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Elections législatives en Irlande 25 février 2011

Très attendues, les élections législatives auront lieu en Irlande le vendredi 25 février dans un contexte politique mouvementé suite aux soubresauts économiques subis par le pays depuis 2008. Le gouvernement sortant, composé du parti Fianna Fail, se trouve très malmené dans les sondages avec seulement 15% d’opinions favorables. De première formation politique du pays, il est positionné dans les sondages à la troisième place derrière les partis d’opposition du Fine Gael et du Parti travailliste. Cette situation est inédite au vue du palmarès électoral de Fianna Fail qui est au pouvoir (dans des gouvernements de coalition avec des partis de droite et de gauche) depuis 1987. Tenus pour responsables de la crise économique, le Fianna Fail va payer dans les urnes sa gestion économique du pays. Les sujets économiques, dont la renégociation du plan d’aide européen, et des réformes profondes du système politique sont au cœur de cette campagne électorale. Corinne Deloy présente la situation politique en Irlande dans cette note réalisée pour la Fondation Robert Schuman.

Analyse de la Fondation Schuman


Le 1er février, le Taoiseach (Premier ministre) Brian Cowen (Fianna Fail, FF) a demandé à la présidente de la République, Mary McAleese, de dissoudre l’Oireachtas (les deux chambres du Parlement) et convoqué des élections législatives anticipées (d’un peu plus d’un an) le 25 février prochain.

Initialement prévu le 11 mars, le scrutin a été avancé de 2 semaines sous la pression des forces de l’opposition qui avait menacé de déposer une motion de censure si le Taoiseach n’accédait pas à leur désir d’organiser des élections fin février. Les partis de l’opposition s’étaient engagés à voter la loi de finances 2011, ce qui a été fait les 27 et 29 janvier, un vote indispensable pour l’application du plan de sauvetage de l’Irlande. “C’est de la folie totale. Nous sommes maintenant la risée de l’Europe, nous avons un parti sans chef (à la suite de la démission de Brian Cowen de la tête de son parti) et un Premier ministre sans pouvoir” a déclaré le leader du Fine Gael (FG), Enda Kenny.

Le 22 janvier dernier, le Premier ministre sortant Brian Cowen, qui bat des records d’impopularité dans son pays, avait en effet été obligé de quitter la direction de son parti, le Fianna Fail (FF), qu’il dirigeait depuis mai 2008, date à laquelle il a succédé à l’ancien Premier ministre (1997-2008) Bertie Ahern. Le 18 janvier pourtant, il avait remporté un vote de confiance au sein du FF avec une majorité de 71 voix et acquis l’assurance de rester à son poste de président. Il avait indiqué que ce faisant, il désirait favoriser l’unité du parti pour la campagne législative. “En prenant cette initiative, je pense servir au mieux les intérêts du parti” avait t-il déclaré.

La rébellion contre le maintien de Brian Cowen à la tête du Fianna Fail a été emmenée par Micheal Martin, ministre des Affaires étrangères, qui a démissionné de son poste le 16 janvier, suivi de Brian Lenihan, ministre des Finances, Dermot Ahern, ministre de la Justice, Noel Dempsey, ministre des Transports, Tony Killeen, ministre de la Défense et Mary Harney, ministre de la Santé et de l’Enfance qui ont tous quitté leurs fonctions durant la semaine du 17 janvier. Mary Hanafin, ministre du Tourisme, du Commerce et de l’Innovation, les a imités quelques jours plus tard.



Créée en 1991, après la chute du mur de Berlin, reconnue d’utilité publique, la Fondation Robert Schuman œuvre en faveur de la construction européenne. Centre de recherche de référence, elle est établie à Paris et à Bruxelles. Elle s’est donnée pour principale mission de garder vivants l’esprit et l’inspiration d’un des “Pères de l’Europe” , Robert Schuman et de promouvoir les valeurs et les idéaux européens à l’intérieur comme hors des frontières de l’Union.


Le 26 janvier, Micheal Martin a été investi comme nouveau leader du Fianna Fail, devançant largement ses concurrents. Il lui revient de mener la campagne du FF pour les élections législatives. Le Fianna Fail y est donné perdant par toutes les enquêtes d’opinion.

