot, la promotion d’un “cinéma “est presque une affaire privée puisque cela dépend du vendeur international, de son investissement dans le film, pas uniquement financier, mais également en terme d’énergie et de temps, de la participation à des festivals, du line-up” . Franck Chorot ajoute que “c’est vraiment du cas par cas, tout dépend du sujet du film, de la personne en charge de sa commercialisation” .

Le “Michel Petrucciani” de Michael Radford a également bénéficié de fonds à travers le programme “MEDIA Développement” de l’Union européenne.

Pour Serge Lalou, de la société de production “Les Films d’Ici” qui a produit le film, pour “obtenir des financements de la Commission européenne, le critère est que le film implique plus d’un pays européen, ce qui est le cas pour le film de Michael Radford, qui est une coproduction allemande et italienne. Le poids des aides européennes est évidemment moins important en production qu’en développement.” Le film doit présenter un intérêt culturel, comme c’était le cas pour le film de Michael Radford, qui relate l’histoire du pianiste français atteint de la maladie des os de verre.

D’après Serge Lalou, “le modèle français d’exception culturelle est un modèle qui se bat pour garder une légitimité au niveau européen, c’est très important car c’est une condition sine qua none de développement du cinéma en Europe, qui est un cinéma qui ne doit pas être normalisé.” Ce dernier insiste sur “le rôle de la production et des aides européennes qui est fondamentale pour appuyer cette spécificité du cinéma européen. Il y a des auteurs, des diversités par pays, il y a une collaboration entre des auteurs qui peut concurrencer valablement ce qui se fait ailleurs.”

Gageons que le triomphe sans précédent du film de Michel Hazanavicius “The Artist” à la prestigieuse cérémonie des Oscars, qui s’est tenue le 26 février dernier à Los Angeles (Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure musique et des meilleurs costumes) ouvrira la voie au succès d’autres films européens dans le reste du monde.

En savoir plus

Programme de travail annuel 2012 pour le programme MEDIA 2007 - Commission européenne
Programme MEDIA - Commission européenne
Lignes directrices permanentes 2012-2013 - MEDIA

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