Donner une définition unique et convaincante du populisme se révèle difficile. Pêle-mêle, les partis qui s’en réclament - ou qui en sont targués - prônent le protectionnisme, le nationalisme, la démocratie directe, ainsi que la “défense du peuple contre les élites” . Par conséquent, ces partis se retrouvent le plus souvent autour d’une critique plus ou moins violente de la construction européenne, qu’ils présentent souvent comme un projet antidémocratique et ultra-libéral.
La plupart des mouvements populistes européens ont également en commun de rejeter les schémas politiques traditionnels. La radicalité de leurs discours fait qu’ils se situent plutôt aux extrêmes gauche et droite des paysages politiques, même si certains partis aux positions ambivalentes sont plus difficilement classables.
France, Italie, Allemagne…
Et rares sont les pays européens à échapper à leur progression. La France peut à cet égard être vue comme un précurseur. Le Rassemblement national, auparavant Front national, réalise en effet des scores élevés depuis maintenant plus de 30 ans, tandis que de l’autre côté de l’échiquier, le parti de gauche radicale La France Insoumise obtient des scores proches des partis traditionnels de gouvernement.
L’Italie se trouve dans une situation similaire avec plusieurs partis désormais bien enracinés pouvant être qualifiés de populistes. C’est le cas de la Ligue (Lega), située à l’extrême droite. Cette dernière formation a d’ailleurs été au pouvoir, de juin 2018 à septembre 2019, aux côtés d’un “ovni” politique également populiste, le Mouvement 5 étoiles, toujours au gouvernement.
Plusieurs pays d’Europe occidentale et du Nord connaissent aussi une poussée du populisme : les Pays-Bas, la Suède ou encore le Danemark. Des Etats qui figurent parmi les plus prospères du continent et réputés pour leur grande stabilité. Le lien fréquemment évoqué entre vigueur du populisme et difficultés économiques et sociales n’est donc que partiel. En Allemagne, première puissance économique du continent, l’extrême droite (AfD) et l’extrême gauche (Die Linke) s’affirment également, même si cette progression est plus marquée dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, qui souffrent de la désindustrialisation. En Espagne, le parti d’extrême droite Vox, créé en 2013, a connu une ascension fulgurante à partir de 2018 et s’est hissé à la troisième place aux élections générales de novembre 2019, sur fond de crise catalane et de nostalgie du franquisme.
Ainsi, si le déclassement ou la peur de celui-ci sont bien des facteurs incontournables dans la progression des mouvements populistes, c’est également le cas des enjeux de souveraineté et d’identité. Les idées de “société fermée” et de “nation homogène” font partie des argumentaires de nombreux leaders populistes.
Groupe de Visegrád
C’est le cas notamment à l’est de l’Europe, dans des pays tels que la Hongrie, la Pologne, la République tchèque ou la Slovaquie, qui forment à eux quatre le groupe de Visegrád. Ces Etats, longtemps sous la domination de l’Union soviétique, défendent une certaine indépendance vis-à-vis de l’Europe et se sont montrés réticents à toute forme de solidarité européenne au plus fort de la crise migratoire.
En Hongrie et en Pologne notamment, l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes de droite radicale entraîne même des mesures visant à réduire l’état de droit. L’indépendance de la justice ou la liberté de la presse sont par exemple remises en cause. Dans ces pays, le populisme est accompagné par le principe contradictoire de “démocratie illibérale” . Ces deux Etats font l’objet de procédures d’infraction aux valeurs de l’UE (article 7) de la part de la Commission européenne.