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La responsabilité démocratique de l’Europe

Zaki Laïdi et Marcel Gauchet ont ouvert le colloque organisé par le CERI et Sciences Po sur le thème de “la fin du moment démocratique européen” . Les frontières de l’Europe, sa politique extérieure, la place qu’elle a le devoir d’occuper et celle qu’elle pourra tenir dans le monde, ainsi que celle de sa propre identité étaient inscrites au programme de cette rencontre.

“Un oubli du monde”

Zaki Laïdi postule que l’Europe a vécu dans un “oubli du monde” jusqu’en 1989. De 1957 à 1989, l’Europe est libérée de sa “mission” coloniale en Afrique et de sa sécurité, alors prise en charge par les Etats-Unis. Durant cette période, elle s’est construite à l’image du monde dans lequel elle croyait vivre, un monde de gouvernance, d’interdépendance, et de réseaux, dans lequel les identités nationales s’effaçaient.

En 1989, explique le membre du CERI, l’Europe découvre l’altérité. Les élargissements n’avaient auparavant concerné que des Etats culturellement et politiquement très proches. A la chute du mur de Berlin, l’Europe se trouve confrontée aux pays de l’Est où la démocratie recouvre un sens différent. L’altérité se rencontre aussi dans ses relations avec ses proches voisins, dont l’Afrique, avec qui les liens deviennent tellement asymétriques qu’ils font ressortir un tragique contraste.

Les transformations de l’Union interviennent à un moment où les échanges s’accroissent hors de la sphère européenne. L’Union européenne, puissance normative, peut-elle échanger avec des Etats qui ne respectent pas ses standards ? Ainsi se pose la question de la conditionnalité démocratique. Au-delà, l’apparition de la notion de “capacité d’absorption” est décisive : l’Union n’intégrera pas tous les Etats démocratiques qui sont à ses frontières, ce qui pose la question des relations de l’Union avec la Turquie et le Maghreb.

Favoriser la démocratie

Selon Marcel Gauchet, “tous les pays qui pouvait être démocratisés facilement l’ont été” . Parallèlement, il y a une aspiration mondiale pour la démocratie ; le concept a atteint une légitimité universelle.

Les conditions du succès de la démocratie ne sont pas uniquement d’ordre économique. Alors que, pour Zaki Laïdi, une démocratie ne peut naître que si elle est soutenue par un “projet national” , le philosophe y ajoute le facteur culturel de la “communauté historique” , définie par la perception d’une histoire commune par les membres de la communauté et par les acteurs extérieurs.

L’Europe doit favoriser l’apparition de la démocratie, et non l’imposer, et pour cela engager une profonde refondation de ses relations extérieures. Marcel Gauchet souligne que pour cela, l’Union profite d’une formidable fenêtre d’opportunité pour innover après l’échec des Etats-Unis en Irak.

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