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Européennes : les partis annoncés en tête, pays par pays

En France le suspense reste entier pour la première place, que se disputent le Rassemblement national et La République en marche. Dans le reste de l’UE également les élections européennes ne manquent pas de piquant. Tour d’horizon des formations politiques annoncées en tête, pays par pays.

Si pour la première fois depuis vingt ans, ils ne devraient plus représenter la majorité de l’hémicycle, les conservateurs (Parti populaire européen, PPE) et les sociaux-démocrates (S&D) devraient néanmoins rester les deux principaux groupes politiques au Parlement européen pour la législature 2019-2024. Une domination qui se vérifie logiquement pays par pays. Dans 20 des 28 Etats membres de l’UE, une formation appartenant à l’un de ces deux groupes est en effet actuellement annoncée en tête par le “sondage des sondages” du média européen Politico, qui agrège l’ensemble des intentions de vote disponibles. Même si dans de nombreux pays, ces partis traditionnels laissent également de plus en plus de place aux formations plus radicales.

Quel rapport de force entre les familles politiques européennes ?

Les conservateurs devant dans 10 pays dont l’Allemagne, la Grèce et la Hongrie

Des partis de droite ont ainsi de fortes chances d’arriver en tête du scrutin européen en Allemagne (29 % des voix), en Croatie (30 %), en Grèce (35 %), ou encore en Irlande (35 %). Dans ces pays, l’avance des formations conservatrices paraît en effet suffisamment importante pour ne pouvoir être rattrapée par leurs adversaires. En Hongrie, l’écart est même béant entre le Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban actuellement suspendu du PPE pour ses infractions à l’Etat de droit, et ses concurrents. Crédité de 55 % des suffrages, il devance pour l’heure de 44 points la gauche hongroise.

Les sociaux-démocrates en tête dans 10 pays dont l’Espagne, les Pays-Bas et la Roumanie

S’agissant des partis sociaux-démocrates, ils sont pour l’heure prévus en première position aux Pays-Bas (18 %, sondage à la sortie des urnes), au Danemark (26 % des voix), en Espagne (30 %), au Portugal (33 %), ou en Slovaquie (22 %). Dans ces pays, leur avance semble également trop forte pour pouvoir être comblée en quelques jours par les autres formations. En Roumanie, le Parti social-démocrate - suspendu par le groupe S&D pour les mêmes raisons que le Fidesz par le PPE - a également de bonnes chances de finir en tête, mais est mis en ballotage par les conservateurs et les libéraux. La situation des socialistes maltais (pourtant liés à des affaires de corruption) est en revanche nettement plus confortable, avec le gain potentiel de 57 % des voix.

L’extrême droite annoncée première dans 4 pays dont la France, l’Italie et le Royaume-Uni

Les eurosceptiques, voire europhobes, d’extrême droite, qui ne siègent pas nécessairement ensemble au Parlement européen, devraient arriver largement en tête en Italie (31 % des voix) et au Royaume-Uni (33 %), tandis qu’ils ont pour le moment une courte longueur d’avance d’1 point en Finlande (18 %) et en France (23 %).

La droite souverainiste devant 2 pays : Belgique et Pologne

Des partis de droite souverainiste (n’appartenant donc pas au PPE) sont en passe de l’emporter en Belgique (18 %), ainsi qu’en Pologne (38 %). Dans ce dernier pays, le parti Droit et Justice, également très critiqué pour ses atteintes à l’Etat de droit, est néanmoins au coude à coude avec une coalition gauche-droite, actuellement créditée de 37 % des suffrages). Aux Pays-Bas, jusqu’à la veille du scrutin, la droite souverainiste était également annoncée en tête, mais les sondages se sont révélés inexacts : le parti FvD ne terminerait ainsi qu’en 4e position.

Les libéraux en tête dans 2 pays : Estonie et République tchèque

Les libéraux sont pour leur part annoncés en tête en Estonie (24 % des voix) et en République tchèque (22 %).

Les Verts souvent bien placés, la gauche radicale résiste

A l’instar de l’Allemagne (18% des intentions de vote, voir ci-dessous), les partis écologistes ont le vent en poupe en Europe. Dans le “sondage des sondages” , ils dépassent les 10 % des intentions de vote dans 7 autres Etats membres : Lituanie (23,7 %), Belgique (2 partis distincts représentant 15,2 % des voix au total), Luxembourg (15,1 %), Suède (13,2 %), Finlande (12,8 %), Pays-Bas (11 %) et Royaume-Uni (1 parti écologiste et 2 régionalistes siégeant actuellement ensemble au Parlement européen et représentant 13,7 % des intentions de vote au total).