Le 23 janvier, le Parti vert a annoncé son retrait de la coalition gouvernementale. “Notre patience est à bout. Nous avons décidé que nous ne pouvions pas rester plus longtemps au gouvernement” a déclaré le leader vert, John Gormley, qui évoquait “le manque de communication et l’effondrement de la confiance” . Le départ du Parti vert a entraîné celui de 2 nouveaux ministres : Eamon Ryan, ministre des Communications et John Gormley, ministre de l’Environnement. Le gouvernement ne comprend donc désormais plus que 7 membres, soit la limite minimale imposée par la Constitution.

Le Premier ministre sortant, Brian Cowen, vient d’être accusé de collusion avec l’ancien patron de l’Anglo Irish Bank, Sean FitzPatrick, qui a révélé dans un livre avoir joué au golf et dîné avec le chef du gouvernement quand celui-ci était ministre des Finances juste avant la mise au point du plan de sauvetage de sa banque. “Je ne suis coupable d’aucune trahison économique” a répondu Brian Cowen à ses accusateurs.

A un mois des élections législatives, le Fianna Fail au pouvoir et le chef du gouvernement Brian Cowen, accusé d’avoir mal géré la crise économique et d’avoir laissé se constituer une bulle immobilière lorsqu’il était en charge des Finances du pays, sont assurés de leur défaite. Le principal parti d’opposition, le Fine Gael (FG), emmené par Enda Kenny, devrait selon toute probabilité diriger l’Irlande après le 25 février prochain.

La crise irlandaise


L’Irlande a longtemps été le bon élève de la classe européenne : pays vertueux sur le plan budgétaire, l’île connaissait une croissance exceptionnelle, notamment grâce à une faible fiscalité sur les entreprises. La République celtique, dont la croissance reposait en grande partie sur l’industrie financière, a été très affectée par la crise économique internationale. Dès 2008, le PIB a chuté de 3% (et de 7% en 2009), le taux de chômage explosait passant de 4,6% fin 2007 à 9,2% début 2009 et à 13% en mars 2010 (et plus de 25% parmi les 20-24 ans). La chute des bénéfices des entreprises internationales (en grande majorité américaines) massivement implantées en Irlande et l’effondrement du marché immobilier ont plongé le pays dans une crise profonde.

Le cas de l’Irlande diffère pourtant de celui de la Grèce. A Athènes, la faillite de l’Etat, et du service public, a plombé les banques ; en Irlande, ce sont ces mêmes banques et le secteur privé qui ont fait plonger les finances publiques. L’éclatement de la bulle immobilière qui s’est formée durant les années de croissance en raison des implantations massives d’entreprises étrangères venues profiter des faibles taux d’imposition sur les sociétés (12,5%) et la dérive du secteur bancaire surdimensionné par rapport à la taille de l’économie réelle sont les deux éléments majeurs qui ont conduit à la crise irlandaise. L’éclatement de la bulle immobilière a provoqué l’effondrement des prix des actifs, la masse des pertes est alors apparue dans toute son ampleur. Le gouvernement n’a alors eu d’autre choix que de garantir et renflouer les banques. Le rétablissement de l’Irlande passe par la restructuration totale de son secteur bancaire. Fin 2010, 42% des emprunteurs immobiliers irlandais étaient encore en negative equity, c’est-à-dire que la valeur de leur maison était inférieure au capital qu’ils doivent encore rembourser à la banque.

Le 23 décembre 2010, l’Allied Irish Bank (AIB) était le 4e établissement bancaire de crédit important (après l’Anglo Irish Bank, INBS et EBS AIB) à être nationalisé depuis le début de la crise économique ayant conduit le pays au bord de la faillite. La banque a été renflouée de 3,6 milliards € par l’Etat. Celui-ci a également augmenté sa participation dans la Bank of Ireland, redevenant majoritaire au sein de l’établissement financier à cette occasion. Le renflouement des établissements bancaires mis sous tutelle publique a coûté entre 70 et 80 milliards € aux contribuables irlandais.

