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La corruption reste un défi pour l’UE-27

Alors que les ministres européens des Finances viennent de renforcer, le mardi 8 juin dernier, le pouvoir d’investigation d’Eurostat qui pourra désormais vérifier la fiabilité des statistiques nationales, quel est le niveau de corruption en Europe ? Pierre Verluise, Docteur en géopolitique, Directeur de recherche à l’IRIS et Directeur du site www.diploweb.com analyse les derniers chiffres de la perception de la corruption de Transparency International, et dresse un état des lieux de la corruption dans l’Union européenne.

Une nouvelle forme de convergence ?

9 des 13 pays les plus corrompus de l’Union européenne sont de nouveaux États membres. Cependant, 10 des 12 pays de l’UE où la corruption a diminué entre 2004 et 2009 sont aussi de nouveaux membres. À l’inverse, la situation s’est dégradée dans 12 anciens États membres. S’agit-il d’une nouvelle forme de convergence ?

En 2004 et 2007, les élargissements de l’Union européenne se sont traduits par l’intégration de pays généralement caractérisés par une solide culture de la corruption. La corruption est l’abus d’une charge publique à des fins d’enrichissement personnel. Ces pratiques sapent la concurrence et provoquent des déperditions significatives de ressources destinées au développement.

Comparatif sur la corruption en Europe

carte comparative de la corruption en EuropeL’Indice de Perception de la Corruption 2009 de Transparency International évalue la perception du niveau de corruption affectant les administrations publiques et la classe politique. C’est un indice composite fondé sur 13 différents sondages et enquêtes réalisés par des organismes indépendants. L’IPC 2009 couvre 180 pays et classe les pays sur une échelle de 0 (haut degré de corruption perçu) à 10 (faible degré de corruption perçu). Voir la carte comparative de la corruption réalisée par Touteleurope ici.


Cinq ans après le plus important élargissement que l’Union européenne ait jamais connu, il semble légitime de faire un point de situation. Pour cela, nous disposons de l’Indice de perception de la corruption établi par Transparency International (TI). L’IPC classe les pays en fonction du degré de corruption perçu dans les administrations publiques et la classe politique. L’IPC doit être interprété comme l’évaluation de pays allant de 0 (haut degré de corruption perçu) à 10 (faible degré de corruption perçu). D’une certaine manière, cela s’assimile à une note sur 10. La moyenne mondiale est à 5.

À l’échelle nationale, les IPC des pays membres de l’UE-27 restent très différenciés

De part et d’autre l’IPC moyen pondéré par la population des États de l’UE-27 - soit 6,4 sur 10 - il est possible de distinguer deux groupes de pays membres.

Voici d’abord les 13 pays membres de l’UE les plus corrompus : Grèce, Bulgarie et Roumanie (3,8 sur 10) ; Italie (4,3) ; Lettonie et Slovaquie (4,5) ; Lituanie et République tchèque (4,9) ; Pologne (5, soit la moyenne mondiale) ; Hongrie (5,1) ; Malte (5,2), Portugal (5,8) ; Espagne (6,1).

Notons que ce groupe de 13 pays médiocrement classés en matière de corruption compte 9 nouveaux États membres (NEM). Autrement dit, le poids des situations antérieures à l’adhésion reste significatif.

Observons également que la Grèce, entrée dans l’Europe communautaire le 1er janvier 1981 - soit voici 29 ans - et dans la zone euro depuis 2001 - soit depuis 9 ans - affiche en 2009 un niveau de corruption aussi élevé que la Bulgarie ou la Roumanie, entrées dans l’UE en 2007.

Voici maintenant les 14 pays membres de l’UE-27 les moins corrompus : Estonie, Slovénie et Chypre (6,6 sur 10) ; France (6,9) ; Belgique (7,1) ; Royaume-Uni (7,7) ; Autriche (7,9) ; Allemagne et Irlande (8) ; Luxembourg (8,2) ; Finlande et Pays-Bas (8,9) ; Suède (9,2) et Danemark (9,3).

