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EGAM réalise le premier ‘testing’ européen

Dans la nuit du 5 au 6 mars 2011, European Grassroots Antiracist Movement (EGAM) a réalisé dans plus d’une dizaine de pays européens un “testing” pour mesurer le niveau de discrimination à l’entrée des lieux de vie le soir : boîtes de nuit, restaurants, bars… Touteleurope.eu a interrogé le secrétaire général de EGAM, Benjamin Abtan, pour parler de cet évènement.


Touteleurope.eu : En quoi consistait la première nuit européenne de testing ?

Benjamin Abtan : Il s’agissait de faire un état des lieux des discriminations raciales en Europe au niveau des boîtes de nuit, restaurants et bars, lieux de sortie la nuit et de le réaliser de manière coordonnée et simultanée dans 14 pays européens (dont la Serbie et la Norvège).

Quand nous faisons un testing, les testeurs se ressemblent en tout point, si ce n’est le critère raciale dont nous cherchons à montrer qu’il est source de discrimination. Ils sont habillés de la même manière, ils ont le même âge, ils ont le même style, ils sont tous rasés de prêts, ils n’ont pas bu, etc.

Quand il y a discrimination, c’est symptomatique de ce que ces personnes peuvent vivre dans l’accès au lieu de pouvoir ou au monde du travail.

Touteleurope.eu : Quels sont les résultats obtenus ?

Benjamin Abtan : Premièrement, en termes de résultats, on réalise habituellement les testings dans les moments où il fait chaud, là où ça résonne le plus dans la vie des gens. C’est d’ailleurs là aussi qu’il y a le plus de discriminations. Les conditions en Lettonie ou Hongrie étaient difficiles pour la réalisation de ce testing : il faisait très froid, peu de personnes sortaient. Il était donc plutôt facile de rentrer dans la plupart des lieux. Néanmions, les résultats restent préoccupants puisque nous avons plus d’une boîte sur deux testées qui a pratiqué la discrimination raciale à l’entrée, ce qui est un taux très élevé.

D’autant plus si on tient compte du fait que c’était la première fois que certaines associations organisaient un testing. Nous avons donc un état des lieux très préoccupant de la discrimination raciale en Europe.

Touteleurope.eu : Quels étaient les principaux types de discrimination rencontrés ?

Benjamin Abtan : Les populations discriminées diffèrent suivant les régions. Il s’agit principalement dses Roms en Albanie, en Serbie ou en Roumanie. Dans les pays nordique, les gens originaires du Moyen-Orient subissent plus de discriminations comme en Suède, au Danemark et au Norvège. En Pologne et en France, en Belgique et en Espagne, ce sont plutôt les noirs et arabes.

Il y a un deuxième élément à prendre en compte, c’est la réaction ou non des pouvoirs publics. Par exemple, la mairie de Varsovie a réagi très vite au testing en annonçant deux jours plus tard qu’ils voulaient mettre en place une régulation pour obliger les boîtes de nuit et lieux de sortie à avoir une pratique non discriminatoire. De même à Bilbao, où les résultats ont été très inquiétants (8 boîtes testées sur 9 ont pratiqué la discrimination à l’entrée), les autorités régionales ont reçu les organisations pour voir ce qu’il était possible de faire. Il y a eu peu de réactions dans les autres pays.

Touteleurope.eu : Comment s’est créée cette association EGAM ?

Benjamin Abtan : SOS Racisme en France a voulu fédérer un mouvement européen de la société civile anti-raciste, qui n’existe pas aujourd’hui. Le but est de renforcer chacune de ces organisations dans les différents pays pour qu’elles aient plus d’impact, qu’elles soient plus écoutées et qu’elles aient plus d’influence.

Les Danois avaient par exemple beaucoup de mal à ne serait-ce que parler du racisme dans leur pays. Cela a été possible du fait de la dimension européenne de ce testing. Ils ont ainsi pu s’ouvrir un espace politique et médiatique dans leur pays. De même pour les Serbes : à chaque fois qu’ils parlent de racisme, ils sont accusés de participer à la stigmatisation de leur pays. Là, toujours du fait de la dimension européenne de l’action, ils ont pu parler plus tranquillement des problèmes de racisme dans la société. Cela renforce le secteur antiraciste dans chacun des pays.

L’autre objectif est de réaliser des actions qui aient un impact au niveau national et régional tout en facilitant l’accès au niveau politique européen pour ces mouvements de terrains.

Une des premières revendications que nous avons est que le testing soit reconnu partout en Europe comme une preuve de la discrimination. On peut faire condamner en France ou en Belgique un lieu pratiquant la discrimination mais dans les autres pays ce n’est pas le cas. Cela permettrait d’avoir pour les organisations antiracistes un outil en plus de pression pour faire respecter l’égalité entre les citoyens.

En savoir plus

Sondage : la discrimination dans l’Union européenne (2007) - Touteleurope.eu

Louis Schweitzer : “L’égalité des chances peut progresser si les actions permettant d’éviter de tomber dans les préjugés se multiplient” - Touteleurope.eu

Lutte contre la discrimination - Commission européenne

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