Les lignes bougent, mais le marasme économique persiste
“Hier, j’étais à Bruxelles parce que je voulais partager ma conception de l’Europe avec la Commission européenne” . Après seulement deux minutes de discours, François Hollande a tenu à assumer et valoriser sa stature internationale. Se félicitant du délai supplémentaire de deux ans obtenu par son gouvernement pour ramener le déficit public français en-dessous des 3% du PIB, le chef de l’Etat a confirmé sa volonté de “faire bouger les lignes en Europe” . Des lignes qui ont déjà été repoussées depuis le début du quinquennat, avec la “stabilisation de la zone euro” , l’introduction de nouveaux “instruments de solidarités” et le rapprochement des pays européens autour de l’Union bancaire.
Mais l’Europe reste malade. Hollande a hier désigné l’ennemi : la récession et les politiques d’austérité, qui vont souvent de pair et s’auto-entretiennent mutuellement. Face à ce fléau pour l’économie européenne et ses citoyens, le Président propose une stratégie “offensive”, pour faire encore bouger les lignes et sortir du carcan néo-libéral critiqué de toutes parts.
Quatre avancées, quatre lignes directrices
Pour sortir “l’Europe de la langueur qui la saisit” et redonner confiance en l’Union, François Hollande a proposé un plan d’action en quatre points. Le mot d’ordre : approfondir. La construction européenne doit être relancée, et cela passe tout d’abord par l’instauration d’un véritable “gouvernement économique”. Inévitable pour certains, inenvisageable pour d’autres, la proposition a de quoi susciter l’intérêt des observateurs. “Un Président, nommé pour une durée longue et affecté à cette seule tâche” , réunirait chaque mois des dirigeants européens et nationaux, pour avancer et débattre des questions économiques, financières, fiscales et sociales.
Si la proposition est ambitieuse, elle semble à l’heure actuelle impossible à mettre en œuvre, du fait de la montée des partis eurosceptiques en Europe et de la proximité des prochaines élections fédérales allemandes, en septembre prochain. L’émergence du parti anti-euro “Alternative für Deutschland” et le besoin de rassurer les contribuables allemands, qui craignent une mise à contribution forcée dans le cadre de futurs plans de sauvetage, ne devrait pas inciter la chancelière Merkel à approuver une quelconque avancée fédéraliste en matière d’économie.
De plus, cette proposition manque de clarté et de détail : quelle composition ? Quels mandats ? Quel mode d’élection pour son président ? Les contours du gouvernement économique sont encore flous. De même pour l’Union politique, qui devrait aboutir d’ici deux ans pour le président de la République : “La France est disposée à donner un contenu à cette Union politique. Deux ans pour y parvenir, et quels que soient les gouvernements qui seront en place” . Pour rajouter à la solennité du moment, il ajoute que “Ce n’est plus une affaire de sensibilité politique, c’est une affaire d’urgence européenne” . Le constat est clair et réaliste, mais les solutions sont encore floues.
Les deux autres points du plan d’action sont quant à eux plus pragmatiques. Un cadre général et des investissements massifs pour la formation et l’emploi des jeunes sont indispensables, accompagnés de financements importants pour les nouvelles industries et les “nouveaux systèmes de communication” . Plus surprenant, la transition énergétique devient une priorité européenne de François Hollande, qui veut voir éclore une “Communauté européenne de l’énergie destinée à coordonner tous les efforts pour les [énergies] renouvelables” .
L’emploi et la croissance durables, deux objectifs avec lesquels les Vingt-Sept devraient être en accord. Pour l’approfondissement de la construction européenne et l’Union politique, cela sera sûrement plus compliqué.
En savoir plus
Conférence de presse de François Hollande - Site de l’Elysée