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Le magazine ParisBerlin fait peau neuve à l’occasion des 50 ans du traité de l’Elysée

Lancé en 2004, ParisBerlin informe chaque mois sur l’actualité franco-allemande dans tous les domaines : politique, économie, modes de vie, culture, éducation, médias… A l’occasion du 50ème anniversaire du traité de l’Elysée le magazine fait peau neuve et élargit son territoire de diffusion. Son directeur de publication, Olivier Breton, nous explique pourquoi, et porte un regard sans concession sur la relation franco-allemande.Â

Qu’est-ce qui a motivé cette nouvelle formule de ParisBerlin ?



ParisBerlin
nouvelle formule est disponible depuis le 9 mai et titre “L’Allemagne : modèle ou menace ?” . Il est disponible dans de nombreux points de vente et sur le site Internet de ParisBerlin

Olivier Breton : Les 50 ans du traité d’amitié franco-allemand annoncent la fin d’une période. Plutôt que de participer aux cérémonies du cinquantenaire nous avons décidé de fêter cela plus joyeusement et positivement en créant quelque chose. Nous sortons donc une nouvelle formule de ParisBerlin.

Nous avons créé un nouveau concept de l’Europe germanophone et francophone. ParisBerlin est désormais diffusé en Belgique, au Luxembourg et en Autriche. Nous sommes en négociations avec la République tchèque et la Suisse. Nous avons donc élargi la diffusion et traitons de sujets au-delà des frontières pour un public germanophone et francophone qui représente environ 250 millions de locuteurs.

Nous pensons en effet que le couple franco-allemand n’a aucune viabilité s’il est tourné uniquement vers lui-même, qu’il doit construire et se développer. C’est d’ailleurs le seul moyen pour lui de sortir des querelles qui lui sont propres, en prenant à témoin les pays qui nous comprennent. Nous travaillons dans cette démarche, en ouvrant le débat.

Qui sont les lecteurs du magazine ParisBerlin ? Quelle est votre cible ?

Olivier Breton : Notre public est essentiellement composé de décideurs européens de 35-40 ans ou de jeunes qui sont vraiment Européens, qui l’assument. Notre public est vraiment hétérogène. Historiquement le magazine était surtout tourné vers les ambassades, le monde politique, le corporate, etc. Aujourd’hui c’est beaucoup plus ouvert. Ce sont des “Européens transhumants responsables et citoyens” .

Que peut-on trouver dans cette nouvelle formule ?

Olivier Breton : Le rubriquage a changé avec de nouvelles rubriques comme “vivre” “s’évader en Europe” , etc. Le magazine est donc beaucoup plus large.

Deux sujets sont à mon avis très intéressants : un entretien avec Jean-Claude Juncker (Premier ministre luxembourgeois et ancien président de l’Eurogroupe, ndlr.) et un sujet sur la relation franco-algérienne à la lumière de la relation France-Allemagne. On a imaginé une transposition de la réconciliation réussie vers une réconciliation ratée, celle entre la France et l’Algérie. Nous avons trouvé beaucoup de points de convergence et pensons que les leçons d’une situation explosive connue il y a 70 ans entre les Français et les Allemands pourraient impulser une dynamique vertueuse dans le franco-algérien. C’est un reportage qui sert le franco-allemand, les intérêts français et intéressera les lecteurs un peu blasés des discours politiques actuels. Alors qu’en France nous parlons encore du conflit avec les Algériens, ces derniers aimeraient seulement voir de nouveaux partenaires et sont assez ouverts.

Le magazine est en format beaucoup plus grand désormais, beaucoup plus coloré, avec des sujets peut-être moins nombreux mais beaucoup plus longs, plus d’analyses, de sujets européens et beaucoup plus dans la projection, dans l’avenir. Enfin nous avons à présent des correspondants à Bruxelles, à Varsovie et à Vienne. C’est un joli projet et j’espère que nous pourrons le mener longtemps.

L’Europe reste-t-elle le parent pauvre des médias en France ?

Olivier Breton : En France et ailleurs. Les médias n’ont finalement pas beaucoup de différences avec les hommes politiques, ils essaient de préserver leur souveraineté, leur utilité et leur nationalité. Ils sont le reflet des politiques publiques aujourd’hui. Ils sont un prétexte et un bouc-émissaire. La question est de savoir comment créer une population européenne consommatrice. Elle existe pour le reste mais est éclatée par les différents nationalismes.

Les pouvoirs en place ont aujourd’hui plus d’intérêt à ce que l’Europe n’existe pas. Et, ce n’est pas très original, mais les médias ressemblent au pouvoir.

L’anniversaire du traité de l’Elysée n’a-t-il pas permis de mettre un peu plus en lumière la relation franco-allemande et, par conséquent l’Europe ?

Olivier Breton : Je pense que ça n’a rien apporté. Ca nourrit un microcosme, dont la plupart des membres sont issus de la réconciliation, qui cherche à maintenir sa propre utilité sans la développer. Donc les thèmes sont toujours les mêmes, traités pour le même public et ont toujours le même résultat à savoir la répétition des convictions déjà exprimées.

Cela ne sert donc à rien, surtout dans un contexte politique compliqué. Et même plus, alors que cet anniversaire aurait pu aider à résoudre ce contexte politique, il est complétement un fait du ghetto franco-allemand. Donc pour nous les commémorations sont clairement la démonstration de la fin d’un monde. Et plutôt que d’être dans la fin du monde franco-allemand nous avons choisi d’être dans la vivacité de la relation France-Allemagne.

Quel regard portez-vous sur le couple Merkel-Hollande ?

Olivier Breton : Personne ne peut être assez hypocrite pour dire que tout va bien. Il suffit d’aller en Allemagne et de discuter avec des Allemands pour voir à quel point ils sont excédés. Et en France pour voir à quel point on instrumentalise le couple franco-allemand et les questions européennes. Donc la relation franco-allemande est complétement instrumentalisée, par les uns et par les autres, pour des bonnes ou des mauvaises raisons. Il faut simplement espérer qu’en septembre les élections allemandes et une éventuelle reconduite de Mme Merkel ne sonnent pas le glas de la relation franco-allemande.

Pour le moment les Allemands ne disent pas grand chose parce qu’ils sont en période électorale. Il y a beaucoup de signes et de symboles dont les Français sont friands et qu’ils ne partagent pas et il y a fort à parier que les Allemands, une fois libérés du joug des élections, seront plus fermes dans le discours. Car dès qu’ils ne sont pas dans les alcôves des ministères et de la parole publique, ils sont extrêmement irrités, et c’est un euphémisme. Mais je crois que tout le monde le sait et d’ailleurs je ne comprends pas que cela ne soit pas plus assumé. Actuellement il n’y a pas de saine confrontation.

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