Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Actualité

Le rugby, un succès européen ?

La finale de la Coupe du monde de rugby à XV aura lieu samedi 2 novembre au Japon. Comme souvent, les équipes européennes ont brillé pendant la compétition, avec une possible victoire finale à la clé pour l’Angleterre. C’est l’occasion de faire le point sur l’histoire et l’actualité de ce sport, dont l’Europe est le berceau.

L'ailier anglais Chris Ashton marque l'essai dans le camp géorgien, pendant la coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande. L'Angleterre sera éliminée par la France en quart de finale - Crédits : George Olcott / Flickr CC BY-NC 2.0
L’ailier anglais Chris Ashton marque l’essai dans le camp géorgien, pendant la coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande. L’Angleterre sera éliminée par la France en quart de finale - Crédits : George Olcott / Flickr CC BY-NC 2.0

Coupe du monde 2019 : un champion européen ?

Samedi 2 novembre à 10h (heure française), l’Angleterre et l’Afrique du Sud disputeront la finale de la coupe du monde de rugby à XV. Après la petite finale du vendredi 1er novembre, qui opposera à 10 heures le Pays de Galles à la Nouvelle-Zélande, ce sera le dernier match de la plus grande compétition de rugby du monde, qui a débuté le 20 septembre.

Les équipes européennes sont systématiquement présentes dans cette compétition qui se déroule tous les quatre ans. L’édition 2019 n’y fait pas défaut, avec la participation de l’Angleterre, de l’Ecosse, de la France, de l’Irlande, de l’Italie et du Pays de Galles. Aux extrémités du continent, la Géorgie et la Russie ont aussi tenté leur chance en envoyant leurs équipes au Japon.

Et comme souvent, même s’ils surpassent rarement ceux de l’hémisphère sud, les résultats européens sont bons : quatre équipes européennes ont atteint les quarts de finale. Seule l’Ecosse a été victime d’une étonnante équipe japonaise le 13 octobre (défaite 21 à 28), tandis que les Italiens n’ont rien pu faire face aux Sud-Africains le 4 octobre (3 à 49), qui figuraient parmi les favoris de la compétition.

Le XV de la rose (surnom de l’équipe anglaise) a créé la surprise samedi 26 octobre en dominant la Nouvelle-Zélande, double tenante du titre, lors de la demi-finale (19 à 7). Ils rencontreront alors les Springboks (surnom des joueurs sud-africains) pour la victoire finale, eux qui ont éliminé le Pays de Galles lors d’un match à suspense (19 à 16).

Si la France peut regretter l’élimination de son équipe en quarts de finale contre le Pays de Galles, après avoir mené le jeu pendant quasiment toute la partie, elle pourra toujours se réjouir de la présence du premier arbitre français en finale d’une coupe du monde de rugby. Jérôme Garcès, l’un des arbitres les plus respectés - mais aussi le plus âgé, 46 ans - sifflera en effet le coup d’envoi du match Angleterre-Afrique du Sud.

Le rugby, une histoire européenne

Il y a bien une raison à l’omniprésence des Européens dans le rugby : ce sont eux qui l’ont inventé. Le rugby est apparu en Angleterre dans les années 1820-1830, en déviant du football et d’autres sports collectifs. Des variantes de rugby à sept ou à treize se développent, mais la version à quinze joueurs devient la plus populaire. Le premier match international de rugby a lieu en 1871, quand l’Ecosse affronte l’Angleterre à domicile, et remporte la rencontre.

La légende veut qu’au cours d’une partie de football dans la ville anglaise de Rugby en 1823, un certain William Webb-Ellis (qui a depuis donné son nom au trophée de la Coupe du monde) aurait attrapé le ballon à la main pour le déposer simplement dans le but adverse. Si son geste n’a probablement pas aidé son équipe sur le moment, il aurait cependant contribué à créer un sport nouveau.

Comme pour le football, le Royaume-Uni joue au rugby avec une équipe pour trois de ses quatre nations constitutives (Angleterre, Ecosse et Pays de Galles). Ces deux sports trouvant chacun leur origine dans les Îles Britanniques, ces nations ont été les premières à disposer de fédérations. Lorsque ces sports se sont internationalisés à la fin du XIXème siècle, celles-ci étaient devenues trop puissantes et indépendantes pour que l’on puisse créer une seule équipe du Royaume-Uni. Une sélection des meilleurs joueurs britanniques et irlandais existe bien, sous le nom des Lions, mais ne joue que des matchs amicaux.

L’équipe irlandaise (surnommée le XV du trèfle) est aussi le résultat de l’histoire britannique. A sa création dans les années 1870, l’île d’Irlande était encore sous domination du Royaume-Uni, et l’équipe de rugby représentait donc toute l’île. Les choses n’ont jamais changé pour cette équipe, qui représente toujours les meilleurs joueurs de la république d’Irlande et d’Irlande du Nord. Un symbole fort, alors que les péripéties du Brexit se heurtent sur la question de la frontière entre les deux Irlande.