Quant à la gauche radicale, elle devrait réaliser son meilleur score en Grèce grâce au parti Syriza d’Alexis Tsipras (voir ci-dessous) et à Chypre avec plus de 25 % des voix. Elle pourrait récolter plus de 10 % des suffrages dans 5 autres pays : Irlande, Portugal (scores cumulés de 2 partis), Danemark (scores cumulés de 2 partis), Espagne et Pays-Bas (scores cumulés de 2 partis).

Dans 7 Etats membres sur 28, les écarts pour la première place sont inférieurs à 2 points : Autriche, Bulgarie, Finlande, France, Pologne, Roumanie et Suède. Dans ce dernier pays, ce sont même 4 formations politiques allant des verts aux conservateurs qui apparaissent encore en mesure de l’emporter, étant créditées de 12,2 à 13,8 % des voix.

Pour aller plus loin, pays par pays :

Allemagne : les Verts, deuxième parti du pays ?

Marquant le pas sur le plan électoral depuis les élections législatives de septembre 2017, l’alliance conservatrice CDU-CSU demeure toutefois confortablement installée en première position des sondages. Le parti d’Angela Merkel ne devrait enregistrer qu’une baisse de 5 sièges par rapport à son contingent actuel au Parlement européen.

La lutte pour la deuxième place promet en revanche d’être serrée jusqu’au bout, les Verts bénéficiant pour l’heure d’une avance de 2 points sur le SPD (centre-gauche), avec 18,2 % des intentions de vote. Le Parti social-démocrate, sanctionné pour sa longue participation aux coalitions gouvernementales avec la droite depuis 2013, apparaît donc sur le point de subir une nouvelle déconvenue majeure après d’autres résultats électoraux historiquement bas aux niveaux national et régional.

Quant à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite), le parti confirmerait son implantation dans le paysage politique du pays, étant crédité de 12 % des voix.

Italie : la Ligue vers la victoire, le centre-gauche à la relance ?

Promis à une large victoire lors des élections européennes, la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) caracole en tête des sondages, avec 31,2 % des intentions de vote. Ce parti, allié du Rassemblement national de Marine Le Pen, devance largement son partenaire de coalition du Mouvement 5 étoiles, crédité de 22,7 % des voix.

Après avoir plongé lors des récents scrutins régionaux, ce dernier reprend des couleurs. Mais il sera concurrencé par le Parti démocrate (PD, centre-gauche) qui, à en croire son ancien patron et ex-Premier ministre Matteo Renzi, pourrait être tenté par un rapprochement avec La République en marche au Parlement européen. Le PD obtiendrait à l’heure actuelle 21,5 % des suffrages.

Notons enfin que Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi, poursuit sa “traversée du désert” . D’après les sondages, elle ne dépasserait pas les 10 % des voix et perdrait plus de la moitié de ses sièges à Strasbourg.

Royaume-Uni : un nouveau référendum en faveur du Brexit ?

C’était impensable il y a encore quelques mois, mais les Britanniques, en raison de l’imbroglio du Brexit, vont bien participer aux élections européennes. Et la lassitude, voire la colère des électeurs devrait se retranscrire dans les urnes. Le Brexit Party, créé en janvier 2019 par Nigel Farage, est en effet promis à une très large victoire avec 33 % des voix - le UKIP, son précédent parti, existe toujours et est quant à lui crédité de 2,9 % des suffrages.

Résolument pro-européens, le Parti libéral-démocrate (centre) et le Parti écologiste devraient eux aussi fortement progresser, étant crédités de respectivement 15,9 % et 9,6 % des voix (+11 et +2 sièges).

A l’inverse, conservateurs et travaillistes s’apprêtent à être sèchement sanctionnés pour leur incapacité à organiser la sortie de l’Union européenne, décidée par référendum il y a près de trois ans. Le parti de Theresa May devrait même connaître son pire résultat depuis des décennies, avec potentiellement moins de 10 % des suffrages et une perte de 12 sièges sur 20. Tandis que le Labour résiste un peu mieux, avec une probable deuxième place, mais seulement 17,2 % des voix, soit une perte de 6 sièges.

Espagne : nouvelle victoire pour le PSOE ?

