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[Le Récap’ des européennes] Grand débat, votation citoyenne, Hongrie : l’actualité de la campagne

Cette semaine, Emmanuel Macron est accusé par l’opposition d’utiliser le grand débat national comme une campagne de communication en vue du scrutin européen. Pendant ce temps, Benoît Hamon échoue de nouveau à rassembler à gauche tandis que le PS cherche toujours à s’associer à Place publique… On passera aussi par l’Italie, la Pologne et la Hongrie. Tout ceci à 100 jours des élections européennes !

Viktor Orban, Benoît Hamon et Emmanuel Macron - Crédits : European People's Party | Parti socialiste | Parlement européen / Flickr
Viktor Orban, Benoît Hamon et Emmanuel Macron - Crédits : European People’s Party | Parti socialiste | Parlement européen / Flickr
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Grand débat : Macron est-il déjà en campagne ?

Une campagne déguisée pour l’élection européenne” , selon Manon Aubry (France insoumise - LFI), un “moyen de défendre ses ambitions électorales avec les deniers publics” pour Benoît Hamon (Génération.s) ou encore “un décor de théâtre” pour Laurent Wauquiez (Les Républicains)… Les critiques fusent dans l’opposition, qui dénonce une omniprésence du président sur les chaînes d’infos en continu. Celles-ci retransmettent la quasi intégralité de ses interventions dans le cadre du grand débat (près de 35 heures pour l’instant), un temps de parole que certains aimeraient voir comptabilisé dans le cadre de la campagne pour les européennes.

Une agitation vaine du point de vue du CSA, car les règles définies en période électorale pour les radios et télévisions “s’appliquent généralement pendant les six semaines qui précèdent le scrutin” - en l’occurrence, à partir de mi-avril. Pour autant, hors période électorale, l’exécutif (le président, ses collaborateurs et les membres du gouvernement) dispose d’un tiers du temps de parole médiatique. En contrepartie, les deux tiers restants devront être attribués en proportion aux formations politiques (dont LaREM), selon une règle d’équité.

Pour ne pas alimenter les critiques de l’opposition, la tête de la liste LaREM pour les européennes ne sera pas dévoilée avant la fin du grand débat, a affirmé le délégué général du parti Stanislas Guérini le 15 mars, au lieu de “fin février” comme ce dernier l’avait précédemment annoncé. Face à d’autres têtes de liste qui frôlent à peine les 30 ans, comme au Rassemblement national et à la France insoumise, LaREM pourrait finalement vouloir miser sur l’expérience. Une information confirmée par “plusieurs ministres” , selon France Info.

40 % des Français ne sont pas intéressés par la campagne

Malgré les interminables sessions de débats auxquelles participe le président, c’est le Rassemblement national qui repasse en tête des intentions de vote, selon un nouveau sondage réalisé fin janvier. Si les élections avaient lieu le dimanche suivant, 22 % des Français voteraient pour le Rassemblement national contre 20% pour LaREM. Les deux partis monopolisent le haut des intentions de vote, loin devant Les Républicains (crédités ici de 12 %). LFI et Europe Ecologie - les Verts (EELV) rassembleraient chacun 8 % des suffrages.

Un autre chiffre interpelle : 40 % des sondés se déclarent peu ou pas du tout intéressés par la campagne. Selon la catégorie socio-professionnelle (CSP), ce sont les inactifs qui s’y intéressent le plus (67 %) contre 57 % des CSP+ et 50 % des CSP-. Une donnée sûrement liée au fait que 75 % des 65 ans et plus disent porter de l’intérêt à la campagne, contre 48 % des 18-34 ans… Ces considérations arrivent toutefois un peu tôt alors que la course tarde à se lancer, étouffée entre autres par l’actualité des Gilets jaunes et le grand débat. Sans compter que tous les partis n’ont pas encore nommé leur tête de liste.

Le 12 février, l’association française Anticor, spécialisée dans la lutte contre la corruption, a appelé les candidats aux Européennes à intégrer dans leur programme ses propositions pour une Europe plus éthique.

