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Le Partenariat oriental : lutte d’influence entre l’UE et la Russie ?

L’Europe ou la Russie ? Le sommet sur le Partenariat oriental qui se tient à Vilnius les 28 et 29 novembre pourrait se résumer à cette alternative pour plusieurs pays de l’ex-empire soviétique. Mais le Kremlin, qui souhaite que l’Ukraine adhère à l’Union douanière regroupant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan voit cette évolution d’un mauvais œil. Conçu comme un prolongement diplomatique de l’élargissement de l’UE à l’Est, le Partenariat oriental est en passe de devenir un terrain propice aux luttes d’influence entre Bruxelles et Moscou. Au risque de geler pour longtemps l’évolution de la région.

Dalia Grybauskaitė & Van Rompuy

Qu’est-ce que le Partenariat Oriental ?

En 2004, l’Union européenne a mis en place une politique européenne de voisinage (PEV) dont l’objectif est de créer un espace de prospérité et de stabilité autour des frontières Est et Sud de l’UE. Les pays qui souhaitent renforcer leurs relations avec l’UE concluent à cet effet des plans d’action bilatéraux.

La PEV est en outre portée par plusieurs formes de coopération régionale multilatérale, dont le Partenariat oriental fait partie.

Né d’une initiative conjointe de la Pologne et de la Suède, dont l’objectif consistait à développer une politique plus cohérente et ciblée à l’Est, le Partenariat oriental a officiellement été lancé en 2009 lors d’un sommet à Prague, en République tchèque. Il s’adresse à 6 pays issus de l’ex-bloc soviétique : Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan et Biélorussie.

Le Partenariat s’appuie sur la conclusion d’accords d’association avec chaque

pays, la préparation d’accord de libre-échange approfondi et complet (ALEAC), l’établissement d’un régime sans visa ou la coopération en matière énergétique ou sectorielle. Le programme cherche également à consolider l’État de droit, les institutions démocratiques et la société civile.

Le Partenariat oriental organise des sommets tous les deux ans. Les deux premiers ont eu lieu en République tchèque (Prague) le 7 mai 2009, et en Pologne (Varsovie) les 29 et 30 septembre 2011 afin de discuter des progrès réalisés et des objectifs pour les deux années à venir.Le troisième sommet du Partenariat oriental, qui aura lieu à Vilnius les 28 et 29 novembre 2013, réunira les 28 dirigeants des Etats membres de l’UE et des 6 pays partenaires d’Europe orientale ainsi que les représentants des institutions européennes.

L’événement sera accueilli par la Présidente de la République de Lituanie Dalia Grybauskaitė, dont le pays assure pour 6 mois la présidence tournante du Conseil de l’UE, et présidé par Herman Van Rompuy, à la tête du Conseil européen.

Où en sont les 6 pays du Partenariat oriental dans leur relation avec l’UE ?

L’objectif ambitieux du partenariat oriental était de créer une zone tampon face à Moscou, qui entend conserver à tout prix sa sphère d’influence. La perspective d’un partenariat avec l’UE devait déboucher sur un accord de libre-échange avec Bruxelles et une relance économique de ces pays.

Mais, à ce jour, seule la Moldavie a avancé sur la voie des réformes convenues avec les institutions bruxelloises. C’est pourquoi la Commission européenne a annoncé, vendredi 15 novembre, qu’une proposition législative serait faite visant à supprimer l’obligation de visa pour les ressortissants moldaves.

“C’est une très bonne nouvelle pour les citoyens moldaves et une avancée concrète vers une association politique avec l’UE” a déclaré le même jour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le Sommet de Vilnus sera également l’occasion de parapher (l’Etat n’étant engagé qu’au moment de la signature) l’accord d’association et de libre-échange avec Chisinau.

Si la Moldavie a clairement fait le choix de l’Europe, la réponse est plus nuancée pour les autres pays ex-satellites de Moscou et notamment l’Ukraine.

En renonçant, le 21 novembre, à signer l’accord d’association proposé par l’UE et négocié de longue date, Kiev a clairement tourné le dos à Bruxelles et cédé aux pressions politiques et économiques de la Russie.

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch a annoncé qu’il se rendra tout de même au sommet de Vilnius afin de “clarifier” sa position auprès de l’Union européenne. Il souhaite organiser des pourparlers trilatéraux entre l’Ukraine, la Russie et l’UE sur les difficultés économiques de son pays.

Pris de court par le sursaut pro-européen des milliers d’Ukrainiens descendus dans la rue ces derniers jours, le Président avait tenté de justifier son choix dans un message télévisé à la nation, mardi 26 novembre. Pour lui, l’aide financière apportée par l’UE (610 millions d’euros) est jugée insuffisante d’autant plus qu’elle aurait été versée à condition que le pays adhère au programme de réformes du FMI.

“Nous n’avons pas à être humiliés de la sorte. Nous sommes un pays sérieux, un pays européen” , a-t-il protesté. Déjà éliminée du mondial de football 2014, l’Ukraine est- elle également en passe de perdre l’Europe ?

L’ Union européenne n’a en tout cas pas su convaincre l’Ukraine de signer, vendredi 29 novembre à Vilnius ‚l’accord “historique” qui aurait scellé son rapprochement avec l’Ouest. Un sommet UE-Ukraine doit néanmoins se tenir en février 2014 .

L’Arménie semble elle aussi avoir choisi le camp russe après l’annonce du gouvernement, début septembre 2013, de l’adhésion d’Erevan à l’Union douanière eurasiatique (Russie-Kazakhstan-Biélorussie) plutôt qu’au traité de libre-échange que le pays négociait depuis plusieurs mois avec l’Union européenne.

Le Sommet de Vilnius a néanmoins été l’occasion de la signature d’un accord entre l’Union européenne et la Géorgie sur les conditions de participation de cette dernière aux opérations européennes de gestion des crises et du paraphe de l’accord d’association et de libre-échange avec Tbilissi. Un accord devrait également être signé avec l’Azerbaïdjan sur une procédure simplifiée de délivrance des visas dans les prochains mois.

Entre Europe et Russie, le cœur des 6 Etats d’Europe orientale balance encore.

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