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L’Europe de la défense minée par le veto anglais au QG militaire européen

Malgré un soutien de la majorité des Etats membres, le Royaume-Uni rejette la proposition formulée par la haute représentante de l’Union Européenne, Catherine Ashton, de créer un quartier général opérationnel permanent.

Lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères tenue ce lundi 18 juillet à Bruxelles, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a clairement opposé son veto au projet d’un état-major opérationnel permanent, condamnant là une proposition requérant l’unanimité pour être adoptée.

Le triangle de Weimar, représenté par la France, l’Allemagne et la Pologne, souhaitait relancer le chantier de la défense en mettant fin à l’actuel système de commandement des opérations européennes, reposant sur cinq QG nationaux (français, britannique, italien, espagnol ou allemand). Catherine Ashton avait été chargée dès décembre de rédiger un rapport pour donner une nouvelle impulsion à la politique de défense européenne. Certes, l’UE dispose déjà d’un état-major mais celui-ci s’apparente davantage à une cellule d’évaluation et planification.

Mais les efforts de Mme Ashton ont été arrêtés en plein élan alors que le chef de la diplomatie britannique a affirmé que “le Royaume-Uni ne donnera son accord ni maintenant ni à l’avenir à un QG permanent de l’UE” et que ce projet représentait “la ligne rouge” à ne pas dépasser. En cause dans ce projet : la redondance que cela créerait avec les structures de l’OTAN et les coûts que cela impliquerait.

Une décision qui tranche avec l’apparente unité du couple franco-britannique affichée sur ce dossier depuis quelques temps. Les deux pays ont signé deux traités de coopération en matière de sécurité et de défense lors d’un sommet tenu à Londres en novembre 2010 et ont tous deux poussé à l’intervention militaire en Lybie, manifestant ainsi un profond désir de faire avancer les choses en matière de défense européenne.

Créée depuis le traité d’Amsterdam, la coopération renforcée permet aux Etats membres les plus ambitieux d’approfondir la coopération entre eux tout en laissant la porte ouverte aux autres Etats membres susceptibles de suivre ultérieurement.
Elle a été étendue à la défense avec le traité de Lisbonne, avec la procédure de coopération structurée permanente.
Celle-ci se met en place entre les États membres qui ont des critères plus élevés de capacités militaires et ont souscrit des engagements plus contraignants en vue de missions les plus exigeantes.
Aucun seuil minimum d’Etats membres n’est requis et le Conseil l’autorise à la majorité qualifiée.



Le Royaume-Uni a même tenu à ce que les termes de “QG permanent” soient éliminés du texte de conclusion de la réunion ministérielle. Mais le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, refuse dans ce cas de discuter un texte vidé de sa substance, préférant “ne pas avoir de conclusions si dans les conclusions on ne poursuivait pas la réflexion sur la base des propositions de ce rapport” .

Pour M. Hague, la priorité va plutôt à l’amélioration des capacités de défense de l’Europe, avec par exemple un déploiement plus rapide des commandants des opérations. Mais il est d’avis que l’OTAN doit rester le lieu privilégié de la concertation.

Pour autant, il serait précipité de conclure que le Royaume-Uni raye d’un trait toute l’Europe de la défense. Le traité de Lisbonne prévoit en effet des moyens de surmonter ce type d’obstacles, pour peu que la volonté politique des autres Etats soit réelle, en ayant recours par exemple à la coopération renforcée ou à la coopération structurée permanente.

Mais une décision commune de mettre en place un QG opérationnel européen aurait pu redorer le blason de l’Europe de la défense, déjà bien terni par les divergences de positions des pays européens sur le dossier libyen et l’incapacité de l’Europe d’agir seule.



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