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Economie : comment favoriser les investissements dans la transition écologique et le numérique ?

La Banque de France accueillait lundi 2 mars une conférence consacrée aux investissements en faveur de la transition écologique et du secteur numérique en France. S’appuyant sur une étude de la Banque européenne d’investissement, les participants ont relevé le volontarisme de la France et de l’Europe en la matière, tout en mettant en avant plusieurs défis.

C’est dans un contexte d’engagement fort envers le climat que la Banque européenne d’investissement (BEI) publiait, en novembre dernier, l’édition 2019 de son étude annuelle sur l’investissement dans l’Union européenne. Car l’institution financière est directement concernée par le “Pacte vert” de mille milliards d’euros que la nouvelle Commission européenne souhaite mettre en œuvre sur les dix prochaines années. Elle devrait en effet porter une part substantielle de ces investissements, soit environ la moitié.

Le rapport de la BEI, édité en version agrégée au niveau de l’Union ainsi que pour chaque État membre, compile ainsi les réponses d’une partie des entreprises européennes (12 000) et Françaises (600, sur les 4,5 millions qu’elle comptait en 2019). Une étude dont les participants à la table ronde du 2 mars - la secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau et le vice-président de la Banque européenne d’investissement Ambroise Fayolle - ont voulu tirer les enseignements spécifiques aux secteurs de la transition écologique et du numérique.

En France, “le niveau des investissements est revenu au niveau d’avant la crise de 2008, avec une hausse des investissements privés, mais une baisse des investissements publics”, relève Ambroise Fayolle. Qui constate ainsi “une normalisation du niveau des investissements en France par rapport à l’UE, même si un retard persiste”.

La complexe équation de la finance verte

Premier constat : l’Europe conserve une avance très relative sur les Etats-Unis concernant l’atténuation du changement climatique, notamment sur les investissements de capacité de production d’énergies renouvelables. L’investissement d’atténuation européen ne représente pourtant qu’environ 1,2% du PIB. Ainsi, François Villeroy de Galhau pointe du doigt le besoin de mieux diriger l’épargne (300 milliards d’euros disponibles chaque année en zone euro) vers ce type d’investissements.

Or les investissements verts sont souvent vus comme plus risqués et moins rentables que ceux dédiés aux énergies fossiles, note Christian Gollier, professeur à l’Ecole d’économie de Toulouse. Et les “externalités négatives” (retombées pour l’économie) du changement climatique sont considérées par les investisseurs comme trop lointaines pour qu’ils s’en préoccupent aujourd’hui. Comme “le monde de la finance n’a pas de raison de subitement devenir philanthropique”, les décideurs doivent rendre les investissements verts plus compétitifs face aux énergies fossiles, estime l’économiste du climat. Selon lui, l’émission d’une tonne de CO2 devrait valoir autour de 50€, contre moins de 30€ actuellement, pour contrebalancer les futurs coûts liés à la pollution. Une taxe aux frontières sur le carbone lui paraît également nécessaire, pour éviter une fuite des industries vers des pays n’appliquant pas de tarification du droit à polluer.

La BEI s’est engagée à mettre fin au financement d’industries fossiles d’ici la fin de l’année 2021, et de passer la part de ses investissements verts de 20 % à 50 % d’ici 2025. Enfin, Ambroise Fayolle a réaffirmé la volonté de faire de la BEI une “banque du climat” , dédiée aux investissements verts. 

Le numérique encore en retard

Sans surprise, le vieux continent est en revanche en retard par rapport aux Etats-Unis concernant les investissements dans le numérique, ainsi que dans l’adoption de diverses technologies numériques par les entreprises (internet des objets, impression 3D…). “On estime que 30 % des PME en France ne peuvent pas investir dans le numérique faute d’accès à Internet haut débit” , ajoute François Villeroy de Galhau.

La secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin déplore quant à elle l’absence de financements suffisants, ce qui entraîne la fuite de nombreuses “licornes” européennes, ces startups technologiques devenues des grandes entreprises, vers les États-Unis. Mme de Montchalin indique également la nécessité d’un débat politique sur ces questions, là où selon elle les institutions européennes se limitent trop souvent à un débat budgétaire et à des considérations techniques réduisant le numérique à une “variable d’ajustement”.

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