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Energie en Europe : dépendance ou interdépendance ?

Face à une demande croissante et une consommation accrue, comment approvisionner l’Europe en énergie suffisante et sûre et combattre l’augmentation de la dépendance envers les importations tout en respectant l’environnement ? C’est à cette question que doit répondre le débat organisé le 4 octobre par le Mouvement Européen-France en partenariat avec Toute l’Europe : une rencontre dont l’objectif est de sensibiliser le grand public à la thématique de l’énergie et de créer une discussion sur les réponses de l’UE aux défis énergétiques. Dans l’interview qui suit, Jean-Luc Sauron, Conseiller d’Etat et Vice-président délégué du MEF, nous présente les enjeux de la politique énergétique européenne.

Touteleurope.eu : quels sont les grands défis énergétiques de l’Union européenne pour les années à venir ?

“Energie en Europe : dépendance ou interdépendance ?”

Mardi 4 octobre de 18h30 à 20h30, à l’espace Ouest-France, 38 Rue du Pré Botté, 35000 Rennes.
Avec Jan-Horst KEPPLER, Professeur à l’Université Paris-Dauphine et expert à l’OCDE ;
Dominique MAILLARD, Président du Directoire de RTE ; Dominique RAMARD, Vice-président du Conseil régional de Bretagne en charge de l’énergie ; Barbara SELLIER, Responsable du secteur politique au sein de l’unité “Politique énergétique et analyses économiques” de la DG Energie de la Commission européenne ; Modérateur : Sami ANDOURA, Chercheur senior, Notre Europe

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Jean-Luc Sauron : Je pense qu’il est possible de discerner trois grands défis principaux :

  • l’indépendance quant aux approvisionnements,
  • la recherche d’énergies nouvelles, et notamment d’énergies décarbonées,
  • la fluidité et la réactivité des circuits énergétiques.

A l’horizon 2030, l’Union européenne sera dépendante à hauteur de 75% de l’étranger pour son approvisionnement énergétique. Il n’est pas vraisemblable que l’Union européenne se maintienne à sa première place de puissance économique sans une régulation et une continuité des importations d’énergie.

Les énergies renouvelables telles qu’on les connaît actuellement ne suffiront pas, et la solution complémentaire pourrait être trouvée dans le nucléaire de fusion, c’est-à-dire le projet ITER. Encore ne faudrait-il pas s’arrêter en route comme les menaces sur son financement pourraient le laisser craindre. De même, le risque du maintien de l’utilisation ou du retour aux énergies carbonées (charbon, chaudière à bois, pétrole) demeure possible. Il convient enfin d’assurer une continuité aujourd’hui insuffisante entre les différents circuits producteurs d’énergie en Europe. Le marché intérieur de l’énergie est loin d’être réalisé de manière satisfaisante.

Touteleurope.eu : Les moyens mis en œuvre pour faire face à ces défis vous semblent-ils appropriés ?

J.-L. S. : Le traité de Lisbonne est loin d’être suffisant en la matière. Il y a urgence à soumettre au processus de discussion et de ratification le projet de Communauté européenne de l’énergie préparée par Jacques Delors et soutenu par le Président Buzek. Si ce projet ne peut recevoir l’assentiment très rapide des 27 ou de 9 Etats membres dans le cadre d’une coopération renforcée, il faudra lancer un “Schengen de l’énergie” .

Le décalage entre le lancement des projets, la recherche de leur financement et leur concrétisation doit être raccourci. Seul un décisionnel politique fort, même à un nombre restreint d’Etats, donnera à l’Union européenne l’élan nécessaire. De plus seule cette stratégie pourra efficacement empêcher les tendances de chacun pour soi qui caractérise aujourd’hui les prospections de ressources énergétiques par certains Etats membres (Allemagne, Italie, entre autres).
De même, les efforts pour rationaliser l’utilisation de l’énergie dans la vie quotidienne (dans les modes de production, dans les types de construction comme les modèles de maison intelligente) sont cruellement insuffisants.

Touteleurope.eu : Quel sera l’impact de ces politiques énergétiques sur les citoyens européens et français ?

“Une politique énergétique vertueuse en termes écologiques n’est pas une lubie de bobos”

J.-L. S. : L’impact principal portera en priorité sur la capacité de l’Union européenne à reprendre le chemin de la croissance économique et du plein emploi tout en respectant ses engagements climatiques. Une politique énergétique vertueuse en termes écologiques n’est pas une lubie de bobos. Elle est la condition première du retour à des gains de productivité importants pour les entreprises européennes dans un contexte général de renchérissement des coûts de production du fait du poids croissant des énergies rares et chères.

Mais une grande question demeure qui pèsera fortement sur beaucoup de nos concitoyens européens : celle de la précarité énergétique. Quoi qu’on fasse, énergies conventionnelles ou nouvelles, le prix de l’unité d’énergie va augmenter dans des propositions importantes. Il sera possible de compenser partiellement cette hausse des prix par la diminution de la consommation, mais ces solutions (voitures hybrides, maisons “basse consommation” ou à “énergie nulle ou positive” , etc.) ne seront pas à la portée de tous. Les plus démunis vont souffrir le plus, et dès maintenant 10 à 20 % de la population européenne souffre de pauvreté énergétique. A part une solidarité accrue, il n’y a pas de solution miracle à ce problème. C’est d’ailleurs un chapitre significatif de la proposition de Communauté européenne de l’énergie proposée par Jacques Delors et Jerzy Buzek.

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