C’est à l’aube de la réunion de l’Eurogroupe lundi 6 décembre que son président Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont remis en avant, dans le Financial Times, l’idée d’une “Agence européenne de la dette” capable d’émettre des obligations européennes (ou “E-bonds”) pour redonner confiance aux marchés et ainsi éviter la contagion de la crise au sein de l’Union monétaire.
Tandis que le commissaire européen Olli Rehn n’a pas exprimé d’enthousiasme particulier à cette idée, l’Allemagne (rejointe par l’Autriche) y a opposé un profond désaccord. Le pays dispose en effet des taux obligataires les plus bas en Europe, car sa situation financière est réputée stable, et ne tirerait pas profit d’obligations plus chères. En outre, l’opinion publique allemande est aujourd’hui assez réticente à aider les autres pays européens. Interrogé par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, l’économiste en chef de la BCE Jürgen Stark a également rejeté un tel mécanisme. Ce dernier pourrait d’ailleurs, selon certains, nécessiter d’importantes modifications du traité de Lisbonne.
Celui-ci pourrait bien cependant être à l’ordre du jour du prochain Conseil européen des 16 et 17 décembre, au cours duquel l’architecture du mécanisme européen de stabilisation, structure chargée de venir en aide aux pays en difficulté financière après 2013, devrait être déterminée.
D’ici là, ces euro-obligations, des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats et atteignant jusqu’à 40% du Produit intérieur brut (PIB) de l’UE, pourraient en effet permettre de pallier l’insuffisance des plans de sauvetage ponctuels comme ceux mis en place pour la Grèce et l’Irlande, en mutualisant les risques et en évitant ainsi que les pays de la zone euro ne soient sujets à des spéculations à court terme. L’agence européenne de la dette, dont les capacités financières reposeraient ainsi sur ces emprunts nationaux, pourrait elle-même financer jusqu’à 50% de la dette en obligations de chaque pays, voire la totalité si le pays n’a plus accès au marché des obligations.
Le directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn, qui participait exceptionnellement hier à la réunion, prône quant à lui une augmentation du Fonds de secours européen (ou “Facilité européenne de stabilité financière”) pour les pays en difficulté. Doté actuellement de 440 milliards d’euros (les prêts des Etats de la zone euro, sans compter les 250 milliards du FMI et les 60 milliards de l’UE), pourrait ainsi voir son montant relevé. Mais selon Jean-Claude Juncker, les ministres des Finances ont décidé qu’il n’y avait “pas de nécessité d’agir immédiatement” .
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Dossier : La crise mondiale et l’Europe - Touteleurope.eu
Pour un Eurobond - Institut Montaigne