Ce groupe des pays les moins corrompus de l’UE compte 3 des 12 nouveaux États membres, dont 2 anciens pays communistes. Estonie et Slovénie prouvent qu’il n’y a pas de fatalité liée au post-communisme.

Il importe de poursuivre par une mise en perspective des dynamiques.

Dynamiques

Durant les cinq années de la Commission Barroso I, comment la corruption a-t-elle évolué dans les pays candidats (Roumanie et Bulgarie, entre 2004 et 2007) et membres de ce qui est devenu l’UE-27 ?

Entre 2004 et 2009, seul l’indice de perception de la corruption de la Suède (9,2 sur 10) n’a pas évolué. Les 26 autres pays de l’UE-27 ont vu leur évaluation varier, parfois de façon très significative. Il est possible de distinguer deux groupes inégaux : les pays en régression et les pays en progression.

Les 14 pays de l’UE-27 en régression entre 2004 et 2009 en matière de perception de la corruption sont, classés de la plus importante à la moindre diminution : Malte (-1,6 sur 10) ; Espagne (-1) ; Royaume-Uni (-0,9) ; Finlande (-0,8) ; Autriche, Portugal, Italie et Grèce (-0,5) ; Belgique (-0,4) ; Bulgarie (-0,3) ; Luxembourg, Danemark, Allemagne et France (-0,2).

Notons que ce groupe de pays régressifs ne compte que deux nouveaux États membres, Malte entrée en 2004 et la Bulgarie, entrée en 2007.

Les 12 pays de l’UE-27 en progression entre 2004 et 2009 en matière de perception de la corruption sont, classés de la plus importante à la moindre progression : Pologne (+ 1,5 sur 10) ; Chypre (+ 1,2) ; Roumanie (+ 0,9) ; République tchèque (+ 0,7) ; Slovénie et Estonie (+ 0,6) ; Slovaquie, Lettonie et Irlande (+ 0,5) ; Lituanie et Hongrie (+ 0,3) ; Pays-Bas (+ 0,2).

Relevons que ce groupe de 12 pays en progrès en matière de perception de la corruption rassemble 10 nouveaux Etats membres. Certes, « ils venaient de loin ». Pour autant, voici une information qu’il convient d’intégrer à nos représentations.

Reste à considérer ces évolutions à l’échelle communautaire.

À l’échelle de l’UE-27, des évolutions contradictoires

Les évolutions varient selon les sous-ensembles considérés.

De 2004 à 2009, l’IPC moyen pondéré par le poids relatif de la population des États de l’ex-UE-15 a baissé de 7,35 à 6,89 sur 10. Ce qui représente une dégradation de la corruption perçue de 0,46 point. À l’échelle de l’espace UE-27 puis de l’UE-27, la baisse est moindre, de 6,60 à 6,43 sur 10. Ce qui représente une dégradation de l’indice de 0,17 point.

Enfin, le seul sous-ensemble dont l’IPC moyen pondéré par le poids relatif de la population des États a progressé entre 2004 et 2009 est… celui des NEM-12, de 3,80 à 4,69 sur 10. Soit une amélioration de 0,89 point. Certes, le sous-ensemble des NEM-12 conserve une corruption supérieure à la moyenne mondiale (5 sur 10). Cependant, c’est grâce à ce sous-ensemble que l’IPC moyen pondéré de l’UE-27 ne se dégrade pas davantage.


Les anciens pays membres qui portent probablement les plus lourdes responsabilités sont ceux qui se trouvent en 2009 avec un IPC inférieur à la moyenne pondérée de l’UE-27 : Grèce, Italie, Portugal et Espagne. Comme par hasard, leur situation financière inquiète souvent.


Il importe de tout faire pour que les pays membres de l’UE, nouveaux ou anciens renforcent leurs anticorps à la corruption. Ne serait-ce que pour favoriser leur développement économique.


Copyright 2010-Verluise

En savoir plus :

Lire la version longue de cet article sur Diploweb

Comparatif sur la corruption en Europe - Touteleurope.fr

L’indice de Perception de la Corruption 2009 - Transparency International

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