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Large victoire des sociaux-démocrates en Slovaquie

Samedi 10 mars, le parti social-démocrate a remporté les élections législatives slovaques. Robert Fico, président du gouvernement entre 2006 et 2010, devrait donc retrouver son poste après l’avoir perdu au profit d’une coalition libérale. Cette dernière avait subi un vote de défiance en octobre au sujet du renforcement du Fonds de secours de la zone euro, provoquant des élections anticipées.

Déroute de l’Union démocrate-chrétienne sur fond de scandale de corruption

Le Smer, parti de Robert Fico, a obtenu 44,8% des voix, soit un total de 84 sièges au Parlement monocaméral slovaque qui en compte 150. Le parti social-démocrate va donc être en mesure de gouverner sans avoir à constituer une coalition, ce qui n’est encore jamais arrivé depuis l’indépendance du pays en 1993. Cette victoire sans appel s’apparente à un important camouflet politique pour la coalition sortante conduite par Mikuláš Dzurinda, ministre des Affaires étrangères. Iveta Radičová, présidente du gouvernement en exercice avait en effet refusé de se porter candidate aux élections législatives et s’était même écartée de la direction de son parti.

Avec 6,1% des voix, l’Union démocrate-chrétienne slovaque (SDKU), parti de M. Dzurinda et de Mme Radičová, ne franchit que de justesse le seuil de 5% des votes nécessaires pour être représenté au Parlement. Cet échec cuisant s’explique par le scandale de corruption déclenché par le rapport “Gorilla” qui a mis au grand jour la collusion présumée de grands partis politiques avec le secteur financier dans le cadre de projets de privatisation et de marchés publics dans le milieu des années 2000.

Autre enseignement des élections législatives slovaques : le recul du parti d’extrême droite qui n’a pas réussi à passer le seuil des 5% des voix, une première depuis l’indépendance.

Un important virage à gauche du parti social-démocrate

Pour reconquérir la majorité au Parlement, le Smer a fait campagne sur des propositions beaucoup plus à gauche que par le passé. En 2006, Robert Fico s’était inspiré du modèle réformiste de Tony Blair ou de Gerhard Schröder et s’était même allié avec Vladimir Mečiar, ancien Premier ministre autoritaire. En 2012, M. Fico a promis de mettre fin au taux unique d’imposition, aujourd’hui fixé à 19%, symbole des années libérales et de croissance du pays qui lui avaient permis d’adopter l’euro, avant même le voisin tchèque.

Les revenus annuels supérieurs à 33000 euros doivent désormais s’attendre à être taxés à hauteur de 25% et les sociétés à 22%. Robert Fico a déclaré que la nécessaire politique de consolidation budgétaire ne s’effectuerait pas “au détriment des plus pauvres” et que l’augmentation des impôts ne concernerait “que les plus riches et les puissants” . Nul doute que le discours de Robert Fico a su trouver un écho favorable en Slovaquie, deuxième pays le plus pauvre d’Europe avec un salaire minimum égal à 327 euros et un taux de chômage atteignant 13,7%.

Robert Fico place son parti au cœur de la zone euro

Toutefois, si le Smer entend protéger la situation des populations les plus modestes, le parti a également tenu a rappelé son sentiment pro-européen et son engagement pour la “sauvegarde de la zone euro ” . “L’Union européenne peut compter sur le Smer parce que nous nous rendons compte que la Slovaquie, un petit pays vivant en Europe et souhaitant vivre en Europe, a le désir de préserver la zone euro et la force de l’euro” a déclaré Robert Fico.

Alors que la coalition sortante s’était opposée en octobre à l’élargissement du Fonds européen de stabilité financière, la victoire du Smer devrait être de nature à rassurer les partenaires européens de la Slovaquie et particulièrement les membres de la zone euro.

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