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Jour J pour le référendum irlandais sur le traité de Lisbonne

La campagne est à présent close en Irlande, et c’est aujourd’hui, entre 7h et 22h, que les Irlandais se rendront aux urnes. Depuis mercredi soir, un moratoire a mis fin à la campagne politique ainsi qu’aux débats dans les médias. Les Irlandais peuvent donc sereinement réfléchir à leur choix, pour ou contre le traité, à l’abri de l’effervescence des derniers jours de campagne.

Après un mois d’août relativement calme, la campagne a redoublé d’intensité en septembre. Les débats de l’année dernière ont été repassés en boucle et les affiches recyclées sauf que, cette fois, les visages des politiques n’y figuraient pas.

En effet, depuis 2008, la société civile s’est réveillée et a été au devant des débats. Plusieurs nouveaux groupes se sont mobilisés pour le oui. Pat Cox (ancien président du Parlement européen) a pris la tête d’un réseau Ireland for Europe qui s’est décliné dans toutes les formes possibles : les femmes pour l’Europe, les agriculteurs pour l’Europe, les artistes pour l’Europe, les entreprises pour l’Europe… En termes de masse critique le oui a décollé sans commune mesure avec le premier référendum en 2008.

Même si parfois on retrouvait l’équivalent du coté des partisans du non - les agriculteurs pour le non par exemple - ces groupes restaient très minoritaires. Le Sinn Fein, le seul parti politique opposé au traité, n’a pas réussi à convaincre les électeurs qu’une nouvelle négociation serait possible.

Cette fois, toute la classe politique s’est impliquée, mettant l’intérêt général de l’Irlande avant les enjeux de pouvoir nationaux. Les partis d’opposition conseillent à leurs sympathisants de ne pas se laisser tenter par un vote de protestation contre le gouvernement.

La défaite de Libertas aux élections européennes au mois de juin a facilité la campagne du oui. Les partis politiques avaient été pris de court par l’ascension éclair de M. Ganley et sa campagne très provocatrice en 2008. Mais cette fois-ci, M. Ganley a rencontré un adversaire à sa mesure en la personne de Michael O’Leary, le PDG de Ryanair. Leur duel télévisé, où Michael O’Leary a traité M. Ganley de “politique raté” , a été un des débats les plus mémorables de la campagne.
Ce retournement de l’opinion publique, qui se dessinait dans les sondages depuis l’automne dernier, est dû en grande partie aux garanties que l’Etat irlandais a négociées au niveau européen et bien sûr à la crise économique. Ces points essentiels ont été mis au cœur de la campagne et se retrouvent dans les slogans des affiches principales de la campagne : “votez oui pour garder votre Commissaire” et “votez oui pour l’emploi” .

M. Cowen n’aurait jamais pu organiser un nouveau référendum sans les changements concrets qui sont intervenus depuis l’échec de juin 2008. Il était donc essentiel pour le gouvernement de Fianna Fail de répondre aux inquiétudes de ses citoyens par des garanties juridiquement contraignantes obtenues de Bruxelles pour pouvoir présenter une nouvelle proposition.

Surtout, le fait d’avoir arraché au Conseil européen un compromis sur le maintien d’un commissaire irlandais a été l’élément décisif qui a permis à M. Cowen de s’adresser à nouveau à ses électeurs pour leur redemander de ratifier le traité de Lisbonne. Les autres garanties sur les sujets tels que l’avortement ou la conscription servaient uniquement à clarifier ce qui n’était pas inclus dans le traité.

La crise économique très dure qui s’ajoute à l’éclatement de la bulle immobilière en Irlande a nettement joué en faveur de la campagne du oui. Le gouvernement a pu présenter la question en termes de survie économique nationale. Selon lui, la ratification du traité de Lisbonne serait le premier pas vers la reprise économique. Depuis le premier référendum le chômage a doublé pour atteindre 12,5 %.

Les irlandais, qui étaient si confiant dans leur modèle économique, se sentent aujourd’hui fragilisés, et se rendent compte que voter une deuxième fois contre le traité aurait de lourdes conséquences économiques et politiques pour l’Irlande. Cette fois-ci la peur semble être du coté du oui et les Irlandais semblent penser qu’ils auraient plus à perdre qu’à gagner en votant non.

Alors que l’avenir des 27 pays est entre les mains de l’électorat irlandais deux scénarios se dessinent. La première hypothèse d’une ratification ouvrirait la voie à l’entrée en vigueur du traité en supposant que la Pologne et la République tchèque complètent leurs procédures de ratification. Le deuxième scénario plus sombre d’un deuxième refus du traité enterrerait des années de réformes institutionnelles. Une chose est sûre : il n’y aura pas de troisième tour en Irlande.

Le suspense sera maintenu jusqu’à samedi car en Irlande le dépouillement des urnes ne débute que le lendemain des votes. Rendez-vous donc demain sur notre site pour les premières estimations en direct de Dublin tout au long de la journée.

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