Le sport finit par se développer dans le reste de l’Europe, d’abord en France à la fin du XIXème siècle, puis en Allemagne, en Italie, en Espagne ou encore en Roumanie. Dans le même temps, la colonisation britannique permet d’exporter le rugby dans l’hémisphère sud, notamment en Afrique du Sud et en Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande et Fidji entre autres). La première coupe du monde voit le jour en 1987. Elle est remportée par la Nouvelle-Zélande, tandis que les joueurs se professionnalisent.

L’Europe, une puissance déclinante ?

Malgré leur paternité, les Européens ne sont plus depuis longtemps les maîtres incontestés du rugby. La raison pourrait venir des fameux All Blacks de Nouvelle-Zélande, l’équipe la plus titrée en coupes du monde, également célèbre pour son impressionnante danse guerrière, le haka, exécutée en début de chaque match. Autres anciennes colonies britanniques, l’Afrique du Sud et l’Australie donnent aussi du fil à retordre aux équipes européennes.

De fait, il n’y a jamais eu de finale 100 % européenne lors d’une coupe du monde, tandis que les Européens ont parfois été boutés hors de la compétition dès les quarts de finales, comme ce fut le cas en 2015. Seule l’équipe d’Angleterre dispose d’un titre mondial, datant de 2003. Cette même équipe d’Angleterre avait bien tenté de remporter un second titre en 2007, mais avait dû s’incliner face à une Afrique du Sud bien trop forte. A ce titre, la finale de samedi prochain aura tout l’air d’une tentative de revanche pour le XV de la rose.

En faisant s’écrouler la mêlée, les Anglais (en blanc) sont pénalisés et offrent la victoire au Pays de Galles. L’Angleterre se retrouvera éliminée dès la phase de poule de la coupe du monde de 2015 qu’elle organise - Crédits : Marc / Flickr CC BY-NC-ND 2.0

Mais les Européens restent de grands amateurs de rugby. D’une part, si l’édition 2019 de la coupe du monde est la première à se dérouler en Asie, l’édition 2023 doit se tenir en France. De nombreuses éditions par le passé ont aussi été organisées en France et dans les Îles Britanniques. D’autre part, le Tournoi des Six Nations, qui regroupe les meilleures équipes européennes, soit l’Angleterre, l’Ecosse, la France, l’Irlande, l’Italie et le Pays de Galles, reste très populaire en Europe, tout en étant diffusé dans le monde entier.

Un nouvel essor sur le Vieux Continent

Si les Européens s’inclinent le plus souvent face aux redoutables équipes de l’hémisphère sud, de plus petites équipes pourraient bien venir les renforcer. La Géorgie s’est notamment fait remarquer par une victoire contre l’Uruguay dans cette coupe du monde le 29 septembre (33 à 7), ainsi qu’avec une très solide défense contre le Pays de Galles et l’Australie. En s’appropriant le championnat européen des nations (le tournoi secondaire du rugby européen) depuis plus de dix ans, l’équipe géorgienne rêve désormais d’intégrer les Six Nations. La Roumanie, participante régulière de la coupe du monde, est aussi citée parmi les équipes les plus prometteuses, aux côtés des Espagnols et des Portugais. L’équipe d’Allemagne, pourtant en pleine progression, peine toutefois à convaincre les foules dans son pays.

Un autre coup de pouce aux équipes du Vieux Continent pourrait venir de l’Union européenne. Si le domaine du sport n’est pas le mieux représenté de l’action politique de l’Union, quelques décisions européennes peuvent avoir un poids important pour la pratique du ballon ovale. Ainsi, en rendant l’arrêt Bosman en 1995, la Cour de justice de l’Union européenne a favorisé le transfert de sportifs entre clubs de différents pays européens. Les arrêts Malaja (2002), Kolpak et Simutenkov (2003) ont amplifié le mouvement en incluant la plupart des pays du monde dans la sélection des joueurs. Si les décisions de justice étaient au départ destinées au football, elles ont permis aux clubs de rugby européens de recruter des joueurs de plus en plus loin. Certains préfèrent alors rester et jouer dans les équipes européennes après une naturalisation.

C’est le cas du fidjien d’origine Alivereti Raka, auteur de plusieurs essais français dans cette coupe du monde, ou encore de Manu Tuilagi, samoan d’origine, qui a réalisé un essai décisif pour l’Angleterre contre la Nouvelle-Zélande samedi 26 octobre. Quant à affirmer que Manu Tuilagi et ses co-équipiers du XV de la rose pourraient à nouveau faire briller le rugby européen… la finale du 2 novembre nous le dira.

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

  • Société

  • Sport

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Le rugby, un succès européen ?

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide