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Le plan d’aide européen sujet de controverse en Irlande

Annoncé dimanche, 28 novembre depuis Bruxelles, le plan d’aide à l’Irlande comporte quelques surprises et suscite des réactions vives à Dublin. Retour sur ce plan d’aide irlandais : les montants, le taux d’intérêt et les réactions politiques.

“Le meilleur compromis possible pour le pays”

Depuis l’annonce des élections anticipées en janvier, le gouvernement de Brian Cowen a la tâche délicate d’assurer les négociations d’un plan de redressement et d’un plan d’aide européen qui engageront ses successeurs. Sa faible majorité et sa cote de popularité au plus bas le fragilisent et rendent sa tâche d’autant plus difficile. Lors de la conférence de presse sur le plan d’aide le Premier ministre a insisté sur le fait que l’accord représente ‘le meilleur compromis possible pour le pays’.

Les ministres des Finances réunis à Bruxelles se sont mis d’accord sur un programme d’assistance de 85 milliards d’euros. Ce plan consiste en une aide extérieure de 67.5 milliards d’euros, dont 45 milliards de l’Union européenne, et des prêts bilatéraux du Royaume Uni, de la Suède et du Danemark ainsi que 22,5 milliards d’euros du FMI. Le reste du montant du plan d’aide prendra la forme d’une contribution de l’Irlande elle-même de 17,5 milliards d’euros. Cette contribution a été une des grandes surprises de l’annonce du 28 novembre. D’autant plus qu’elle sera financée par les fonds en liquide de l’Etat à hauteur de 5 milliards d’euros. En outre 12,5 milliards seront levés par l’agence nationale chargée de la gestion du fonds des retraites créée en 2001 pour assurer la stabilité du financement des retraites à partir de 2025.

A quoi servira le plan d’aide européen ?

L’enveloppe générale de 85 milliards se compose de deux éléments : 35 milliards d’euros pour le renflouement des banques et 50 milliards pour couvrir les coûts du budget de l’Etat pendant les trois années à venir. La plus grande partie des fonds servirait donc à financer la sécurité sociale et les dépenses dans les domaines de la santé et de l’éducation. L’Irlande n’emprunterait donc pas de l’argent sur les marchés internationaux à moins que les taux soient moins élevés que le taux proposé par l’Europe et le FMI.
Les dirigeants européens ont également pris note du programme d’austérité visant à réduire les dépenses de l’Etat irlandais de 15 milliards d’euros en quatre ans. Toutefois, le délai pour le retour du déficit à 3% a été allongé jusqu’à 2015 ce qui a été favorablement accueilli par tous les partis politiques irlandais.

Polémiques et instabilité politique

Néanmoins, plusieurs points de l’accord conclu ont suscité une polémique à Dublin. La contribution élevée de 17,5 milliards pour laquelle l’Etat piocherait dans la caisse des retraites a mobilisé tous les partis de l’Opposition. Cet aspect du plan d’aide n’avait pas été fléché lors des négociations entre les équipes techniques et les partis politiques. Fine Gael, Labour et Sinn Fein ont rondement critiqué l’usage du fonds des retraites pour financer le renflouement des banques et se disent prêts à voter contre le budget 2011 le 7 décembre prochain, ce qui pourrait plonger l’Irlande dans une crise politique grave et retarderait la mise en œuvre du plan d’aide européen.

Le deuxième point de discorde est le taux moyen d’intérêt que l’Irlande aurait à payer : 5.8%. Ce taux, plus élevé que celui de la Grèce, fait débat à Dublin. Les politiques de l’Opposition, notamment M. Noonan de Fine Gael et M. Gilmore de Labour ont farouchement critiqué “l’échec de la stratégie de négociation du gouvernement” . Selon M. Noonan, le taux d’intérêt de 5.8% est “trop élevé et irréaliste” . En revanche, d’après certains économistes, ce taux aurait un effet incitatif sur les autorités irlandaises pour retourner aux marchés dès que la situation économique se sera améliorée.

Enfin, les mauvaises nouvelles ont loin d’être finies pour l’Irlande. Les prévisions économiques annoncées par Olli Rehn le lundi 29 décembre sont bien en-dessous des prévisions du gouvernement irlandais : 0,9% au lieu de 1,75% en 2011, et 1,9% en 2012 au lieu de 3,25% en 2012. La zone euro devrait connaitre des taux de croissance autour de 1,5% en 2011 à l’exception de l’Allemagne qui fait figure de bonne élève avec des prévisions de 2,2% pour l’année prochaine.

Pour l’Irlande, le vote sur le budget le 7 décembre sera crucial et le suspense reste intact. Plusieurs députés indépendants vacillent et d’autres pourraient abstenir. Quoiqu’il en soit ce sera la fin de la partie pour le gouvernement actuel et le début d’une campagne politique intense.

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