Quel avenir pour la “votation citoyenne” de Benoît Hamon ?

Bien qu’il soit désespérément à la recherche d’une alliance, Génération.s - crédité de 4 % des intentions de vote - ne veut toujours pas du Parti socialiste comme seul allié, toxique à ses yeux. Pour élargir le spectre, Benoît Hamon a proposé vendredi, dans un entretien au Monde, de lancer une “votation citoyenne” électronique et physique, à laquelle toutes les autres forces politiques de gauche (même LFI) seraient appelées à s’inscrire. Les électeurs - “l’ensemble des citoyens, de gauche et écologistes” - devraient alors classer ces listes par ordre de préférence. Le résultat permettant de former une liste d’union représentative de ces choix.

Mais l’ancien ministre socialiste n’est pas au bout de ses peines. EELV conserve sa ligne : hors de question de faire une liste d’union avec des partis qui ne siègeront pas dans le même groupe parlementaire européen. Tout comme LFI : “ça nous amènerait à la mi-avril […] sans d’ailleurs qu’on sache bien si programmatiquement tout ce petit monde est d’accord” (Adrien Quatennens sur BFMTV). Côté Parti communiste, le secrétaire national Fabien Roussel a préféré rappeler les différences à gauche : “nous ne pouvons pas faire une votation citoyenne entre des forces politiques qui soutiennent [les] traités [européens] et d’autres, comme nous, qui veulent sortir des logiques de ces traités” .

Au PS, on se réjouit de ce “changement de pied” de la part de Génération.s. Mais en parallèle, le bureau national a donné mandat à son secrétaire général Olivier Faure pour entrer en campagne aux côtés de Place publique. Peut-être sous forme de tracts défendant 10 combats communs, selon l’AFP. Le bureau national a par ailleurs arrêté le 16 mars comme date à laquelle le parti décidera de sa stratégie et désignera sa tête de liste. La démarche de Benoît Hamon semble donc déjà en passe d’échouer, l’isolant un peu plus à gauche.

Difficile départ des Gilets jaunes dans la course aux européennes

Lancée le 23 janvier, la très décriée liste Rassemblement d’initiative citoyenne (RIC) issue du mouvement des Gilets jaunes multiplie les difficultés : plusieurs candidats parmi les 10 déclarés de la liste se sont déjà désistés.

Son éphémère directeur de campagne Hayk Shahinya, qui s’est retiré quelques jours plus tard pour “prendre du recul” , a finalement annoncé le 10 février la création de son propre parti concurrent, le Mouvement alternatif citoyen (MAC). Selon un autre ancien de la liste RIC Christophe Chalençon, co- fondateur du MAC, celui-ci a vocation à rassembler “des gens de l’extrême droite jusqu’à l’extrême-gauche” . Soit les “75% des Français qui se reconnaissent dans les valeurs et les revendications des Gilets jaunes”, a expliqué Hayk Shahinya. Et les élections européennes ? Elles “ne sont absolument pas la priorité tout de suite” .

Face à ces divisions et désistements, c’est finalement Ingrid Levavasseur qui renonce à être tête de liste du RIC, dont l’avenir semble à présent compromis… “Je me désolidarise officiellement du Ralliement d’initiative citoyenne (ce qui ne veut pas dire que je renonce à présenter une liste pour les européennes)” , a-t-elle écrit.

Ailleurs en Europe : Hongrie, Italie et Pologne

Viktor Orban veut “rechristianiser” l’Europe. Lors du lancement de la campagne de son parti pour les européennes le 10 février, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a exprimé son projet de défendre les “nations chrétiennes en Europe, face à une immigration qui “conduit à une augmentation de la criminalité, en particulier contre les femmes, et laisse entrer le virus du terrorisme”.

