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La francophonie, un atout pour l’économie européenne ?

Langue de travail des institutions européennes, le français est également la langue officielle de trois pays de l’Union européenne, et reste relativement répandu dans d’autres. Une situation qui favorise les échanges, notamment économiques, entre ces pays. Au bénéfice de l’Union européenne ?

La francophonie, un atout pour l'économie européenne ?
La francophonie, un atout pour l’économie européenne ?

Des échanges plus nombreux dans l’espace francophone

La francophonie est définie par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) comme l’ensemble de la population mondiale utilisant le français. Le dernier rapport en date de l’Observatoire de la langue française, publié en 2014, estime leur nombre à 274 millions de locuteurs répartis sur les cinq continents. Selon les définitions (français comme langue officielle ou maîtrise par plus de 20% de la population), l’espace francophone regrouperait alors dans le monde entre 33 et 37 pays, représentant près de 10% du PIB mondial.

Outre les échanges culturels, le partage du français bénéficie dans une certaine mesure à l’économie de ces pays. Maria Masood, chercheuse à l’Université de Genève, montre ainsi qu’entre 1995 et 2015 dans le monde, les échanges économiques entre deux pays francophones ont été plus important de 18% en moyenne que deux pays aux caractéristiques similaires n’ayant pas le français en commun. Pour l’année 2015 en France, la chercheuse avance également qu’en moyenne “2% du PIB par tête sont attribuables aux échanges avec les autres pays francophones” . Pour ceux des deux autres pays européens ayant le français pour langue officielle, la Belgique et le Luxembourg, la part serait de 6,7%.

Un espace en expansion ?

Lors de son discours de Ouagadougou, le 28 novembre 2017, Emmanuel Macron a affiché ses ambitions pour la francophonie, donnant pour “défi” aux francophones d’en faire la première langue du monde. L’espace francophone s’avère être un marché en pleine expansion, car la démographie devrait y exploser à l’avenir.

Cependant, c’est surtout sur le continent africain que cette explosion démographique a lieu. Or, la place du français n’y est pas assurée, comme le souligne le rapport Attali sur la francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable. Il a en effet tendance à être supplanté par d’autres langues internationales comme l’anglais, ou des langues locales comme le wolof au Sénégal.

Les avantages commerciaux d’une communauté linguistique

Pour Maria Masood, le premier avantage économique d’une communauté linguistique, provient de la réduction des coûts de transaction et de communication, qui entourent les échanges marchands. En ayant la même langue, les francophones évitent les frais liés aux besoins de traduction.

Par ailleurs, la proximité culturelle induite par l’appartenance à une même communauté linguistique implique, pour les individus, une plus grande probabilité de partager “un ‘dénominateur’ culturel commun” , selon Maria Masood. Les consommateurs partageant une même langue ont ainsi des préférences communes, facilitant la vente des producteurs.

Enfin, la proximité culturelle induit une plus grande confiance entre les personnes ayant une langue en commun : “plus les pays sont culturellement proches, plus grand est le niveau de confiance” , explique la chercheuse.

Quels bénéfices pour l’Union européenne ?

Aucune langue n’est intrinsèquement plus forte qu’une autre” , insiste Maria Masood. Ainsi, en 2014 l’espace lusophone mondial a profité de retombées de l’ordre de 7% du PIB par tête, tandis que les espaces hispanophones et francophones ont profité d’une hausse moyenne de 6%.

Au sein de l’Union européenne cependant, la chercheuse montre qu’entre la France, la Belgique et le Luxembourg, les échanges sont plus importants “de 35% en moyenne par rapport aux autres couples de pays européens qui auraient les mêmes caractéristiques (dont une frontière commune et l’appartenance à la zone euro), mais n’auraient pas le français comme langue commune” .

Outre les pays francophones, il existe au sein de l’Union européenne des pays dans lesquelles une partie importante de la population parle français. C’est le cas du Portugal et des Pays-Bas, où respectivement 24% et 21% de la population sont francophones. Ainsi, Mme Masood suppose que “l’existence de ‘petites poches’ de francophones dans ces pays peut favoriser les échanges” avec la Belgique, la France et le Luxembourg. De même, “il suffit juste d’un noyau de locuteurs francophones au sein d’une entreprise pour favoriser des échanges avec des entreprises situées dans l’espace francophone” .

Il n’existe toutefois pas d’étude empirique sur le sujet, ces pays n’étant généralement pas inclus dans l’espace francophone malgré l’important nombre de locuteurs de langue française. Il est donc difficile d’établir un “seuil critique de francophones qui permet de déclencher des échanges privilégiés au niveau macroéconomique” , explique la chercheuse.

Enfin, au-delà des aspects économiques, la francophonie peut revêtir un caractère stratégique pour les Européens. L’Union européenne pourrait, en particulier, utiliser le français pour améliorer ses relations avec l’Afrique. En y menant une politique active, l’Union européenne pourrait mieux concurrencer la Chine ou le Brésil qui sont déjà partis à la conquête de ce continent.

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