L’agence de notation Fitch a dégradé la note qu’elle attribuait au pays (de A à BBB). Cette dernière est désormais la plus faible note attribuée à l’Irlande par les grandes agences de notation. Fitch a déclaré que le pays devra patienter plusieurs années (entre 3 et 5 ans) avant de retrouver une note A. Le 17 décembre, l’agence Standard and Poor’s avait également baissé la note de Dublin. Enfin, l’agence Moody’s a dégradé la note de Aaa2 à Baa1. La dégradation des notes délivrées par les agences de notation a des effets immédiats sur le coût du financement d’un pays (hausse des intérêts) et complique donc le travail du gouvernement.

Selon les prévisions socioéconomiques, le PIB irlandais devrait chuter de 0,2% en 2010 et croître de 0,9% cette année et de 1,9% en 2012. Le chômage touche environ 13% de la population active et le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté au cours de ces 2 dernières années. Enfin, la dette publique irlandaise a atteint 95% du PIB national en 2010 ; elle devrait culminer à 102% en 2013 avant de revenir à 100% l’année suivante. Le gouvernement sortant mise sur une croissance de 2,75% du PIB par an en moyenne et sur une baisse du nombre de chômeurs au-dessous de la barre des 10% d’ici 4 ans grâce à la création nette de 90 000 emplois.

Le mécontentement de la population irlandaise dû aux grandes difficultés économiques auxquelles elle doit faire face se double de l’humiliation d’avoir à demander de l’aide à l’extérieur pour régler ses problèmes d’endettement. “Ceux qui ont le plus contribueront le plus, ceux qui ont le moins conserveront des garanties ; l’ampleur de la crise est telle que personne ne peut échapper aux contributions nécessaires pour que le pays retrouve toute sa vitalité” a tenté de rassurer Brian Cowen après le vote du plan de rigueur le plus sévère de l’histoire du pays. Si effectivement les coupes budgétaires affectent l’ensemble de la société, la charge est très lourde pour les plus démunis.
Signe de la violence de la crise en Irlande, le pays, qui possède une tradition séculaire de terre d’émigration mais qui était, durant les dernières années du XXe siècle, devenu une terre d’accueil, a renoué avec l’émigration. Pour la première fois depuis la croissance exceptionnelle des années 1990, le nombre de partants a dépassé celui des arrivants. Selon l’Institut de recherche économique et sociale (ESRI), chaque semaine, environ 1000 personnes quittent le pays. Le solde migratoire de l’île est passé de + 67 300 (entre avril 2006 et avril 2007) à - 34 500 (entre avril 2009 et avril 2010), soit le solde négatif le plus élevé depuis 1989 selon le Bureau central des statistiques (CSO).

Le recours à l’aide internationale


Le 30 septembre dernier, le déficit public de l’Irlande, initialement estimé à 11,6% du PIB, est annoncé à 32%. Début novembre, le taux des obligations d’Etat irlandaises s’envolent sur les marchés qui manifestent de plus en plus d’inquiétude. Le 21 novembre, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne accueillent favorablement la demande d’aide de l’Irlande. Le 23 novembre, Brian Cowen, mis en difficulté au sein de son parti, annonce la tenue d’élections législatives anticipées après le vote du budget d’austérité (le 3e en 2 ans pour l’Irlande) et l’adoption du plan de sauvetage, tous deux prévus début 2011. Le plan d’austérité est dévoilé le 24 novembre. Il prévoit de réaliser 15 milliards € d’économies (soit 10% du PIB) sur 4 ans, par des coupes dans les dépenses sociales (environ 2,8 milliards €) qui devraient être ramenées à leur niveau de 2007 et par des hausses d’impôts. Le gouvernement a décidé de maintenir l’impôt sur les sociétés à 12,5%, refusant donc d’accéder à la demande faite le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.

