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L’Union européenne, grande méconnue au cœur de la Lozère

Une vingtaine d’étudiants et quelques chefs d’entreprise se sont retrouvés, jeudi 24 mai, à la Chambre de commerce et d’industrie de Lozère pour participer à une consultation citoyenne sur l’Europe. Les thèmes du jour : citoyenneté européenne, mobilité professionnelle et marché intérieur.

Atelier de réflexion organisé entre étudiants et chefs d'entreprise le 25 mai 2018 à la CCI de Lozère
Atelier de réflexion organisé entre étudiants et chefs d’entreprise, le 24 mai 2018, à la CCI de Lozère

C’est dans la “plus petite chambre de Commerce et d’Industrie” (CCI) de France que se tenait, jeudi 24 mai, une des premières consultations citoyennes sur l’Europe du groupe CCI France. Une initiative dont le président, Thierry Julier, s’est félicité. Car, comme il l’a rappelé en introduction : “s’il n’y avait pas l’Europe, il n’y aurait certainement plus de Lozère” .

Donner la parole aux participants

Pour organiser cette consultation citoyenne, un mail a été envoyé aux différents lycées et établissements de formation de Mende, la préfecture du département, et de ses environs. Il a été demandé à chaque chef d’établissement de sélectionner quelques élèves afin de composer un panel d’étudiants aux parcours et aux projets divers.

Les chefs d’entreprise de la ville ont également été conviés, ainsi que les députés européens de la circonscription. Ce sont finalement, à l’étonnement des organisateurs, majoritairement des étudiants qui ont répondu à l’appel. Accompagnés de leur professeurs, lycéens, étudiants en école d’infirmière, en agriculture, en environnement, en commerce et en économie familiale se sont rendus dès 15h à la CCI de Lozère. Seuls trois chefs d’entreprise ont fait le déplacement, et aucun député européen. Tant pis ! La discussion sera d’autant plus libre et détendue, remarque Mathieu Rissoan, l’organisateur, pour qui cette consultation doit être le reflet des préoccupations mendoises.

Le format de cette consultation se veut exemplaire. Le groupe d’une vingtaine de personnes est ainsi divisé en deux, afin de favoriser les discussions. Au sein de ces groupes, un binôme de rapporteurs, qui feront une restitution à l’autre groupe à la fin des ateliers, sont désignés. L’objectif : impliquer au maximum les participants, afin que la parole se libère et que les discussions soient les plus riches possible.

Citoyens français avant tout

Après un tour de table qui permet à chacun de se rendre compte de la diversité des profils, le premier thème est abordé. Sur le tableau, une question : “Que vous évoque l’Union européenne ?” . Divisés en sous-groupes, les participants ont quelques minutes pour réfléchir. Et déjà, la couleur lozérienne apparaît dans les réponses.

Aux côtés de “l’espace Schengen” et de la notion de “partage” , apparaissent tout de suite le programme “Natura 2000” et la PAC. Des facettes de l’Union d’autant plus présentes au cœur d’un territoire rural, agricole et aux pieds du Parc national des Cévennes. On ne parle pas de paix, ni des symboles, très peu de l’Euro. A cela une explication nette, qui transparaît dès la deuxième question, à propos de la citoyenneté européenne. L’ensemble des participants adhère en effet à l’affirmation “je me sens plus citoyen français qu’européen” . Pour eux, l’exercice de la citoyenneté européenne est avant tout réservé à une catégorie de personnes aisées, qui peuvent voyager.

Lorsque l’on évoque le droit d’initiative, qui permet à un million de citoyens européens issus d’au moins un quart des pays membres de proposer à la Commission européenne de légiférer sur un sujet, c’est l’étonnement. Personne n’en avait jamais entendu parler. “il y a un problème si personne autour de cette table ne connait cette initiative, qui est pourtant très positive. On ne nous informe pas suffisamment sur nos droits”, s’inquiète un étudiant en commerce.

Car des idées pour améliorer l’Union européenne, ils en ont. Il faudrait ainsi harmoniser par le haut les normes environnementales, les politiques de santé publique comme le droit à l’avortement ou l’euthanasie, prendre exemple sur nos voisins pour l’enseignement des langues, l’accueil des réfugiés…

Lourdeur administrative et barrière de la langue

Lorsque l’on aborde la mobilité professionnelle et la mobilité étudiante, professeurs et élèves s’accordent à dire qu’Erasmus+ est une opportunité. D’ailleurs, la plupart des étudiants présents ont déjà participé à un échange ou souhaitent en bénéficier. Un enseignant en charge du développement de programme à l’école d’infirmière, qui y est très favorable et a permis à son école d’obtenir le statut d’école partenaire Erasmus+, témoigne cependant avec quelques réserves. Pour lui, bien que les informations soient facilement disponibles, la lourdeur administrative est un vrai frein. Pour devenir école Erasmus+, il s’étonne d’avoir dû remplir des papiers disponibles uniquement en anglais. Lui qui avoue ne pas bien maîtriser la langue a vécu l’expérience comme une épreuve. Mais le parcours ne s’est pas arrêté là. Pour trouver des stages à ses élèves, il a dû “mendier” auprès d’autres écoles en Europe, avant d’abandonner. Ce sont finalement les élèves, ceux qui maîtrisent l’anglais, qui ont réussi à trouver leur stage.

L’expérience de recrutement d’un chef d’entreprise présent à l’atelier est sollicitée. Ce dernier possède trois entreprises, avec une cinquantaine d’employés. Un peu étonné des chiffres avancés par les élèves sur la meilleure employabilité après un séjour à l’étranger, il avoue ne pas favoriser les profils internationaux. Et c’est même le contraire. Implanté sur le territoire lozérien, il recherche avant tout des personnes qui connaissent la région et le territoire. Une réalité que les étudiants en agriculture confirment. Pour eux, la maîtrise de l’anglais ou un séjour à l’étranger n’est pas forcément un atout.

“On ne comprend pas les conséquences de notre vote”

Les discussions se poursuivent pendant plus d’une heure et demie et les tableaux se remplissent de remarques, idées, propositions. La question du marché unique est vite abordée, pour, une fois de plus, prendre une couleur locale. La préoccupation des élèves est en effet de favoriser la consommation et les monnaies locales plutôt que de profiter d’un grand marché unique. Le chef d’entreprise, lui, en voit pourtant bien les avantages, surtout à l’export.

Dans les cinq minutes restantes, on réalise un sondage : qui est au courant des prochaines élections européennes ? Seules deux personnes, sur un groupe de onze, le sont. Et personne ne saurait citer un député européen, à part José Bové. Une nouvelle fois, des voix s’élèvent : “le problème, c’est qu’on ne comprend pas les conséquences de notre vote. On vote pour des inconnus qui ensuite travaillent sur on ne sait pas quoi.”

Pour conclure, la restitution entre les deux groupes démontre de grandes similarités dans les réflexions. Porte-parole d’un des deux ateliers, l’un des chefs d’entreprise résume : “au final, ce qu’on a compris, c’est qu’il y a un manque d’information sur l’Union européenne” .

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