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Espionnage de la NSA : le climat en Europe cinq mois après les révélations

Ambassadeurs américains convoqués, traité de libre-échange menacé de suspension… cinq mois après la publication des premières informations sur l’activité de la NSA, quel est le climat en Europe ? Alors que la justice américaine attends toujours le retour d’Edward Snowden, l’homme à l’origine des révélations, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel choisit son camp en titrant “Asile pour Snowden”. La vice-président de la Commission européenne, Viviane Reding, propose la création d’un service de renseignement européen. Enfin, la France négocie un accord de bonne conduite avec Washington.

snowden press (c) istock
The NSA files



Le quotidien anglais The Guardian est à l’origine des révélations sur l’affaire NSA. Depuis juin 2013, il publie les documents secrets fournis par M. Snowden, ancien informaticien de la NSA.

Voir le dossier spécial du Guardian

Début juin 2013, le quotidien anglais The Guardian publiait un article qui allait faire beaucoup de bruit. L’auteur, le journaliste Glenn Greenwald, commençait ainsi son papier : “L’Agence Nationale de Sécurité (NSA) est en train de récolter les écoutes téléphoniques de millions d’Américains clients de l’opérateur mobile Verizon” . Quelques jours plus tard, Edward Snowden faisait son entrée sur scène. L’ancien employé de la CIA et de la NSA parlait de l’espionnage américain aux journaliste du Guardian.

Depuis, M. Snowden a obtenu l’asile en Russie, le Guardian a du faire face aux pressions du gouvernement britannique et les Européens ont découvert qu’ils étaient, eux aussi, victimes de l’espionnage de la NSA. En effet, l’Agence américaine avait mis en place un programme numérique (Prism) pour scanner les données de communications numériques échangées sur Facebook, Google, Skype, ou encore Yahoo!.

L’espionnage américain ne concernait pas seulement les citoyens USA, mais également les Européens : 38 pays ou ambassades européennes figuraient parmi les “cibles” surveillées, au même titre que l’Union européenne et plusieurs millions de ses habitants. Le portable de la chancelière allemande, Angela Merkel (tout comme celui de l’ancien premier Ministre espagnol Zapatero) était également dans la liste.

Les récentes réactions des Européens

“Asile pour Snowden” , titre le 4 novembre le magazine allemand Der Spiegel. Pour l’hebdomadaire de Hambourg, le choix est fait : le gouvernement de Berlin doit concéder l’asile à Edward Snowden, car “qui dit la vérité ne commet aucun crime” . “Ce n’est pas un réfugié politique” a coupé court le ministre de l’Intérieur Hans-Peter Friedrich, qui s’est “contraire” à la proposition du magazine. Pour le gouvernement de Berlin, les relations avec Washington restent, malgré l’affaire NSA, une priorité.

Der Spiegel

Dans les autres capitales européennes, l’indignation a également laissé sa place à la Realpolitik. Au lendemain du conseil européen du 25 octobre, le gouvernement français a annoncé vouloir négocier un “accord de non-espionnage” avec les Etats-Unis. Deux semaines plus tard, Paris parle plutôt d’un “accord de bonne conduite” . L’Allemagne, quant à elle, a déjà déposé, le vendredi 1er novembre, un projet de résolution aux Nations Unies. Le but est de sanctionner toute abus en matière de surveillance électronique.

L’Espagne s’était également retrouvée dans la liste des pays ciblés par la NSA : selon les documents publiés par Snowden quelques 60 millions de communications téléphoniques auraient été espionnées par l’agence américaine en l’espace d’un mois. Fin octobre, Mariano Rajoy avait donc convoqué l’ambassadeur américain pour des explications, mais dix jours plus tard, les relations entre Madrid et Washington semblent se normaliser.

En Italie, le premier ministre Enrico Letta avait traité d’ “inacceptable” le comportement américain. Lors du conseil européen du 25 octobre, l’Italien avait menacé vouloir prendre des mesures communes avec les autres leaders européens. Mais au lendemain du sommet européen, l’hebdomadaire italien L’espresso accusait M. Letta d’être déjà trop souple à l’égard du gouvernement américain.

Du côté des institutions européennes, la déclaration de la vice-présidente de la Commission, Viviane Reding, a fait beaucoup discuter. Selon la commissaire luxembourgeoise, l’Union devrait se doter, elle aussi, d’un service de renseignement centralisé. Cette “CIA européenne” devrait être active en 2020, a-t-elle suggéré lors d’une interview au journal grec Naftemporiki le 4 novembre.

Le Parlement européen, dont la commission des libertés civiles a envoyé une délégation à Washington, a ouvert une enquête sur la surveillance de masse électronique des citoyens européens. La 8ème audition de cette enquête aura lieu le 7 novembre. Lors de la dernière session plénière, en outre, cette commission a approuvé le rapport de l’allemand Jan Philipp Albrecht (Les Verts/ALE) sur le projet de règlement sur la protection des données personnelles.

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