L’objectif principal du plan de sauvetage est de ramener le déficit public, actuellement de 32% du PIB à 3% en 2014. Le tour de vis de 2011 doit permettre de réaliser 40% du programme austérité. Certains affirment que le déficit public devrait atteindre 9,4% du PIB à la fin de l’année. Les économies drastiques passeront par des suppressions d’emplois publics (24 750 au total, ce qui fera revenir les effectifs au niveau de 2005), une baisse des salaires et des pensions de retraite des fonctionnaires, une réduction des allocations familiales (-10 € par mois et par enfant), la diminution des dépenses de santé et des investissements de l’ensemble des ministères, l’accroissement des frais de scolarité des étudiants et une baisse du salaire horaire minimum (de 8,65 € à 7,65 €). Perçu par 50 000 personnes en Irlande, celui-ci reste cependant parmi les plus élevés au sein de l’Union européenne. Les salaires du gouvernement seront réduits (214 000 €/an pour le Taoiseach et 181 000 €/an pour un ministre).

Côté hausses d’impôt, il est prévu le relèvement de 1 point de la TVA en 2013 et de 1 point encore en 2014 où la taxe atteindra 23%. Cette mesure devrait rapporter 620 millions €. L’impôt sur le revenu sera augmenté (rentrée prévue de 1,9 milliard €), la fiscalité liée aux pensions de retraite modifiée (700 millions € attendus). Enfin, un nouvel impôt local destiné à financer des services publics locaux sera créé et devrait générer des recettes de 530 millions €.

Le 28 novembre, le FMI, l’Union européenne et l’Irlande se sont mis d’accord sur un plan d’aide de 85 milliards € : 35 seront consacrés à la remise sur pied du système bancaire (10 seront injectés immédiatement dans les banques et 25 abonderont le fond de secours afin de faire face aux besoins de liquidité) et 50 couvriront les besoins en matière d’emprunt pour les 3 années à venir. En échange de cette aide, l’Irlande doit s’engager à procéder au redressement rapide de ses finances publiques et à mettre de l’ordre dans son système bancaire.

Le FMI participe à hauteur de 22,5 milliards € au plan d’aide. Fin décembre, il annonçait que 5,8 milliards étaient disponibles immédiatement. L’Union européenne va aussi verser 22,5 milliards € dont 11,7 au 1er trimestre 2011. La somme est issue du fonds de stabilité de la zone euro mais également de prêts bilatéraux du Royaume-Uni, de la Suède et du Danemark.
L’Irlande contribuera également au plan d’aide, à raison de 17,5 milliards € qui seront puisés dans le fonds de retraite national.

Chaque versement de l’aide internationale est conditionné à un examen des progrès réalisés par l’Irlande. Le plan de sauvetage est un prêt qui doit être remboursé par le pays récipiendaire en une décennie.

Le système politique irlandais

L’Oireachtas (Parlement irlandais) est bicaméral. Il comprend le Dail Eireann (chambre des représentants) qui compte 166 membres élus pour 5 ans au sein de 43 circonscriptions. Les députés sont désignés au scrutin proportionnel selon le système du vote unique transférable. L’électeur désigne parmi une liste de candidats celui/celle (ou ceux) au(x)quel(s) il souhaite accorder sa voix par ordre de préférence. Il inscrit ainsi le chiffre 1 devant le candidat qui a sa première préférence puis, s’il le souhaite, 2, 3, 4, etc. devant les noms des autres candidats de la liste. Le calcul du quotient électoral, c’est-à-dire du nombre de suffrages minimum que doit obtenir un candidat pour être élu, constitue la première opération du dépouillement. Ce quotient correspond à l’ensemble des voix exprimées divisé par le nombre de sièges à pourvoir (3, 4 ou 5 selon les circonscriptions) augmenté d’une unité. Tout candidat recueillant ce nombre de suffrages est élu. Les voix excédentaires qu’il a obtenues sont alors réparties entre les candidats ayant été retenus en deuxième préférence.

