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Eurogroupe : l’heure du bilan pour Juncker

Après huit ans à la tête de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker passe le relais au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Réunis lundi 21 janvier, les ministres des Finances de la zone euro ont dit adieu au Luxembourgeois qui compte à présent se concentrer sur son rôle de Premier ministre du Grand Duché. Nommé pour deux ans et demi, c’est un quasi inconnu qui reprend le flambeau. Crise grecque, Pacte de stabilité, plan d’aide en Espagne, le travail du Premier ministre luxembourgeois aura été sans relâche.

Un bilan mitigé…

Mis en place en 2005, le poste de président de l’Eurogroupe n’aura pas été de tout repos. Depuis sa nomination, Jean-Claude Juncker, qui a été reconduit deux fois, a dû faire face de plein fouet à la crise économique et financière en 2010 et tenter de coordonner les Etats membres de la zone euro.

Qui est Jean-Claude Juncker ? Retrouvez la biographie du Premier ministre luxembourgois


“Je n’ai pas réussi, alors qu’il aurait fallu, à mettre en place un système bien articulé de coordination des politiques économiques” , regrette le Premier ministre luxembourgeois à l’heure du bilan de son mandat. “Un certain nombre de gouvernements refusaient d’accepter l’idée que les mesures nationales qui ont été prises soient jaugées à l’aune de leur effet sur les sous-économies voisines de la zone euro. Ça s’est toutefois amélioré suite aux premières leçons qu’on a dû tirer de la crise. Maintenant l’idée de la coordination des politiques économiques est déjà mieux ancrée. Mais elle aurait pu être ancrée dès le départ, c’est-à-dire dans le traité de Maastricht” , explique Jean-Claude Juncker.

Jean-Claude Juncker aurait donc souhaité faire mieux. “Le bilan est mitigé parce que nous n’avons pas réussi à rétablir la confiance des Européens. Nous sommes face à une réelle crise de confiance, parce que nous n’arrivons pas à expliquer les raisons de la crise et nous n’avons pas réussi à expliquer ce que nous étions en train de faire” , regrette-t-il.

Désormais plus libre, le Premier ministre luxembourgois, qui reste sur la scène européenne dans le cadre de ses fonctions nationales actuelles, pourra plus que jamais faire part de ses convictions personnelles sur l’Europe.

… couronné de quelques succès

Parmi les grandes réussites du Premier ministre luxembourgeois il faut bien sûr rappeler son implication dans la création de l’euro dans les années 1990, ainsi que la création du poste de président de l’Eurogroupe en 2005.

Acteur majeur de l’Union économique et monétaire, Jean-Claude Juncker pourra enfin avoir un rythme de travail plus mesuré. Récemment interviewé par la presse luxembourgeoise, le président de l’Eurogroupe n’a pas caché qu’il était fatigué. Et pour cause. Le nombre d’heures passées à la présidence des séances de l’Eurogroupe doit se compter par milliers. Des discussions souvent terminées tard dans la nuit avec comme principal dossier un sujet de taille : la crise grecque.

Au cours de son mandat, Jean-Claude Juncker peut se targuer d’avoir participé à la conclusion de deux programmes d’aide pour la Grèce. La zone euro a repris en décembre dernier les versements des prêts à Athènes, après l’adoption d’un nouveau projet de rigueur pour 2013. La Grèce devrait voter, d’ici la fin du mois de janvier, une nouvelle loi visant à durcir le régime d’imposition de certaines professions. Le vote de cette loi étant une condition préalable pour le versement des prochaines tranches de prêts à la Grèce par ses créanciers, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI).

Pour Jean-Claude Juncker, “l’année 2012 fut, en termes de résultats, une bonne année pour la zone euro, et les décisions que nous avons prises l’ont stabilisée” .

Avec le plan de sauvetage de la Grèce, la mise en place du mécanisme européen de stabilité, le Pacte budgétaire et le plan d’aide pour le secteur bancaire en Espagne figurent parmi les réussites de l’Eurogroupe.

Le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire visant à contraindre les Etats de la zone euro à financer leurs dépenses par leurs recettes et donc à limiter le recours à l’emprunt a été signé le 2 mars 2012 par 25 Etats membres de l’UE (tous sauf le Royaume-Uni et la République tchèque). Le nouveau traité entré en vigueur le 1er janvier 2013 devrait être ratifié peu à peu par tous les signataires.

Concernant les pays en difficulté de la zone euro, deux programmes d’aide ont été mis en place pour deux d’entre eux : l’Irlande et le Portugal. Chypre, troisième pays en difficulté, devra attendre l’élection présidentielle chypriote, dont le premier tour aura lieu le 17 février. Un accord sur un programme d’aide pourrait intervenir courant mars.


“Nous sommes aujourd’hui dans une bien meilleure situation qu’en début de l’année 2012” , estime celui qui s’apprête à passer le relais à son successeur néerlandais.

Tous les regards se tournent à présent vers M. Dijsselbloem. Ministre des Finances de son pays depuis seulement deux mois, il devra rapidement s’attaquer aux dossiers laissés par son prédécesseur expérimenté. Même s’il est décrit aux Pays-Bas comme un fin stratège et un bon médiateur, dans les couloirs bruxellois tout le monde s’interroge : saura-il faire mieux que Juncker ?



En savoir plus :

Unité et vision globale à long terme, des éléments essentiels pour la zone euro, selon M. Juncker - 10/01/13 - Parlement européen

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