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Jacqueline Hénard : “La politique européenne de l’Allemagne ne devrait pas changer”

Interviewée par Touteleurope.eu, l’essayiste franco-allemande Jacqueline Hénard analyse les enjeux européens de la victoire d’Angela Merkel aux élections du 22 septembre.

Presidence allemande de l'Union européenne

Selon l’Agence France Presse, Angela Merkel confirme au lendemain des élections son statut de “femme la plus puissante du monde” . Partagez-vous cet avis ?

La victoire personnelle d’Angela Merkel est effectivement historique. Les sondages Sorties des Urnes montrent que la plupart des électeurs ont donné leur voix à la CDU parce qu’elle était incarnée par Angela Merkel. Il s’agit donc en grande partie d’une victoire personnelle.

Mais au niveau interne, la CDU n’a pas obtenu la majorité absolue : elle doit donc trouver un partenaire de coalition. Or les négociations s’annoncent difficiles. Angela Merkel est donc une femme puissante à l’extérieur, mais elle devra faire des compromis à l’intérieur.

Quels sont les principales réformes que devra mener Angela Merkel au niveau national ?

Parmi les dossiers importants figurent la transition énergétique, aujourd’hui mal engagée, la question d’une répartition plus égale des impôts, ou encore les très bas salaires dans certaines branches. Sur ce dernier point, Mme Merkel devra trouver un compromis pour mettre en place un “salaire minimum” , qui ne sera toutefois pas identique au SMIC français.

La campagne de la CDU a repris nombre de propositions du SPD. On a ainsi pu assister, pour le parti conservateur, à une campagne très au centre, voire au centre-gauche sur certaines mesures.

Le choix du partenaire de coalition va-t-il influencer la politique européenne de l’Allemagne ?

Il faut bien distinguer la politique intérieure et extérieure. Concernant cette dernière, et notamment sur la politique européenne, aucune différence fondamentale n’est à noter entre les partis de gouvernement.

La politique européenne de l’Allemagne ne devrait donc pas changer. Angela Merkel se sait en harmonie avec son électorat quand elle souhaite toujours faire en sorte que les pays du Sud retrouvent une compétitivité en acceptant de mener des réformes structurelles. L’Allemagne en a fait l’expérience, de même que les pays membres post-communistes.

L’ “orthodoxie budgétaire” est un terme peu usité en Allemagne. Toutefois, il est certain qu’un allié SPD ou Vert dans la coalition gouvernementale poussera la CDU à répondre avec plus de souplesse aux demandes des autres pays concernant leur situation sociale.

Mais le plus grand défi de la chancelière au niveau européen, c’est de faire en sorte que les prochaines élections européennes limitent l’ascension des partis populistes.

Le nouveau parti “anti-euro” AfD a obtenu presque 5% des voix. Angela Merkel devra-t-elle désormais compter sur l’émergence d’un sentiment eurosceptique ?

Ce parti n’a rien à voir avec les mouvements anti-européens que l’on peut trouver dans d’autres pays. En Allemagne, une partie de la population a le sentiment que les programmes de sauvetage répondent à l’urgence sans tenir compte des forces de ceux qu’ils engagent. Elle se sent dépassée, voire dupée par une politique au nom d’une politique sans appel selon le principe “TINA” (there is no alternative) et elle y répond par une voix protestataire.

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