Les Irlandais sont très attachés à ce système de vote complexe qu’ils partagent avec deux autres pays (Malte et l’Australie), au point de refuser par deux fois qu’il soit modifié. Le vote unique transférable ayant été inscrit dans la Constitution irlandaise en 1937, sa modification ou son abandon ne sont désormais possibles que via un référendum. D’une courte majorité en 1959, puis plus largement 9 ans plus tard, les Irlandais ont choisi de conserver leur façon d’élire leurs représentants. Ces 2 référendums, organisés à l’initiative du Fianna Fail alors au pouvoir, proposaient aux Irlandais d’adopter le système majoritaire en vigueur au Royaume-Uni. Permettant une représentation fidèle des partis politiques, le système de vote unique transférable est cependant parfois critiqué pour la forte concurrence qu’il engendrerait entre les candidats d’un même parti. Ainsi, les députés se plaignent parfois que ce mode de scrutin les oblige à consacrer beaucoup de temps aux demandes individuelles de leurs concitoyens et les empêche de se concentrer sur les questions politiques nationales.

Le Seanad Eireann, chambre haute du parlement, comprend 60 membres dont 43 sont élus au scrutin proportionnel (selon le système du vote unique) par 5 grands corps constitués de parlementaires (les sénateurs sortants et les députés nouvellement élus) et d’élus locaux (conseillers de comtés et conseillers des villes des comtés) représentant divers secteurs de la société (Culture, Education, Agriculture, Travail, Industrie, Commerce et Administration publique). 11 membres du Seanad Eireann sont nommés par le Premier ministre et 6 par les citoyens de plus de 18 ans inscrits sur les listes électorales et ayant obtenu un diplôme de 3e année de l’université nationale d’Irlande ou de l’université de Dublin (Trinity College). Le Seanad Eireann est élu traditionnellement au plus tard 90 jours après le Dail Eireann.
Le gouvernement irlandais peut comprendre jusqu’à 15 membres. 2 d’entre eux peuvent être membres du Seanad Eireann (chambre haute du Parlement), tous les autres doivent obligatoirement avoir été élus députés du Dail Eireann.

5 partis politiques sont actuellement représentés à la chambre basse :

  • le Fianna Fail (FF) (Soldats de la destinée en gaélique) du Premier ministre sortant Brian Cowen, compte 77 députés ;
  • le Fine Gael (FG) (Clan des Gaels en gaélique), principal parti d’opposition situé au centre-droit de l’échiquier politique, dirigé par Enda Kenny, possède 51 sièges ;
  • le Parti travailliste (Lab) dirigé par Eamon Gilmore compte 20 députés ;
  • Le Parti vert (GP), membre du gouvernement sortant et dirigé par John Gormley, possède 6 sièges ;
  • Le Sinn Fein (SF) (Nous-mêmes en gaélique) a la particularité d’exister (et de participer aux élections) dans deux Etats de l’Union européenne : l’Irlande et le Royaume-Uni. Dirigé par Gerry Adams, le Sinn Fein compte 4 députés.


Deux députés du Parti démocrate progressiste (PD), créé en 1985 par des membres du Fianna Fail alors opposés au leadership de Charles Haughey, avaient été élus lors des dernières élections législatives du 24 mai 2007. Cependant, le Parti démocrate progressiste s’est dissous le 20 novembre 2009. Ses 2 députés - la ministre de la Santé et de l’Enfance démissionnaire Mary Harney et Noel Grealish - siègent désormais sur les bancs des indépendants.

L’Irlande est dirigée par un président de la République, qui n’a toutefois qu’un pouvoir de représentation, élu tous les 7 ans au suffrage universel direct. Son mandat ne peut être renouvelé qu’une seule fois. L’actuelle chef de l’Etat est Mary McAleese, en fonction depuis le 30 octobre 1997. Seule candidate à la présidence de la République lors de la clôture des nominations pour la dernière élection présidentielle, elle a été réélue à son poste sans avoir à passer par les urnes le 1er octobre 2004.

La campagne électorale


“Nous avons été trop optimistes quant à notre récente réussite économique en apparence spectaculaire” a déclaré le Premier ministre sortant qui a ajouté “la formation d’une bulle immobilière dont l’éclatement a provoqué la crise avait beaucoup plus à voir avec le crédit facile et la concurrence féroce pour les parts de marché qu’avec les incitations fiscales” . “La plus grande erreur que nous avons commise sur le plan des finances publiques, c’est d’avoir trop dépensé et trop réduit le recettes fiscales” a affirmé le ministre des Affaires étrangères sortant, Micheal Martin.

