L’asile est une protection internationale garantie par un État sur son territoire. Il peut être demandé par un individu parce qu’il craint d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. Toutes les demandes d’asile ne sont cependant pas automatiquement acceptées et ne le sont pas forcément dans les pays dans lesquels elles sont formulées. La raison tient au règlement Dublin III, qui implique que la demande soit formulée dans le pays d’entrée du migrant sur le territoire de l’UE.
Il convient de différencier le chiffre des primo-demandeurs d’asile et le chiffre, plus général, des demandeurs d’asiles.
Les primo-demandeurs d’asile représentent les personnes qui font une demande de protection internationale pour la première fois. Le nombre de demandeurs d’asile comprend les primo-demandeurs et les personnes qui ont fait plusieurs demandes ou qui ont fait appel de la décision. Il est donc plus important que celui des primo-demandeurs.
Majorité des demandes en Allemagne et en France
En 2022, au total, 962 160 personnes ont demandé l’asile dans l’Union européenne. Parmi elles, 884 630 le faisaient pour la première fois. Le plus grand nombre de nouvelles demandes a été enregistré en Allemagne avec 217 735 primo-demandeurs, soit près de 25 % du total. La France arrive en deuxième position avec 137 510 nouveaux demandeurs (15,5 %), suivie par l’Espagne avec 116 135 (13,1 %) et l’Autriche (109 775, soit 12,4 %). Selon Eurostat, le nombre de primo-demandeurs d’asile dans l’UE en 2022 était à son niveau le plus élevé depuis les pics de 2015 et 2016 liés à la guerre en Syrie.
Pratiquement tous les pays ont vu le nombre de primo-demandeurs d’asile augmenter par rapport à 2021. Les augmentations les plus visibles sont en Irlande (11 030 demandes de plus, soit une hausse de 421,8 % sur un an), en Croatie (10 025 de plus, soit 367,9 %), et l’Autriche (68 580 de plus soit 181,4 %). La France a enregistré 33 720 demandes supplémentaires, soit une hausse de 32,5 %.
A l’inverse, des baisses ont été enregistrées durant la même période en Lituanie (3000 en moins, soit une baisse de 76,8 % en un an), à Malte (285 en moins, soit une baisse de plus de 23,8 %), et en Lettonie (35 en moins, soit une baisse de 6 %).
Augmentation des acceptations en période de crise migratoire
Dans l’ensemble de l’Union européenne, la crise migratoire qui a débuté en 2015 a entraîné une très forte augmentation des acceptations de demandes d’asile la même année, où plus d’un million de demandes ont été enregistrées.
Les Etats membres ne sont toutefois pas parvenus à s’entendre sur la répartition des réfugiés. En septembre 2015, la chancelière allemande Angela Merkel avait en effet décidé d’accorder l’asile à tous les réfugiés syriens arrivés sur le sol allemand. Mais face à l’afflux de migrants, au manque de solidarité d’autres Etats membres - dont certains comme la Hongrie ont érigé la même année des murs à leurs frontières - et aux critiques au sein même de la majorité, le gouvernement allemand rétablissait les contrôles aux frontières du pays quelques jours plus tard.
Conformément au système de Dublin qui régit l’accueil des demandeurs d’asile depuis 1990, les demandes d’asile sont majoritairement traitées dans les pays d’entrée sur le territoire européen. Un plan de relocalisation avait été adopté en 2015 par le Conseil de l’UE mais sa mise en œuvre a été largement limitée. La Commission européenne a reconnu l’échec de cette mesure en 2017. En revanche, le pacte migratoire UE-Turquie conclu en 2016 a nettement contribué à une diminution du nombre de demandeurs d’asiles.
Le 23 septembre 2020, la Commission européenne a présenté un nouveau pacte pour la migration et l’asile, avec pour ambition de redéfinir les conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Elle prévoit notamment de réduire les délais de traitement des demandes et d’opérer un premier filtrage, aux frontières de l’UE, des étrangers non éligibles à l’asile.
Syrie, Afghanistan, Venezuela et Turquie : principaux pays d’origine des demandeurs
Depuis 2013, les ressortissants de Syrie sont les plus nombreux à demander une protection internationale, ils étaient 131 970 primo-demandeurs en 2022. Leur part a néanmoins diminué en un an, passant de 18,4 % à 15,0 %. Ils restent plus nombreux que les Afghans, avec 113 485 primo-demandeurs en 2022. Viennent ensuite les Vénézuéliens, qui étaient 50 050 à effectuer une première demande d’asile dans l’UE, puis les Turcs avec 49 720 demandes. Les Colombiens se placent en cinquième position avec 42 420 primo-demandeurs.
A la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le nombre de primo-demandeurs ukrainiens a fortement augmenté (+ 361,2 % par rapport à 2021). Seulement un mois après le début du conflit, plus de 10 millions d’Ukrainiens avaient déjà fui leur foyer et plus de trois millions d’entre eux avaient traversé la frontière pour se rendre principalement dans des Etats membres de l’Union européenne. En 2022, le nombre de primo-demandeurs d’asile de nationalité ukrainienne s’est ainsi classé au 11e rang parmi toutes les nationalités, avec 24 720 demandes (2,8 % du total).
Nombre de primo-demandeurs d’asile dans les Etats membres de l’UE en 2022
Pays | Nombre de primo-demandeurs |
---|---|
Allemagne | 217 735 |
Autriche | 109 775 |
Belgique | 32 100 |
Bulgarie | 20 260 |
Chypre | 21 590 |
Croatie | 12 750 |
Danemark | 4 475 |
Espagne | 116 135 |
Estonie | 2 940 |
Finlande | 4 815 |
France | 137 510 |
Grèce | 29 125 |
Hongrie | 45 |
Irlande | 13 645 |
Italie | 77 200 |
Lettonie | 545 |
Lituanie | 905 |
Luxembourg | 2 405 |
Malte | 915 |
Pays-Bas | 35 495 |
Pologne | 7 700 |
Portugal | 1 975 |
République tchèque | 1 335 |
Roumanie | 12 065 |
Slovaquie | 500 |
Slovénie | 6 645 |
Suède | 14 045 |
Union européenne | 884 630 |