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EU-Talk n° 19 avec Michel Barnier sur la politique étrangère de l’Union européenne

Drames en Méditerranée, menace terroriste, conflit ukrainien, guerre en Syrie, progression de Daech en Libye, sauvegarde de l’Etat de droit …

Entre gestion de crises et maintien de sa sécurité, comment l’Union oriente-t-elle sa politique étrangère ?

L’UE se fait-elle entendre sur la scène internationale ?

Le Service européen d’action extérieure a-t-il suffisamment de pouvoirs pour mettre en place une politique cohérente et efficace ?

Michel Barnier a répondu à ces questions au cours d’un chat avec les internautes de Touteleurope.eu

Michel Barnier

Ancien Ministre de l’Environnement (1993-1995), des Affaires européennes (1995-1997), des Affaires étrangères (2004-2005) et de l’Agriculture (2007-2009), Michel Barnier est aujourd’hui Conseiller d’Etat et Vice-président du Parti populaire Européen (PPE). Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Paris, il a été membre à deux reprises de la Commission européenne. D’abord en charge de la politique régionale et des questions institutionnelles aux côtés de Romano Prodi (1999-2004), il est devenu au sein de la Commission Barroso Vice-président de la Commission chargé du Marché intérieur et des Services (2010-2014).
Depuis février 2015, il est également Conseiller spécial pour la Politique de Défense et de sécurité européenne auprès de Jean-Claude Juncker.

Retrouvez le contenu du chat ici :

10h00 Toute l’Europe :
Bonjour !
Le chat va bientôt commencer !

10h02 Michel Barnier :
Bonjour à tous !

10h04 Commentaire de la part de LucienL
Bonjour Monsieur, en quoi consiste votre rôle de conseiller spécial auprès de la Commission ?

10h06 Michel Barnier :
Jean-Claude Juncker m’a confié une mission auprès de lui pour le conseiller sur les sujets sécurité et défense.
Il s’agit d’une mission à temps partiel (et non rémunérée)
Au moment où l’Europe est confrontée à beaucoup de crises graves dans son voisinage, la Commission veut contribuer à une politique de défense commune plus active.
Dans plusieurs domaines, la Commission a à travers ses compétences, son expertise et ses budgets, une valeur ajoutée.
Je pense par exemple au renforcement des marchés et de l’industrie de défense européenne. A travers la recherche, la normalisation, la certification. Nos politiques en matière d’espace et d’énergie…
Aussi, au moment où les frontières s’effacent entre les enjeux de sécurité intérieur et extérieur, Jean-Claude Juncker veut que toutes les politiques européennes contribuent.
Un exemple : comment renforcer les liens entre politiques de sécurité et politiques de développement dans nos pays partenaires ? Nous pensons que nos instruments de développement peuvent accompagner les missions conduites sous la responsabilité de Mme Mogherini, Haute représentante.
A travers la formation et des équipements, au Mali par exemple.
Cela me parait logique : il n’y a pas de développement et de progrès possible s’il n’y a pas de stabilité. Les deux vont ensemble.

10h24 Commentaire de la part de MarcO
Que pensez-vous des déclarations de Jean-Claude Juncker sur l’armée européenne : est-ce possible (voire souhaitable) ?

10h26 Michel Barnier :
Jean-Claude Juncker a voulu provoquer un débat, qui aujourd’hui est nécessaire et espéré par les citoyens qui sont inquiets sur la sécurité. L’objectif d’une “défense européenne” figure en toutes lettres dans le Traité de l’Union.
Mais nous avons besoin de courage et d’ambition politique pour aller étape par étape dans cette direction. C’est ce à quoi Jean-Claude Juncker veut contribuer, parce qu’il est un responsable politique.

10h27 Commentaire de la part de Olympe
N’était-ce pas plutôt à Federica Mogherini ou à Donal Tusk de s’exprimer sur le sujet ?

10h28 Michel Barnier :
Et j’ajouterai, si on ne donne pas cet élan maintenant, avec toutes les crises et les menaces qui nous entourent, quand donc le fera-t-ton ?
Jean-Claude Juncker et Federica Mogherini travaillent en confiance, au sein de la Commission, dans le respect de leurs missions respectives. Et Donald Tusk a lui-même inscrit à l’ordre du jour du Conseil européen de juin la question de défense.
Tous les trois et évidemment les chefs d’Etat et de gouvernements et les ministres de la défense doivent contribuer à ce débat

10h32 Commentaire de la part de JC
L’activisme de F. Hollande et A. Merkel dans le conflit ukrainien n’affaiblit-il pas l’image de l’Europe ?

10h33 Michel Barnier :
Pourquoi parler “d’activisme”? Ils sont dans leurs responsabilités !
Cette situation est extrêmement difficile. Tous les deux ont une relation avec la Russie et le président Poutine, qui a permis d’arriver aux accords de Minsk.

10h34 Commentaire de la part de Ju
L’union n’aurait-elle pas plus de poids face à la Russie si elle parlait d’une seule voix ?

10h35 Commentaire de la part de Fleur
Bjr Monsieur Barnier, pourquoi ce n’est pas l’Union européenne qui est intervenue dans les accords de Minsk II ?

10h35 Michel Barnier :
Ces accords doivent être respectés par tous.
Jean-Claude Juncker et Donald Tusk étaient à Kiev lundi dernier, au nom de l’Union européenne. Pour accompagner le processus de stabilité et conduire les discussions politiques et économiques avec l’Ukraine.
Oui l’Europe doit parler d’une seule voix. C’est l’exercice difficile de construire et de conduire une diplomatie européenne, encore très récente. Mais n’ayez pas de doute, toutes les initiatives prises à ce niveau sont bien coordonnées, en particulier au Conseil européen.

