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L’Union européenne face au chômage des jeunes

Malgré un taux de chômage en baisse, 4 millions de jeunes Européens restent aujourd’hui sans emploi. De la “garantie jeunesse” à l’Erasmus des apprentis, l’Union européenne s’efforce d’apporter des solutions pour leur permettre de mieux s’insérer sur le marché du travail. Dans cette Europe de la discorde, la nécessité de soutenir l’emploi des jeunes fait l’unanimité. Pourtant, les efforts doivent encore être accentués.

L'Union européenne face au chômage des jeunes

L’Europe en panne d’attractivité

Ces six dernières années, la situation des jeunes Européens sur le marché de l’emploi s’est considérablement dégradée en raison de difficultés croissantes à l’entrée sur le marché du travail. En octobre, plus de 4 millions de jeunes Européens (hors étudiants) n’avaient pas d’emploi. Écart croissant entre formation et attentes des employeurs, multiplication des stages souvent non rémunérés, précarisation des emplois et quête de productivité en sont autant de causes identifiables.

La crise semble en effet avoir frappé de plein fouet et plus durablement les jeunes. Alors que le chômage global dans la zone euro cette année est au plus bas depuis 2011 avec un taux de 10,2 %, celui des jeunes, en revanche, culmine toujours à 18,5 %. La crise semble donc avoir confirmé, voire accru, la vulnérabilité des jeunes Européens en quête d’un emploi, puisqu’en 2007 15 % d’entre eux étaient déjà au chômage contre 7,2 % de l’ensemble de la population européenne.

De grandes disparités entre pays européens

Cette tendance générale morose est cependant à relativiser, puisqu’un réel déséquilibre existe entre jeunes Européens sur cette question majeure de l’emploi. L’Allemagne est le seul pays de l’Union européenne à se situer sous la barre des 10 % de taux de chômage chez les jeunes, avec seulement 6,9 % d’entre eux sans emploi, suivie par les Pays-Bas à 10,5 % et la République tchèque - 10,7 %. La Grèce est au contraire à l’autre bout du spectre le pays européen au taux de chômage chez les jeunes le plus élevé, à 46,5 %.

L’Union européenne se mobilise pour ses jeunes

Dès 1997, le volet “Emploi” a été intégré au Traité sur l’Union européenne, soulignant ainsi la nécessité d’un rassemblement des pays européens sur ces questions. Mais face à l’ampleur de la crise économique et de ses conséquences, la Commission européenne a proposé en 2012 un nouveau paquet “emploi des jeunes” , pour offrir une garantie d’emploi pour la jeunesse, améliorer les conditions d’emploi des stagiaires au sein de l’UE et enfin créer une alliance européenne pour favoriser l’apprentissage et la mobilité.

Dans la foulée, en 2013, l’Italie suivie par la France et l’Allemagne ont lancé un “New Deal” européen pour la jeunesse et l’emploi des moins de 25 ans. Ce plan s’organise autour de mesures phares comme la création d’un programme d’échange pour les apprentis, un accès facilité au crédit et des aides à la création d’entreprises ainsi qu’une garantie pour la jeunesse.

Ce dernier projet, fruit d’une initiative globale de l’UE, vise à offrir à chaque jeune de moins de 25 ans au chômage une offre de qualité (emploi, apprentissage, stage ou formation continue), dans un délai de quatre mois à la suite de sa scolarité ou de la perte d’emploi. Soit un investissement de 21 milliards d’euros par an au niveau européen, 0,22 % du PIB de l’UE.

Le 4 octobre 2016 la Commission européenne s’est félicitée du succès de son initiative pour l’Emploi des jeunes, signalant que désormais l’UE comptait 1,4 million de jeunes chômeurs de moins. Le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker avait affirmé dans son discours sur l’État de l’Union le 14 septembre dernier : “Je ne peux pas accepter, et je n’accepterai jamais, que l’Europe soit et reste le continent du chômage des jeunes” .

Pour sauver l’Europe, sauvons ses jeunes

Pour son dernier discours à Bruxelles devant le Conseil européen, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a souhaité évoquer le 15 décembre dernier l’enjeu de l’emploi des jeunes Européens à l’heure de la montée des inquiétudes des citoyens quant à leur avenir.

Martin Schulz a reconnu l’efficacité des mesures prises pour soutenir la jeunesse - qui ont permis de réduire de manière régulière le niveau du chômage des jeunes depuis le pic de 2013 - tout en regrettant les restrictions budgétaires multiples qui ont frappé ces initiatives tout au long de l’année 2016.

Il est selon lui “inacceptable que, dans quatre Etats membres de l’Union, près d’un jeune sur deux soit sans emploi et qu’il ne suive ni études, ni formation”. Grand défenseur du Parlement européen, Martin Schulz a ainsi tenu à féliciter les députés pour avoir permis au terme de longues négociations d’allouer un demi-milliard d’euros supplémentaires en 2017 à la “garantie pour la jeunesse” .

D’autant que le rapport coût-bénéfice de cette initiative européenne est positif. A contrario, les jeunes sans emploi, ni éducation ou formation coûteraient, selon l’agence Eurofound - European Foundation for the Improvement of Living and Working Conditions - 153 milliards d’euros par an à l’Union européenne, soit 1,21 % de son PIB, en allocations et pertes de revenus et d’impôts.

Les chantiers restent néanmoins nombreux. Le Conseil européen le rappelait dans ses conclusions du 15 décembre, appelant à poursuivre les travaux sur les propositions de la Commission, “notamment celles relatives à la mobilité, à l’éducation, au développement des compétences et au corps européen de solidarité” .

Pour l’UE, il semble donc crucial de répondre aux attentes de cette génération souvent appelée “génération perdue” , à une époque où l’UE essuie des revers à répétition. Il s’agit tout autant d’une question de légitimité que de crédibilité pour le projet européen.

Par Céline Schmitt, dans le cadre de notre partenariat avec l’institut Open Diplomacy

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