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Herman Van Rompuy : c’est reparti pour un mandat ?

Selon plusieurs journaux européens (dont l’espagnol El Mundo et le belge L’Echo) Herman Van Rompuy devrait être reconduit dans ses fonctions de président du Conseil européen pour les deux ans et demi à venir lors de la prochaine rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, les 1er et 2 mars prochains. Un mandat qui sera de plus élargi puisqu’il présidera également les Sommets de la zone euro. Sa nomination avait laissé perplexe bon nombre d’observateurs en 2009, et on ne peut pas dire que sa notoriété se soit accrue avec le temps. Un choix par défaut ?

Herman Van Rompuy, seul candidat à sa succession ?

Biographie

Herman Van Rompuy est né à Etterbeek (Belgique) le 31 octobre 1947. Attaché au service d’études de la Banque nationale, il devient vice-président des Jeunes CVP (conservateur) en 1973, puis membre du bureau de parti en 1978. Membre de plusieurs cabinets ministériels et enseignant, il préside le CVP de 1988 à 1993. Ministre du Budget dans les gouvernements Dehaene I et II jusqu’en 1999, il s’attaque avec succès au déficit budgétaire du royaume. Après la victoire en 1999 de la coalition “arc-en-ciel” menée par Guy Verhofstadt, Herman Van Rompuy devient député de l’opposition puis président de la Chambre des Représentants en 2007. Suite à la crise politique qui secoue la Belgique, Herman Van Rompuy est désigné par le roi Albert II en décembre 2008 pour diriger le gouvernement de coalition. Succédant ainsi à Yves Leterme, il parvient à réconcilier partiellement Flamands et Wallons et à relancer la politique belge. Il quitte ses fonctions fin 2009.

Que le Belge Herman Van Rompuy rempile pour un second mandat à la tête du Conseil européen ne semble étonner personne. D’ailleurs, rares sont les médias européens ayant relayé l’information. Parce que celle-ci n’en est qu’à l’état de rumeur, et que rien n’est encore joué ? Pas vraiment. Si les dés semblent jetés, c’est que M. Van Rompuy serait le seul candidat à sa succession.

Sa nomination le 19 novembre 2009 avait fait bien plus de bruit. La mise en place d’un président permanent du Conseil européen par le traité de Lisbonne avait porté avec elle une bonne dose d’espoir européiste : allait-on enfin avoir une forte personnalité au plus haut sommet de l’Union ? L’Europe allait-elle enfin avoir un visage, identifiable non seulement par ses propres citoyens mais aussi sur la scène internationale ? Les Etats allaient-ils oublier leurs intérêts nationaux pour confier au ‘chef’ de l’Union les rênes de la politique européenne ?

A l’époque, le choix des chefs d’Etat européens avait paru plus que surprenant. Et avait créé une certaine désillusion. Alors que ceux qui souhaitaient voir le poste attribué à une personnalité jouissant d’une certaine notoriété, connue et reconnue pour ses actions à la tête d’un pays de l’Union, la nomination du 38e Premier ministre belge en avait laissé plus d’un coi. Qui était cet Herman Van Rompuy, que l’on avait préféré à un Tony Blair ?

Alors bien sûr l’eau a coulé sous les ponts, et M. Van Rompuy a eu deux ans et demi pour faire ses preuves. Mais quelles preuves ? Cantonné au rôle de chef d’un orchestre européen devenu cacophonique, Herman Van Rompuy n’a finalement pas eu d’autres choix que de rester dans l’ombre. Une situation qui donne peu d’attrait à la fonction, et qui explique certainement que les candidats au poste ne se bousculent pas au portillon de sa succession.

Président du Conseil européen : le titre sans les pouvoirs ?

Si les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union ont choisi en 2009 un homme qui a pu être décri comme effacé, inconnu du public, sans charisme, c’est pour beaucoup le signe d’un choix stratégique : le Conseil n’est pas l’affaire d’un homme, mais de 27 personnalités qui entendent bien conserver le dernier mot sur les décisions. Le président du Conseil européen ne sera pas un leader, mais un simple ‘chairman’.

Bien entendu l’emploi est loin d’être fictif : Herman Van Rompuy préside les Conseils, c’est même lui qui vient en rendre compte devant le Parlement européen. Mais d’abord, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, soit les réunions par domaines des ministres des Etats membres, n’ont pas été supprimées (or le Conseil de l’Union est colégislateur, son pouvoir n’est pas des moindres). Ensuite, qui a entendu le nom d’Herman Van Rompuy lors de la conclusion du Six Pack ? Les débats sur le nouveau traité ?

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont pourtant décidé d’élargir son mandat en lui confiant la présidence des Sommets de la zone euro. Oui mais pas de l’Eurogroupe. L’occasion de rappeler que le Conseil n’a toujours pas tranché la douloureuse question de la gouvernance économique de l’Union européenne. Alors que certains, dont une bonne partie des parlementaires européens, demandent que la Commission européenne soit chargée de la mise en oeuvre de cette gouvernance, les Etats membres ne semblent pas prêts à lâcher du lest.

Car finalement, le problème est toujours le même : s’ils affirment travailler ensemble pour l’Union, les Etats membres aiment à rappeler qu’ils tiennent à leur souveraineté. A leur pouvoir. Et à leur indépendance. David Cameron l’a rappelé récemment à ses partenaires. Et le couple franco-allemand envoie un message relativement clair : c’est le Conseil qui fait avancer les choses, et non M. Barroso ou M. Van Rompuy.

Dès lors, comment imaginer que ce deuxième mandat puisse offrir autre chose à son titulaire que la reconduite de fonctions peu attrayantes ? On comprend mieux que personne n’y trouve rien à redire.

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