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L’Europe sous influence américaine ?

Correspondante à Bruxelles de plusieurs titres de presse et enseignante à Sciences Po, Florence Autret est une spécialiste de l’influence des groupes d’intérêts dans la capitale européenne. Dans “L’Amérique à Bruxelles” , elle élargit le champ de ses investigations et cherche à démontrer que “l’Union européenne, comme puissance politique et réglementaire, est le fruit d’une dialectique atlantique” .

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Américains voyaient volontiers la construction du marché commun comme une contrepartie à l’effort consenti par les Etats-Unis pour la défense de l’Europe de l’Ouest. Les Etats-Unis ont donc soutenu l’initiative de Jean Monnet, à laquelle des hommes du département d’Etat ont contribué à donner corps. Une “dialectique transatlantique faite de concurrence et de convergence” est née, que Florence Autret décrit et illustre abondamment.

Ce sont par exemple les entreprises américaines, écrit-elle, qui ont “fait de l’espace public bruxellois ce qu’il est” en alimentant think tanks et advocacy groups. Ce sont aussi elles qui ont inventé “l’industrie de l’influence” qui prospère à Bruxelles, et rédigé “la grammaire du microcosme bruxellois” . Au-delà de ces jeux d’influence, Florence Autret montre comment la défense des intérêts américains en Europe a parfois conduit les autorités des deux rives de l’Atlantique à s’affronter, comme ce fut le cas dans l’ “affaire Microsoft” , et à quels jeux d’influence a donné lieu l’adoption du règlement REACH, qui fait de l’Union européenne une “puissance normative” globale.

L’auteur illustre encore le dialogue entre les deux rives de l’Atlantique par les négociations qui ont accompagné la mise en œuvre du projet européen Galileo, concurrent du GPS américain, ou les pressions exercées sur les Européens par les Etats-Unis, après le 11 septembre 2001, pour qu’ils renoncent à la confidentialité des données personnelles des passagers des vols transatlantiques. Tandis que la Commission menait le bras de fer des “données passagers” , elle renforçait ses prérogatives et la légitimité du Commissaire en charge de la justice et des affaires intérieures.

Florence Autret conclut sa démonstration en soulignant que ce qui est en jeu pour les Européens, c’est “la maîtrise de leur destin” . Pour sauvegarder son autonomie de décision, l’Union européenne ne peut qu’aller plus loin, en accordant plus de moyens à son administration, en menant des réformes institutionnelles profondes et en renforçant la crédibilité de sa politique de sécurité commune, dont les déficiences sont au cœur de la relation transatlantique.

Florence Autret, L’Amérique à Bruxelles, Le Seuil, 2007

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