En Espagne, les résultats des élections européennes s’annoncent comme un duplicata du scrutin législatif de la fin avril. Le Parti socialiste conduit par Pedro Sanchez est ainsi donné largement en tête, avec 30,4 % des voix, devant le Parti populaire (conservateur) à 18,9 % des suffrages. Suivraient ensuite (comme au niveau national) : Ciudadanos (centre, 15,4 %), Podemos (gauche radicale, 12,3 %) et le nouveau venu Vox (extrême droite, 7,5 %).

Hongrie : un pays sans opposition

En Hongrie, le cavalier solitaire du Fidesz de Viktor Orban devrait connaître un nouveau sommet, avec un score hégémonique attendu (pour un scrutin proportionnel), proche de 55,3 % des voix. Le Parti socialiste hongrois devrait, lui, obtenir la deuxième place, avec seulement 11 % des suffrages. Tandis que le Jobbik d’ultra droite est en concurrence avec un autre parti de gauche pour compléter le podium, avec un résultat probablement proche des 9 %.

Marginalisée depuis de nombreuses années, après des scandales de corruption, l’opposition en Hongrie ne devrait donc pas connaître de sursaut à l’occasion des européennes. La faute également aux atteintes à l’Etat de droit et au pluralisme des médias orchestrées par Viktor Orban, qui a par ailleurs lancé une vaste distribution de passeports auprès de la diaspora hongroise pour lui permettre de voter et d’accroître ainsi encore un peu plus son avance.

Pologne : l’opposition s’organise contre le PiS

Autre “enfant terrible” de l’Union européenne, la Pologne se distingue de la Hongrie précisément par la vigueur de son opposition. Pour contrer le parti Droit et Justice (PiS, droite souverainiste) de Jaroslaw Kaczynski, qui s’attaque à l’Etat de droit depuis son arrivée au pouvoir en 2015, six partis font ainsi cause commune pour les élections européennes. Sous la houlette de la Plateforme civique (PO, conservateurs) à laquelle appartient le président du Conseil européen Donald Tusk, celle-ci regroupe des formations écologiste, social-démocrate, centristes et conservatrices. Si elle est pour l’heure devancée par le PiS, crédité de 38,2 % des voix, elle demeure à même de lui disputer la victoire, étant annoncée à 37 % des suffrages.

Deux nouveaux mouvements devraient également obtenir des sièges au Parlement européen. Le premier est Wiosna (Printemps), dirigé par Robert Biedron et qui milite notamment pour les droits LGBT : le parti crédité de 10,2% des voix n’a pas encore annoncé avec qui il souhaitera siéger. Quant au second, il s’agit de Kukiz’15 : emmenée par le chanteur Pawel Kukiz et créditée de 5,9%, la formation est difficilement classable et devrait se rapprocher du M5S italien.

Autre parti actuellement au pouvoir et se trouvant sous le feu nourri des critiques pour ses atteintes à l’Etat de droit, le Parti social-démocrate roumain (PSD) est également en situation de ballotage. Les sondages le placent pour l’heure à quasi-égalité avec le Parti national-libéral (PNL, conservateur) avec 26,7 % des intentions de vote, alors que trois formations centristes distinctes pourraient à elles trois obtenir 33,1 % des voix.

Autriche : l’extrême droite pénalisée par le scandale Ibiza ?

En Autriche, l’ÖVP (conservateurs) du chancelier Sebastian Kurz est annoncé en tête avec 29,3 % des voix, devançant le Parti social-démocrate de 2 points. L’extrême droite (FPÖ), qui était le partenaire de coalition de l’ÖVP depuis les élections législatives de 2017 et qui vient d’être emportée par le scandale Ibiza impliquant la collusion entre son chef Heinz-Christian Strache et des oligarques russes, résiste pour le moment à environ 23 % des intentions de vote. Mais ces dernières sont pour la plupart antérieures aux révélations. Ainsi un dernier sondage, paru le 20 mai, indique une chute de 5 points pour l’ÖVP et une progression symétrique pour le parti de M. Kurz.

Belgique : les divisions concernent aussi l’Europe

Les divisions politiques des Belges, dont le gouvernement est tombé en décembre dernier et qui en conséquence renouvelleront leur Parlement national le même jour que les européennes, sont historiquement importantes.

Côté néerlandophone, le parti souverainiste de la N-VA est annoncé largement en tête, devant le Parti chrétien-démocrate (conservateur) et le Vlaams Belang d’extrême droite, indiquant ainsi un positionnement résolument à droite de cette partie du pays.

