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Guy Verhofstadt, l’homme qui peut empêcher Barroso de devenir Président de la Commission

A priori, les jeux sont faits : soutenu par les chefs d’Etat et de gouvernement, José Manuel Barroso devrait être prochainement reconduit à la tête de la Commission européenne. Mais au Parlement européen, la fronde s’organise. Et certains eurodéputés poussent le nom d’un candidat alternatif : Guy Verhofstadt.

Elu député européen le 7 juin dernier, l’ancien Premier ministre belge avait déjà été pressenti pour succéder à Romano Prodi en 2004. Est-il prêt à se lancer à nouveau dans la course ? Et si oui, quelles sont ses propositions pour l’avenir de l’Europe ?

Guy Verhofstadt, la tentation du Berlaymont

Guy Verhofstadt en 8 dates

7 juin 2009 : Guy Verhofstadt est élu député européen

12 mai 2009 : Publication en néerlandais de L’Issue à la crise, comment l’Europe peut sauver le monde

21 avril 2008 : Guy Verhofstadt reçoit le Grand Cordon de l’Ordre de Léopold, la plus haute décoration belge

2004 : Candidat malheureux à la présidence de la Commission européenne, il se heurte au refus britannique à cause de son opposition à la guerre en Irak, et cède la place à José Manuel Barroso

1999 : Guy Verhofstadt devient pendant 9 ans le 46e Premier ministre du Royaume de Belgique, à la tête d’une coalition “Arc-en-ciel” puis “violette”

1979-1980 : Président des jeunes du PVV (le parti libéral flamand), il réclame une rénovation du libéralisme, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de “Baby Thatcher”

1971 : Elève réputé rebelle, il entre à l’Université d’Etat de Gand pour y étudier le droit et dynamise l’association des étudiants libéraux flamands (la LVSV)

11 avril 1953 : Naissance de Guy Verhofstadt à Termonde, en Belgique
C’était en 2004. Guy Verhofstadt, alors premier ministre belge, était pressenti pour devenir le nouveau président de la Commission européenne. Avec le soutien de la France et de l’Allemagne, ce responsable politique flamand de tendance libérale-démocrate devait prendre la relève de l’Italien Romano Prodi.

Mais au seuil du Berlaymont - le siège de la Commission à Bruxelles - Tony Blair, alors au faîte de son influence en Europe, avait torpillé la candidature de ce fédéraliste avéré et réussi à imposer à sa place le portugais José Manuel Barroso, jugé moins intégrationniste. Pour beaucoup d’analystes, Verhofstadt fut aussi la victime collatérale de la guerre en Irak, qui partageait alors l’Europe en deux camps. A l’instar de Chirac et Schröder, il s’était opposé à l’intervention militaire.

Cinq années ont passé. Au terme d’un mandat controversé, Barroso est le candidat naturel à sa propre succession, soutenu par les chefs d’Etat et de gouvernement. Et voici que ressurgit le nom de Guy Verhofstadt, porté cette fois par une partie du Parlement européen, dont le Belge est devenu membre le 7 juin dernier. Certains eurodéputés souhaitent asseoir le pouvoir de l’assemblée européenne en s’attribuant le pouvoir de désigner le Président de la Commission, et non plus de simplement entériner la décision du Conseil. Selon eux, faire capoter la reconduction programmée du Président sortant serait un signe politique fort, qui légitimerait le PE aux yeux de l’opinion.

Au premier rang de ce front anti-Barroso, Daniel Cohn-Bendit, coprésident des verts européens, intenable depuis son succès électoral en France. Les sociaux-démocrates et les libéraux européens ne sont pas non plus insensibles à cette option, même si la tentation est grande pour certains de laisser passer Barroso, en échange de postes prestigieux.

Dans ce bras de fer qui commence, le calendrier a son importance. Car les règles pour la nomination du candidat par le PE ne seront pas les mêmes selon qu’il sera désigné en vertu des règles du Traité de Nice, aujourd’hui en vigueur, ou selon celles du Traité de Lisbonne, que tout le monde à Bruxelles souhaite voir ratifié au plus vite par les Irlandais. Dans le premier cas, une majorité simple suffit. Dans le second, une majorité absolue des députés est nécessaire, soit 369 voix. A ce compte, le PPE, qui compte aujourd’hui 264 élus, aurait davantage de mal à empêcher la constitution d’un front opposé à son champion.

Si une majorité se dégageait contre la nomination de Barroso, Guy Verhofstadt en serait, aux dires de tous, le candidat idéal. Pourtant, l’intéressé hésite. Partir une deuxième fois au feu, sans la certitude de rallier autour de son nom une majorité parlementaire solide est pour lui exclu. Comme il aime à le dire, “les pires films sont des remakes” . Et il n’est pas l’abri d’un mauvais coup du PPE, la droite européenne, qui n’apprécie pas forcément ce fervent partisan des Etats-Unis d’Europe.

Seule une coalition entre verts, libéraux et sociaux-démocrates pourrait propulser cet outsider non déclaré à la tête de la Commission. Intenses tractations en vue. Mais l’ancien Premier ministre belge a un sérieux atout : c’est un rassembleur. Sur la scène nationale, il a successivement pris la tête des coalitions “Arc-en-ciel” (libéraux, socialistes et écologistes) et “violette” (libéraux et socialistes).

Guy Verhofstadt prendra-t-il le risque de défier Barroso ? L’admirateur de Jacques Delors contre le partisan du “moins de régulation” . On ne pourrait rêver meilleur combat politique à l’échelle européenne.

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