Oslo, 31 août, un drame mélancolique
“Oslo, 31 août” est une adaptation libre du livre “Le Feu follet” de Pierre Drieu, écrit en 1931, qui avait déjà été adapté au cinéma en 1963 par Louis Malle. Repéré par la sélection “Un certain regard” à Cannes 2011, le film sera sur les écrans le 29 février.
Le film de Joachim Trier dépeint une journée d’Anders (interprété par Anders Danielsen Lie, acteur non professionnel), jeune homme de 34 ans, intelligent, beau garçon et de bonne famille, qui est profondément perturbé par les opportunités qu’il a gâchées, les gens qu’il a déçus. Après une tentative de suicide, Anders va suivre une cure de désintoxication dans un centre de traitement, à la campagne. Après 10 mois passés en centre, il est autorisé à se rendre à Oslo pour passer un entretien. Cette journée va être l’occasion pour Anders de parcourir la ville et ses souvenirs, et de retrouver des gens qu’il n’a pas vus depuis longtemps. Cette journée, dont on devine l’issue tragique, constitue une métaphore à la solitude, mais démontre également de la part d’Anders un courage dans le questionnement sur soi.
Le film de Joachim Trier, à travers la quête identitaire d’Anders, dans un environnement dépeint comme “mélancolique” par le réalisateur, constitue certes un film désabusé, sur lequel la mort va planer en permanence. Mais cette dernière ne va jamais pour autant assombrir le récit, le personnage d’Anders demeurant un idéaliste à sa façon…
La drogue abordée sous l’angle de la métaphore de la crise identitaire
Alors que pour son premier film, “Nouvelle donne” , Joachim Trier avait envie “de tout faire d’un seul coup” , il a traversé par la suite une sorte de “crise créative” , il était un peu perdu, et recevait beaucoup d’offres de gens différents. Puis il a finalement écrit le scénario du film “Oslo, 31 août” , qui s’est réalisé rapidement, en une année. Il a bénéficié de fonds provenant de l’Institut national du film norvégien, ainsi que de fonds privés.
L’adaptation du roman “Feu follet” de Joachim Trier diffère de celle réalisée en 1963 par le réalisateur Louis Malle.
Pour Joachim Trier, travailler à partir de l’adaptation d’un roman rend “plus courageux pour attaquer vraiment des questions plus personnelles” . Le réalisateur a voulu transposer l’histoire du “Feu follet” dans un environnement qu’il connaissait bien, à savoir celui d’Oslo. A travers le personnage d’Anders, Joachim Trier s’est interrogé : selon quels éléments peut-on considérer avoir réussi sa vie ?
La ville d’Oslo a également été choisie par le réalisateur car c’est un environnement qu’il connaissait bien, y ayant grandi. Il a ainsi pu “cartographier” le film, et mettre en avant les lieux de la ville qui pouvaient être expressifs et intéressants.
La question de la drogue et de l’addiction, thèmes présents tout au long film, sont en réalité des métaphores de la crise d’identité pour Joachim Trier. Selon ce dernier, “il y a une addiction aux drogues qui est cachée, celle des gens qui l’utilisent pour arriver à se débrouiller avec la vie” .
La production cinématographique norvégienne
Joachim Trier a par la suite expliqué le fonctionnement du financement des films en Norvège. Les projets de film sont envoyés à l’Institut national du film norvégien, et sont lus par deux ou trois experts. L’Institut peut financer jusqu’à 60 % du budget total du film, le reste venant de fonds privés, et de l’argent que les gens qui travaillent sur le film acceptent d’abandonner, pour être rétribués une fois que le film sera diffusé en salle et génèrera des bénéfices.
Pour Joachim Trier, “la Norvège vit une période très intéressante au niveau de sa production” , grâce aux 25 % d’entrées réalisés dans le pays, qui a entrainé un réel intérêt des politiques pour favoriser la réalisation de films norvégiens.
Un problème est toutefois rencontré par ces derniers. Les films qui réalisent l’audience au niveau national sont des films très spécifiques à l’identité culturelle du pays, et qui donc s’exportent peu. A contrario, les films d’auteurs, qui sont loin de réaliser le même niveau d’entrées, sont des films qui voyagent. C’est pourquoi, selon le réalisateur, les “cinéastes d’auteurs sont un peu vus comme des enfants gâtés” .