Les forces de l’opposition font campagne sur la contestation du plan de sauvetage du pays auprès du FMI et de l’Union européenne et sur la dénonciation de la façon dont le gouvernement a négocié l’aide internationale. Elles critiquent les conditions fixées par les bailleurs internationaux notamment celles portant sur les taux d’intérêt. Le Fine Gael et le Parti travailliste veulent renégocier les termes de l’accord passé avec le FMI.

Pour le Labour, il est impératif de rediscuter la restructuration de la dette des banques irlandaises et de réviser (à la baisse) le taux d’intérêt de 5,8% que le pays doit payer à ses créanciers internationaux. “L’accord a été négocié par un gouvernement à genoux. Il fait payer les contribuables pour les banques. Nous ne pouvons pas accepter ce carcan” a déclaré Eamon Gilmore, leader du Parti travailliste.

Le Fine Gael partage ces positions et demande aux électeurs de lui permettre de diriger le pays pour renégocier le plan d’aide internationale. “Le budget de l’Irlande pour 2011 est celui d’un gouvernement marionnette du FMI et de l’Union européenne” a affirmé Michael Noonan, porte-parole du FG. “Les gagnants sont les banques qui ont sifflé notre argent et les perdants sont les familles de 3 enfants” a accusé la porte-parole du Labour, Joan Burton.
Le Sinn Fein, qui espère quadrupler son nombre d’élus, dénonce le plan de sauvetage qu’elle considère comme une “atteinte à souveraineté du pays” . Alors que certains analystes politiques ont envisagé l’éventualité d’une coalition gouvernementale formée par le Fianna Fail allié au Sinn Fein, Gerry Adams a précisé qu’il négocierait son entrée au gouvernement contre un retrait de l’Irlande de l’Union européenne.

L’ensemble des partis de l’opposition affirment qu’ils renégocieront les conditions fixées par les bailleurs de l’Irlande, un désir pour lequel ils devront toutefois obtenir l’assentiment du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne. Par ailleurs, tous les partis sont pieds et poings liés par l’état de l’économie irlandaise et disposent d’une très faible marge de manœuvre. “L’idée que l’opposition pourrait négocier de façon unilatérale un meilleur taux d’intérêt auprès du FMI est franchement risible” a déclaré le ministre des Finances sortant, Brian Lenihan. “La seule renégociation possible porte sur les conditions liées au plan de sauvetage, pas sur les taux d’intérêt” a-t-il précisé. “Les aspects liés aux conditions du plan peuvent être renégociés mais pas le plan en tant que tel. Les gens peuvent faire de promesses avant les élections mais une fois au gouvernement, il n’existe pas de marge de manœuvre” a souligné Micheal Martin.

Le gouvernement irlandais est le premier gouvernement européen (et de la zone euro) à chuter en raison de la crise de l’endettement qui touche notamment l’Europe. Le Fianna Fail qui a dominé la vie politique depuis l’indépendance du pays en 1922 et qui gouverné 55 ans durant les 74 dernières années, devrait selon toutes les enquêtes d’opinion être laminé dans les urnes. Les dernières enquêtes d’opinion le créditent de 14% des suffrages. Les Irlandais le tiennent pour responsable de la situation catastrophique dans lequel se trouve leur pays. Ils lui reprochent certaines relations avec le monde des affaires, d’avoir prolongé de façon artificielle le boom économique des années 1990 jusqu’à créer une bulle financière et immobilière, d’avoir fait payer les contribuables pour le sauvetage des banques et enfin, d’avoir eu à recourir à l’aide du FMI et de l’Union européenne. Selon les derniers sondages, le Fine Gael recueillerait 35% des voix, le Parti travailliste 21%, le Sinn Fein 14% et le Parti vert 4%. Environ 12% des électeurs voteraient en faveur de candidats indépendants.

La question du partage du fardeau que représente le sauvetage de l’Irlande figurera à n’en pas douter au cœur de la courte campagne électorale.



Corinne Deloy - Fondation Robert Schuman


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