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Jean Chapelon : “L’UE peut jouer un rôle important pour faciliter les échanges entre les pays européens sur les connaissances en sécurité routière”

A l’occasion de la première journée européenne sur la sécurité routière dédiée aux jeunes conducteurs, Jean Chapelon, Secrétaire général de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, revient sur le rôle de cet organisme et sur le programme de la Commission européenne 2003-2010.

Vous dirigez l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Quel est son rôle ? Travaillez vous en collaboration avec vos homologues européens ?

L’Observatoire national interministériel de sécurité routière est un petit organisme chargé de rassembler toutes les données pertinentes pour connaître et comprendre l’insécurité routière en France. En particulier, il gère le fichier national des accidents, il fait des mesures périodiques sur les vitesses pratiquées et publie régulièrement des études et des évaluations.

L’Observatoire travaille régulièrement avec ses homologues européens et la commission sur le projet CARE de base de données européennes des accidents ainsi que sur le projet Safetynet d’Observatoire européen. L’Europe peut en effet jouer un rôle important pour faciliter les échanges entre les pays européens sur les connaissances en sécurité routière et sur les bonnes pratiques.

La Commission européenne a lancé un programme d’action 2003-2010 destiné à améliorer la sécurité routière. De quoi s’agit-il ? Quel est l’impact de ce programme en France ?

Le programme d’action européen 2003-2010 vise à atteindre l’objectif de l’UE de réduire de moitié le nombre de tués à l’horizon 2010. Il énumère des mesures concrètes pour inciter les usagers à un meilleur comportement, rendre les véhicules plus sûrs et améliorer les infrastructures routières. Les propositions de la Commission européenne concernent notamment des mesures législatives, la mise à disposition de moyens financiers, l’aide à la diffusion des bonnes pratiques et à la collecte et l’analyse des données relatives aux accidents, ainsi que les activités de recherche et développement.

Ce programme s’appuie sur le principe de la responsabilité partagée entre tous les niveaux local, régional, national et communautaire afin de mettre en oeuvre les mesures les plus efficaces au niveau le plus approprié. Ce programme est un cadre stimulant pour diffuser les bonnes pratiques européennes au niveau national.

Pourquoi la France, qui comptabilise chaque année 20 % des morts européens sur les routes, ne parvient-elle pas à diminuer le nombre de décès et d’accidentés alors que d’autres pays, comme les Pays-Bas et la Suède, ont su le faire ?

Etant donné son poids démographique, la France représente effectivement une part importante des accidents au sein de l’Europe. Mais elle a réalisé de très grands progrès au cours des dernières année (plus de 40 % de baisse du nombre des tués depuis 2001) qui font qu’elle s’est sensiblement rapprochée du peloton de tête de l’Europe.

Dans une étude que vous avez réalisée pour l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, parue le 28 mars 2007, vous indiquez que si aucun automobiliste ne téléphonait en conduisant, il y aurait une réduction de 7 à 8% du nombre d’accidents dans l’Hexagone. Selon une étude de l’IFOP réalisée en décembre 2006, 44% des sondés déclarent utiliser leur téléphone en conduisant. Comment peut-on sensibiliser les conducteurs à ne pas enfreindre cette règle ? Qu’en est-il dans les autres Etats membres ?

Nous sommes effectivement parti d’une étude Australienne qui a quantifié le sur-risque du téléphone au volant de l’ordre de 4, et nous nous sommes demandé quel enjeu cela pouvait représenter en France. Nous avons donc commandé ce sondage IFOP qui nous a permis de savoir combien de Français téléphonaient au volant et avec quelle fréquence.

Ce sont ces données qui nous ont permis d’avancer une estimation de l’ordre de l’enjeu du téléphone portable au volant de 7 à 8 %. Ces chiffres concernant la pratique sont très similaires aux chiffres observés dans d’autres pays comme la Grande Bretagne qui a pratiqué des mesures au bord de la route. Pour progresser, il faudra surtout mieux communiquer car on observe que ceux qui téléphonent ne sont pas vraiment convaincus des risques auxquels ils s’exposent.

Propos recueillis le 26/04/07

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