10h39 Commentaire de la part de Valérie_c
Bnojour ! Pourquoi l’Europe reste-t-elle silencieuse sur la situation en Syrie ?

10h41 Michel Barnier :
Il n’est pas exact que l’Europe soit silencieuse sur la Syrie. Chacun sait la complexité de ce conflit.
L’UE soutient les efforts du représentant spécial des Nations Unies, Staffan de Mistura. Nous travaillons avec la Ligue arabe et tous les partenaires régionaux et internationaux.
L’Europe a mobilisé plus de 3 milliards d’euros d’aide humanitaire pour les réfugiés, en Syrie et dans les pays voisins. L’Europe est ainsi le premier contributeur à la solidarité.
Nous agissons dans d’autres domaines aussi, notamment à travers le financement du programme de démantèlement d’armes chimiques. L’Europe a aussi pris des mesures restrictives et des sanctions en matière de pétrole, finance et commerce pour pousser à des solutions politiques.

10h47 Commentaire de la part de Elise
Bonjour, Est-il vrai d’affirmer que l’Union préfère intervenir à l’étranger par le biais du développement et de l’aide économique, ou est-ce une excuse pour justifier son manque d’autorité ?

10h49 Michel Barnier :
Elise, bonjour. La première réponse est la prévention des crises et cela passe par la stabilité, le développement, le progrès économique et sociale. Et en effet, l’UE a des instruments et des budgets pour cela, comme le Fonds européen de développement
Mais quand une crise est là, l’Union peut engager d’autres initiatives civiles ou militaires, dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune.
Comme elle vient de le faire avec succès au large de la Somalie avec l’opération Atalante contre la piraterie.
Mais je suis d’accord, un des enjeux est le renforcement de cette capacité d’intervention commune, pour répondre à des crises qui ont toutes des conséquences en Europe. Nous avons des outils qui doivent être améliorés, je pense par exemple à travers la mise en place d’un quartier général opérationnel européen.
Autre exemple, nous avons des rotations de “battlegroups” qui sont entrainées tous les six mois, qui devraient être plus opérationnels.

10h56 Commentaire de la part de Manon
Bonjour, L’incapacité de l’Union à s’accorder lors du sommet sur l’immigration n’a-t-elle pas atteinte sa crédibilité auprès de ses partenaires et voisins ?

10h58 Michel Barnier :
Bonjour Manon. Je trouve que l’Union européenne a réagi vite et au plus haut niveau à ces nouvelles tragédies en Méditerranée avec un sommet exceptionnel des dirigeants européens. L’Italie a été trop longtemps laissée seule en première ligne.
Les opérations de secours et de contrôle sont désormais renforcées. Mais au-delà nous avons besoin de bien plus. Une véritable capacité commune de surveillance maritime et de contrôle des frontières, y compris avec une capacité de gardes côtes européennes. Un vrai effort pour le co-développement dans les pays d’émigration. Enfin, une véritable politique d’immigration et d’asile commune.

11h01 Commentaire de la part de Aurélien
Bonjour Monsieur, comment expliquer la réticence de l’UE à intervenir au Mali en 2013 alors que dans la Stratégie au Sahel de 2011, elle reconnaissait déjà la fragilité de cette région et la nécessité de la soutenir (notamment en matière de terrorisme) ?

11h04 Michel Barnier :
Aurélien, en effet ! Même si plusieurs pays européens et des missions de la PSDC accompagnent les efforts et l’engagement de la France, de telles crises démontrent les unes après les autres que nous avons besoin d’une politique étrangère commune.
C’est ce à quoi travaille actuellement Federica Mogherini : définir une nouvelle stratégie de sécurité européenne, qui permettra une vision commune sur tous les enjeux et du coup un consensus plus fort sur les moyens d’action au moment où il faut s’engager

11h06 Commentaire de la part de Nicole
Bonjour, que faudrait-il changer selon vous pour accroître la crédibilité de l’UE sur la scène internationale ?

11h10 Michel Barnier :
Nous comptons sur la scène internationale par la force du marché unique, l’économie, notre monnaie. Dans le monde complexe et instable, fragile où nous vivons je pense que l’Europe doit désormais se doter d’une dimension plus politique. Cela passe par les sujets que nous venons de discuter : une politique étrangère commune, une défense commune et des instruments pour l’accompagner.

11h10 Commentaire de la part de David
Bonjour monsieur, Peut-on imaginer un futur un ministre des affaires étrangères européen ?

11h12 Michel Barnier :
David, oui ! Cela a déjà été imaginé et même écrit dans le texte de la constitution européenne rejetée en 2005. En réalité, cette fonction est assumée (avec dynamisme!) par Federica Mogherini qui est à la fois Haute représentante aux côtés des ministres des affaires étrangères et vice-présidente de la Commission.
Son rôle est essentiel parce que nous aurons une véritable politique étrangère commune (pas unique!) le jour où nous aurons vraiment une culture diplomatique commune. Cela ne s’improvise pas, ça se construit. C’est le travail du service diplomatique européen et nous progressons beaucoup depuis 5 ans !
Merci à tous pour ces échanges. A bientôt j’espère !

11h18 Toute l’Europe :
Merci Michel Barnier, merci à tous pour ces échanges ! Si vous souhaitez en savoir plus sur la politique étrangère de l’UE, nous vous invitons à consulter ces pages : https://www.touteleurope.eu/les-politiques-europeennes/diplomatie-et-defense.html

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