La fin d’une crise politique de 18 mois
Au terme d’une négociation ayant duré plus de 20 heures, les six partis appelés à composer la coalition ont fini par s’entendre sur la répartition des portefeuilles, mettant ainsi fin à la plus longue crise politique de la Belgique qui a débuté le 13 juillet 2010.
Le pays du souverain Albert II, “affligé par la plus longue durée, de mémoire d’homme, de formation d’un gouvernement” sera donc venu à bout de cette crise institutionnelle sans précédent.
Peu de changements sont intervenus au niveau gouvernemental, les ministres du cabinet intérimaire d’Yves Leterme se retrouvant dans la nouvelle coalition, mais à de nouveaux postes.
La différence majeure étant que les socialistes flamands, jusqu’alors dans l’opposition, ont finalement rallié la majorité des socialistes francophones et des libéraux et démocrates-chrétiens, tant flamands que francophones.
L’un des postes les plus importants en cette période de trouble que traverse l’Union européenne, est celui de ministre des Finances, qui revient au démocrate-chrétien flamand Steven Vanackere, ancien chef de la diplomatie belge.
Elio Di Rupo, l’homme au nœud au papillon
Elio Di Rupo, dont la vie peut être résumée à un “american dream à la belge” , selon Vincent Van Quickenborne du Parti libéral flamand Open VLD, est le premier chef de gouvernement belge de langue maternelle française depuis 1979, et le premier originaire de Wallonie depuis 1974.
Agé de 60 ans, ce francophone, qui est loin de maitriser parfaitement le néerlandais, arrive au pouvoir à un moment où la gauche connait des difficultés en Europe.
Avant de se rendre au prochain sommet européen qui se déroulera jeudi et vendredi à Bruxelles, Elio Di Rupo présentera sa déclaration de politique générale devant les députés mercredi. Le vote de confiance de la Chambre des députés au futur gouvernement devrait intervenir samedi.
Les défis que devra affronter le nouveau gouvernement
La prise de fonctions de la nouvelle coalition intervient dans un contexte difficile, notamment suite à l’abaissement de la note de la Belgique fin novembre de “AA+” à “AA” , avec perspective négative par l’agence de notation Standard and Poor’s.
L’austérité sera donc au programme du nouveau gouvernement, afin de réduire la dette publique dont le montant inquiète les marchés. Elio Di Rupo devra encore agir pour accorder davantage d’autonomie aux régions.
De même, il lui faudra faire face à une crise sociale, les syndicats ayant manifesté vendredi contre la rigueur ont menacé d’organiser des grèves générales.
L’opposition du premier parti flamand
Pour beaucoup, l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle coalition ne fera que mettre entre parenthèses la crise politique que traverse le pays, la pression des marchés ayant poussé la Belgique à agir pour se doter d’un gouvernement.
La nouvelle coalition ne sera pas à l’abri des tensions entre néerlandophones et francophones, les indépendantistes flamands étant en progression continue dans les sondages.
Le parti indépendantiste N-VA juge largement insuffisantes les nouvelles compétences qui devront être transférées aux régions. Le chef de ce parti, Bart De Wever, a répété lundi qu’il ne considérait pas M. Di Rupo comme un Premier ministre légitime, sa coalition n’étant pas soutenue par une majorité de députés flamands.