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Le Débat se penche sur le “choc du 29 mai”

La revue des éditions Gallimard consacre un long dossier aux causes et conséquences du refus français de la Constitution européenne.

Comment expliquer ce vote ?

Pour l’historien René Rémond, ce vote traduit avant tout un refus de l’élargissement et révèle “la défiance de l’avenir, l’angoisse collective sur son destin” qui habitent le peuple français. Ce résultat représente pour la construction européenne “au mieux un coup d’arrêt, au pire un retour en arrière” .

Selon le sociologue Marcel Gauchet, les Français se sont rendus compte que l’Europe, qu’on leur avait souvent présentée comme “une France en grand” , se révèle être différente de ce qu’ils pensaient. “L’Europe a cessé d’être une utopie. Désormais, elle s’impose comme une contrainte plutôt qu’elle ne représente une espérance” .

Stéphane Rozès, politologue et sondeur d’opinion, estime que le référendum a donné lieu à une “renationalisation du débat européen” . La campagne a tourné autour d’un projet qui “semblait remettre en question le modèle national” . “Le choix ultime s’est joué entre deux risques : celui de voir la France isolée et l’Europe en panne avec la victoire du non et celui de voir notre modèle social se diluer sans possibilité de retour” .

Relancer l’Europe, mais sur quelles bases ?

Estimant que ce vote marque “un coup d’arrêt à la chimère des Etats-Unis d’Europe” , Hubert Védrine invite à “repartir du réel” . L’ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand condamne une conception “maximaliste” de la construction européenne, qui cherche à dépasser les nations au profit d’une hypothétique Europe fédérale. H. Védrine invite à penser l’Europe comme un “fédéralisme de subsidiarité reposant sur une distinction claire Union européenne-Etats nations” . Selon ce schéma de répartition des compétences, “ce n’est pas à l’Europe de gérer le social, notamment parce que cette politique suppose un degré de proximité maximal” . Pour lui, la relance du projet européen passe par une délimitation des frontières de l’Union et le lancement de projets concrets.

Selon Paul Thibaud, ancien directeur de la revue Esprit, l’Europe a longtemps cultivé le rêve d’une société prospère et pacifiée ayant renoncé aux affres de l’Histoire. Elle avait pour ambition de “soumettre la politique au droit, répandre cette sagesse autour de soi, inventer en Europe le code qui permettrait à l’humanité de vivre en paix définitivement” . Cette utopie européenne se heurte aujourd’hui aux désordres provoqués par la mondialisation. L’idée “d’ouverture comme clé de la prospérité générale et de l’apaisement” est mise à mal par une “mondialisation commerciale agressive” contre laquelle les peuples d’Europe ne se sentent pas suffisamment protégés. Il est indispensable de refonder le projet européen en tenant compte de ce nouvel environnement. Pour cela, Paul Thibaud propose de placer “l’idée de concurrence équitable” au centre des rapports entre Européens et de promouvoir à l’échelle internationale “une conception non destructrice de la mondialisation” .

Le Débat n°136, Gallimard, 2005

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