Le dirigeant populiste, ardent défenseur de la “démocratie illibérale” , s’est inquiété “de la baisse continuelle de la part de chrétiens” en Europe et du “remodelage des pays autrefois chrétiens”. Il n’a pas hésité, comme à l’accoutumée, à user d’une rhétorique complotiste : le Néerlandais Frans Timmermans, tête de liste des socialistes européens aux élections de mai, a ainsi été accusé de diriger “la liste des partis pro-immigration” . “C’est tout l’enjeu des élections européennes” , a-t-il poursuivi.

Viktor Orban en a par ailleurs profité pour annoncer une série de mesures nationales en faveur de la natalité. Le pays a perdu 1,2 million d’habitants depuis 1990, soit près de 6 % de sa population, une tendance qui se poursuit. La raison : un départ massif des jeunes, et notamment des plus qualifiés, vers l’Europe occidentale. Pour autant, avoir recours à l’immigration serait pour le Premier ministre une “capitulation” . Il préfère inciter les femmes à faire des “enfants hongrois” , quitte à pousser un peu plus, avec cette politique conservatrice, la jeunesse qualifiée à émigrer.

Dans son discours, Viktor Orban a par exemple annoncé la suppression de l’impôt sur le revenu pour les femmes qui élèvent au moins quatre enfants. Celles de moins de 40 ans pourront accéder à des emprunts jusqu’à 30 000 €, annulés à la naissance de leur troisième enfant. Et pour “rechristianiser” un pays qui durant la période communiste a perdu de nombreux fidèles, Budapest encourage la reprise par l’Eglise de son réseau d’écoles publiques.

L’extrême droite triomphe dans les Abbruzes (Italie). La coalition de droite et d’extrême droite formée de la Ligue, des Frères d’Italie et de Forza Italia (droite) a obtenu le 10 février près de 50 % des suffrages lors de l’élection des Abbruzes, région située à l’est de Rome, soit deux fois plus qu’aux législatives de mars 2018. Une victoire écrasante face à un Mouvement 5 étoiles qui ne recueille que 20 % des suffrages, et perd la région qu’il dirigeait depuis 2014.

Le résultat est d’autant plus inquiétant qu’il intervient à un peu plus de cent jours du scrutin européen. Mais il reste à relativiser : loin de représenter la population italienne, la région compte 1,3 million d’habitants et seuls 53 % des inscrits se sont déplacés. Pour autant, cette élection confirme la popularité de la Ligue et son ancrage dans le paysage politique.

Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a réussi à inverser le rapport de force au sein de la coalition au pouvoir. Son discours sur l’immigration et la fermeture des ports aux navires qui secourent des migrants en Méditerranée trouvent un écho favorable dans la population.

Lancement d’un nouveau parti de centre gauche en Pologne. C’est un autre son de cloche dans l’actualité polonaise, bien que les conservateurs de Droit et Justice (PiS) œuvrent à creuser la rupture entre Bruxelles et Varsovie depuis leur arrivée au pouvoir en 2015. Mais quelques semaines après l’assassinat du maire progressiste de Gdansk Pawel Adamowicz qui a ému le pays, un nouveau parti de centre gauche Wiosna (Printemps) a été lancé le 3 février en Pologne. A sa tête, l’homme politique Robert Biedron, ancien maire de la ville de Slupsk - située au nord du pays - et première personnalité politique polonaise ouvertement homosexuelle.

Dans une ambiance de meeting nourrie par l’Ode à la joie - sans pour autant que ne soit évoquée l’UE -, Robert Biedron a défendu le droit des femmes et des minorités ou encore la séparation de l’Eglise et de l’Etat, dans ce pays très catholique. Il veut aussi casser le clivage classique entre le PiS et les libéraux de centre droit de la Plateforme civique en proposant des mesures très progressistes.

Dans une Pologne à tendance ultranationaliste, europhobe et xénophobe, défendre un tel programme revient à “progresser dans un champ de mines” . Wiosna rassemblerait pourtant entre 6 et 10 % des intentions de vote des Polonais aux prochaines élections européennes, 30 points derrière le PiS.

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