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Felipe Gonzalez met en garde contre la réouverture des traités

A Paris pour clôturer le Cycle des hautes études européennes (CHEE) de l’ENA, M. Felipe Gonzalez, ancien Premier ministre espagnol et plus récemment Président du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe, a discuté avec Touteleurope.eu du rapport des Sages, de la crise financière et de l’avenir de la sociale démocratie en Europe.

Le rapport des Sages : des pistes pour préparer l’avenir

Mandaté par le Conseil européen en décembre 2008, Felipe Gonzalez a travaillé pendant plus d’un an, entouré de personnalités politiques et d’experts européens de premier plan pour réfléchir à l’avenir de l’Union à l’horizon de 2030.

Au plus fort de l’actualité de la Présidence française, ce rapport des Sages a été commandé dans un contexte de bras de fer entre Nicolas Sarkozy et d’autres dirigeants européens. Le conflit portait sur les négociations d’adhésion avec la Turquie, pour réfléchir aux frontières de l’Europe. Cependant, en raison de l’opposition de plusieurs Etats membres, l’élargissement n’a finalement pas été inclus dans le mandat du groupe de réflexion. Les dix membres du groupe (parmi lesquels deux vice-présidents, l’ancienne présidente lettone Vaira Vike-Freiberga et le président de Nokia, Jorma Ollila) ont concentré leurs efforts sur les défis auxquels l’Union sera confrontée à l’avenir. L’environnement, le développement durable, le terrorisme, l’énergie, l’immigration et la réforme du modèle socio-économique en Europe ont tous été passés en revue dans leur rapport remis en mai dernier.

Entre la commande et la livraison de ce rapport, la crise économique a déferlé sur l’Europe. Pour Felipe Gonzalez, le rapport des Sages ne vise pas uniquement l’horizon de 2030 mais propose des mesures pour réagir à la crise actuelle. Selon lui, il faut relier ‘les réformes structurelles à des mesures anti-crises tout en progressant sur la question de la gouvernance économique au niveau européen’. Il souligne également l’importance de la formation, des réformes du marché du travail ainsi que la nécessité de s’attaquer au défi démographique en Europe.

Parrain du CHEE, Felipe Gonzalez trouve que ‘la crise de la gouvernance est celle de la diminution de la méritocratie qui est dûe à une diminution de la qualité des cadres. Il est important pour cette raison de soutenir l’ENA qui est une grande institution de formation de cadres’.
Il estime qu’il est ‘trop tôt pour mettre en œuvre des politiques d’ajustement sans poursuivre des politique d’investissement via la Banque européenne d’investissement et d’autres fonds d’investissement européen…’ Selon M. Gonzalez, ‘il est nécessaire d’avancer sur la réforme de la gouvernance économique de façon plus globale pour ne pas prendre en compte uniquement le pacte de stabilité’. La gouvernance économique devrait comporter un volet de vigilance et de contrôle des économies mais aussi de la convergence économique, au moins entre les pays de la zone euro. Interrogé sur la finalité de ce rapport, M. Gonzalez espère que le Conseil européen s’en inspirera pour dresser des pistes pour sortir de la crise.
Le Cycle des hautes études européennes poursuit trois objectifs :

Diversifier le réseau des personnalités d’influence qui sont familières des questions européennes ;

Donner des clés de compréhension des positions nationales sur ces questions ;

Constituer une filière d’excellence sur les questions européennes pour des personnalités à fort potentiel de carrière.

Retrouver la présentation du CHEE ici.

L’Espagne sortirait de la crise plus tôt que prévu

‘Des mesures d’austérité sans réforme profonde du système financier nous mèneront à une nouvelle crise financière’ prévient l’ancien premier ministre. ‘Nous devons nous accorder avec les Etats-Unis pour porter cette question de la réforme du système financier au G20’. Quant aux propositions allemandes de réformer les traités pour pérenniser le fonds de stabilité, M. Gonzalez se déclare plus sceptique. Il craint que cela ‘bloque l’Europe pendant beaucoup d’années. Après plus de 10 ans de négociations, il n’est pas prudent de ré-ouvrir ce long chapitre après la Constitution puis le traité de Lisbonne’.

Interrogé sur la situation en Espagne, M. Gonzalez se montre à la fois lucide et optimiste quant à l’issu de la crise profonde qui frappe son pays. ‘L’implosion financière et l’implosion du marché de l’immobilier, un élément qui a aggravé la crise en Espagne, ont eu un impact terrible’ explique-t-il. Toutefois, il estime que ‘les mesures d’ajustement peuvent produire des effets rapides parce que les problèmes du déficit et de la croissance de l’endettement sont des problèmes conjoncturels. Par conséquence, si les causes sont conjoncturelles, je crois que les mesures d’ajustement vont réduire rapidement les déficits. Il restera un certain endettement mais l’Espagne va sortir de la crise plus tôt que prévu.’

‘Il y aura un retour des sociaux-démocrates’

‘Tous les gouvernements en place vont payer la gestion de la crise’ affirme-t-il. ‘Je ne suis pas préoccupé par le recul de la social-démocratie. Je suis plus préoccupé par la carence des réponses sociaux-démocrates ! Ce n’est pas la même chose. Je crois que d’ici à deux ou trois ans, on assistera à un retour des gouvernements sociaux-démocrates. Mais, si le retour des sociaux-démocrates n’est que défensif et critique vis-à-vis des gouvernements actuels, cela ne sera pas suffisant. Nous devons nous confronter à des réformes très sérieuses pour lesquelles nous avons besoin d’une vision social-démocrate que je ne trouve pas pour l’instant’.

En savoir plus :

Le Groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe

Le Cycle des hautes études européennes de l’ENA

Bernard Boucault : “L’Europe est à tous les étages de l’ENA !” - Touteleurope.eu

La Crise économique dans la zone euro - Touteleurope.eu

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