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Jeroen Dijsselbloem, cet inconnu qui préside l’Eurogroupe

Jeroen Dijsselbloem ? Si ce nom ne vous évoque rien, pas de panique, c’est normal. Le nouveau président de l’Eurogroupe est en effet peu connu du grand public. Et pourtant, cet homme politique néerlandais, actuel ministre des Finances du gouvernement de Mark Zutte, a été élu lundi 21 janvier par ses pairs président du Conseil des ministres des Finances de la zone euro.

Sous le feu des projecteurs depuis plusieurs jours, M. Dijsselbloem fait l’objet de nombreuses critiques de la part des journalistes européens, qui mettent notamment en avant son manque de charisme et son inexpérience, deux qualités reconnues à son prédécesseur Jean-Claude Juncker. Il sera d’ailleurs difficile de faire oublier le Luxembourgeois, qui a dirigé pendant huit ans cette institution au combien importante.

Un candidat mystérieux mais idéal pour le poste

Certains journaux en ligne se sont permis de critiquer de vive voix l’inexpérience du ministre néerlandais des Finances, considéré par beaucoup d’observateurs comme élu uniquement par défaut, et pour son origine géographique. Certains soulignent notamment son appartenance à un des rares pays encore dotés d’un triple A. En bref, Jeroen Dijsselbloem aurait été choisi pour l’image de son pays, et non pour ses qualités intrinsèques. Venir d’un pays fondateur de l’Union, qui a peu souffert de la crise économique, est sans doute un avantage certain.

Alors que Jeroen Dijsselbloem devient président de l’Eurogroupe, c’est l’heure du bilan pour Juncker

Mais, dans le même temps, les qualités de l’homme sont nettement critiquées. L’inexpérience de l’homme et son statut de quasi-inconnu à l’échelle de l’Europe suscitent de nombreuses interrogations. Le nouveau président est même assimilé à une “page blanche” , inscrit dans la tendance actuelle à la nomination d’outsiders aux plus hauts postes de l’Union. En témoignent les désignations d’Herman Van Rompuy et de Catherine Ashton en 2010. Cette inexpérience contraste forcément avec l’image de son illustre prédécesseur, fervent défenseur et artisan de la création de la monnaie unique, et présent sur tous les fronts, qu’ils soient grec, portugais, irlandais, espagnols ou italiens.

A côté de la stature de Jean-Claude Juncker, il semble difficile pour n’importe quel candidat d’imposer sa marque, ou de se faire une place au sein de l’Eurogroupe. La tâche s’annonce donc ardue pour le Néerlandais, dont le caractère d’homme de l’ombre et de technicien pourrait lui faire défaut dans l’exercice de ses fonctions. Néanmoins, ses qualités de médiation et d’écoute, ainsi que sa modération naturelle, ont fait pencher la balance en sa faveur lors du scrutin.

Une poursuite probable des politiques d’austérité dans la zone euro

En revanche, ses positions idéologiques, parfois contradictoires, ont fait jaser dans toute l’Eurozone. En effet, malgré son attachement au parti social-démocrate néerlandais, dont il est l’une des figures les plus importantes, Jeroen Dijsselbloem ne semble pas vouloir infléchir la tendance actuelle à l’imposition de politiques de rigueur aux populations des pays d’Europe du Sud. Fondamentalement confiant dans les effets bénéfiques de l’austérité et de l’équilibre budgétaire sur l’emploi et la croissance, il ne faut donc pas s’attendre à un virage idéologique fondamental pendant le mandat de M. Dijsselbloem. Il devrait tenter, sans aucun doute, de faire appliquer le même type de cure d’austérité que celle qu’il fait subir à ses compatriotes depuis plusieurs mois.

L’Eurogroupe peut être intégré, avec le FMI et la BCE, à ce que l’on appelle la “troïka” européenne. Son nouveau président devrait avoir une grande influence dans la gestion des prochaines négociations entre le gouvernement de Mariano Rajoy, ou celui d’Antónis Samarás, et l’Union.


La mise en place prévisible de ces nouvelles cures n’est d’ailleurs pas du goût de tous au sein de la zone euro. Le ministre français de l’Economie Pierre Moscovici a notamment demandé des éclaircissements sur le programme du candidat Dijsselbloem, craignant que ce dernier ne dissimule, sous les termes d’équilibre budgétaire et de stabilité, la poursuite des politiques d’austérité. L’élection du Néerlandais, qui ne semblait pas faire l’ombre d’un doute ces derniers jours, a pourtant fait l’objet d’une légère contestation lors de sa nomination officielle lundi 21 janvier. Le représentant espagnol a refusé de soutenir Jeroen Dijsselbloem, craignant que les positions pro-austérité du nouveau président de l’Eurogroupe n’aggravent encore la situation économique du pays.


Le soutien d’Angela Merkel et de certains autres dirigeants de la zone euro devraient cependant constituer une garantie suffisante pour le Néerlandais, qui aura fort à faire durant les premières semaines de son mandat. Le déblocage d’une aide financière à Chypre ainsi que l’amélioration de la situation financière de l’euro vis-à-vis du dollar feront partie des grands chantiers de ce début d’année. A charge pour le nouveau président d’imposer sa marque et de réaliser les missions qui lui sont (et lui seront) assignées jusqu’en juin 2015.

En savoir plus :

Eurogroup : Jeroen Dijsselbloem - Work Programme - 21/01/13 - Conseil de l’UE

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