A l’inverse, les électeurs francophones devraient plutôt choisir le Parti socialiste, le Mouvement réformateur (libéral) et les Verts (qui devraient aussi obtenir un score assez important en Flandre), soit des formations nettement plus à gauche sur l’échiquier politique.

Grèce : Syriza fait de la résistance

En Grèce, les élections européennes devraient être l’occasion d’un retour en grâce de la Nouvelle démocratie (ND, conservateurs). Crédité de 35,1 % des voix, le parti avait perdu le pouvoir en janvier 2015 au profit de Syriza (gauche radicale) menée par Alexis Tsipras. Après quatre années à la tête du gouvernement, ce dernier semble ainsi marquer le pas et payer le prix des réformes douloureuses qu’il aura consenti à appliquer pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euro. Son parti devrait néanmoins obtenir un score élevé, avec environ 25,8 % des suffrages, limitant donc la déconvenue à cinq mois des prochaines élections législatives.

Notons par ailleurs que le parti néo-nazi de l’Aube dorée est annoncé en légère baisse par rapport au scrutin européen de 2014, mais avec tout de même 7,2 % des voix.

Finlande, Pays-Bas, Suède : immense éclatement politique

Finlande, Pays-Bas et Suède sont connus, comme d’autres pays européens, pour leur tradition parlementaire et leur capacité à bâtir des coalitions très larges en raison du grand éclatement de leurs paysages politiques respectifs. La situation, pour ces élections européennes 2019, ne devrait pas être différente.

En Finlande, cinq formations allant de la gauche radicale à la droite souverainiste se tiennent entre 12,8 et 18,5 % des intentions de vote. Le parti des Vrais Finlandais, qui siège à l’heure actuelle avec le PiS polonais au Parlement européen, est annoncé en tête.

Aux Pays-Bas, où les élections européennes ont eu lieu jeudi 23 mai, les sondages à la sortie des urnes indiquent que 10 formations politiques différentes se partageront les 26 sièges réservés aux Néerlandais. Le Parti travailliste (social-démocrate) est annoncé en tête avec 18,1 % des voix, devançant le parti libéral VVD du Premier ministre Mark Rutte, qui obtiendrait 15 % des voix.

En Suède enfin, le suspense est à son comble car 4 partis sont encore en mesure de finir premier : les Verts, les sociaux-démocrates, les chrétiens-démocrates (conservateurs) et le Parti modéré (conservateurs). Sachant que 4 autres formations devraient aussi obtenir au moins un siège.

Slovaquie : pays le plus à droite d’Europe ?

En Slovaquie, si le SMER (sociaux-démocrates) actuellement au pouvoir devrait rester le premier parti du pays - et ce même s’il a été éclaboussé par l’assassinat du journaliste Jan Kuciak en février 2018 - le reste du paysage politique est largement dominé par la droite radicale. En effet, pas moins de 5 formations de ce bord sont appelées à obtenir des scores importants et donc des sièges au Parlement européen. Agrégés, les résultats de ces partis allant de la droite souverainiste “classique” à l’ultra droite devraient représenter quelque 57 % des voix, signe de la forte progression de l’euroscepticisme dans le pays depuis 5 ans.

Dans le pays voisin et anciennement frère de la République tchèque, les électeurs semblent également tentés de chambouler le paysage politique, mais plutôt en promouvant le Parti pirate, crédité de 15,4 % des voix, en deuxième place derrière le parti ANO (libéraux) du Premier ministre controversé Andrej Babis. Si elle suit l’exemple du Parti pirate allemand, la formation tchèque siégera parmi les Verts au Parlement européen.

France : le match retour de la présidentielle 2017 ?

En France, la première place se dispute entre le Rassemblement national et La République en marche. Contestant tous l’idée d’un “match retour” de la présidentielle 2017, leurs poursuivants s’emploient à sortir d’un affrontement binaire entre “progressistes” et “nationalistes” , tel que présenté par Emmanuel Macron. Pour l’heure, les intentions de vote n’indiquent qu’un succès modéré dans cette entreprise, les partis “historiques” notamment poursuivant leur chute libre. Les Républicains ne sont en effet crédités que de 13 % des voix environ, ce qui représenterait une perte de 8 sièges sur les 20 qu’ils détiennent actuellement. Quand le Parti socialiste a fait le choix de s’allier avec d’autres formations pour survivre et dépasser le seuil des 5 % des voix.

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